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Pourquoi la 4e dose «n'est pas une bonne idée»

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Injecter une 4e dose de vaccin? Pourquoi «ce n'est pas une bonne idée»

Après Israël, l'Espagne, le Danemark ou encore la Hongrie ont décidé d'opter pour une quatrième injection de vaccin contre le Covid. Voici trois raisons pour lesquelles cette solution ne serait pas forcément pertinente en Suisse.
17.01.2022, 05:1817.01.2022, 18:02
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Dans le sillage d'Israël - qui propose une quatrième dose de vaccin contre le Covid aux plus de 60 ans depuis début janvier - plusieurs pays ont décidé d'opter pour une nouvelle injection ces derniers jours. En Espagne et au Danemark, les citoyens «très vulnérables» pourront repasser par la case piqûre. Dès le mois de février, le Chili administrera une quatrième dose aux personnes âgées.

La Hongrie, elle, va encore plus loin: dès ces prochains jours, tous ceux qui le souhaitent «vont pouvoir recevoir une quatrième injection après avis médical». Alors, faut-il céder aux sirènes d'une énième piqûre?

«Les pays qui ont mis en place la quatrième dose, ce n'était pas pour améliorer la protection individuelle contre les formes graves, qui est très bonne après trois doses, mais pour atténuer les vagues en freinant davantage la transmission», observe Samia Hurst, vice-présidente de la Task force Covid-19.

Si elle souligne que, sur le plan individuel, une quatrième dose peut se justifier dans certaines situations de risque particulièrement élevé, la bioéthicienne affirme que l'on n'a pas encore assez d'informations pour se positionner plus largement sur ce sujet pour le moment. A ses yeux, le plus important pour la Suisse est de traverser la vague Omicron. «On y verra plus clair après.»

Le virologue de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) Didier Trono se montre plus catégorique:

«Une quatrième dose, identique aux trois premières, ce n'est pas une bonne idée»

Médecin-chef du Service des maladies infectieuses des HUG, Laurent Kaiser va dans le même sens. «A ce stade, il n'y a aucune nécessité d'envisager une quatrième dose pour la population générale, ceci reste une possibilité pour les plus vulnérables.»

Voici donc trois raisons pour lesquelles la quatrième dose peut être remise en question:

La stratégie des rappels à répétition interroge

Cette semaine, le système des boosters a été mis à mal à deux reprises. Et pas par n'importe qui. Il y a d'abord eu l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déclaré: «Une stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés a peu de chances d’être appropriée ou viable». Puis, il y a eu l'Agence européenne de la vaccination qui a lâché:

«Si nous avons une stratégie dans laquelle nous donnons des rappels tous les quatre mois, nous finirons par avoir potentiellement des problèmes de réponse immunitaire»
Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale, cité par Le Parisien

«Rebooster sans fin, ce n'est pas viable, ni sur le plan biologique ni en termes de santé publique», confirme Laurent Kaiser. Didier Trono poursuit: «Si on donne le même truc tous les quatre mois, la réponse du système immunitaire va vraisemblablement s'émousser».

L'un des scénarios désormais envisageables, aux yeux du virologue, c'est un vaccin adapté chaque année aux variants les plus préoccupants, sur le modèle de la grippe. «Dans ce cas-là, il n'y aurait pas de problème de réponse immunitaire», précise-t-il.

Mais cette alternative n'est pas la seule qui nous permettrait d'éviter une quatrième injection identique, selon lui.

«Il est aussi possible qu'entre la vaccination et la contamination par les différents variants, on atteigne une forme d'immunité»
Didier Trono, virologue

Il faut d'abord vacciner le reste du monde

L'OMS l'a dit et répété depuis le début de la pandémie: avant d'administrer une énième dose à leur population, les pays riches doivent s'assurer que les autres Etats aient accès à la vaccination. «Ils ont raison. Il faut embrasser le problème de manière planétaire, sinon on ne le résoudra jamais», approuve Didier Trono. Et il l'assure, ce n'est pas par charité. «C'est de la science: il ne faut pas sacrifier la vaccination de la multitude pour bétonner l'immunité d'une minorité avec 18 doses. Sinon, nous serons toujours à la merci d'un nouveau variant.»

Il nuance toutefois ses propos en soulignant que si le raisonnement est correct sur le plan théorique, les difficultés se situent plutôt sur le plan logistique. «En réalité, ce n'est pas qu’une question du nombre de doses, mais surtout de capacité à mener des campagnes de vaccinations dans des pays qui ont potentiellement d'autres priorités et pas d’infrastructures adéquates», approuve Laurent Kaiser.

La population en a marre

Alors que même pas 35% des Suisses ont reçu leur dose de rappel, parler d'une quatrième piqûre semblerait prématuré. «On est tous dans un phénomène de lassitude», confirme Laurent Kaiser. L'infectiologue rappelle que beaucoup de gens ne sont pas encore vaccinés et que certains n'ont pas été faciles à convaincre. Il poursuit:

«Il vaut donc mieux patienter plutôt que de discréditer l'usage du vaccin de manière excessive»
Laurent Kaiser, infectiologue

Selon lui, si les autorités veulent être suivies par la population, elles doivent étayer solidement leurs décisions. «Les trois premières doses, c'était évident qu'il y avait des impacts mesurables immédiatement. Pour la quatrième dose, ce n'est pas le cas.» Le spécialiste incite donc à attendre l'arrivée d'un traitement remis à jour pour le dégainer au bon moment.

«Je préfère avoir une belle campagne de vaccination avant l'hiver prochain avec un vaccin vraiment adapté»
Laurent Kaiser, infectiologue
A court de masques, elle se déshabille et utilise sa robe à la place
Video: watson
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