«Il est inutile de paniquer, mais il faut nous aider à limiter sa propagation». C'est le message répété par Daniel Cherix, professeur honoraire à l’Université de Lausanne et responsable du Réseau suisse des moustiques en Romandie. L'expert a dans son collimateur le moustique tigre, espèce invasive qui peut être vectrice de maladies tropicales comme la dengue, le virus zika ou le chikungunya. Cette méchante bestiole «qui se nourrit principalement de sang humain» a posé ses valises en Suisse depuis 21 ans déjà. watson fait le point de la situation et vous donne les meilleurs conseils pour ne pas devenir sa prochaine cible.
On répond tout d'abord à une question qui vous taraude depuis que vous avez lu cette introduction: mais pourquoi on l'appelle le moustique tigre? A cause de ses rayures probablement? Raté. Le moustique tigre est appelé ainsi en hommage à sa très grande agressivité. La petite bête est du genre méchant👇🏽.
«Les gens sont très fâchés car ils se font piquer de nombreuses fois, ils ne peuvent plus manger à l'extérieur, les garderies ne peuvent plus sortir les enfants dehors et c'est sans compter la réaction cutanée à ses piqûres qui est assez forte», précise Daniel Cherix. C'est donc un véritable problème de santé public selon le professeur de l'Unil. Notons toutefois que seule la femelle moustique peut piquer, les mâles eux «se contentent de la reproduction et vont butiner de fleur en fleur», raconte Daniel Cherix avec une pointe d'humour. Mais c'est bien la seule information qui nous amusera, car les caractéristiques de la bestiole, en font un hôte vraiment indésirable.
Alors que nos voisins français ont vu leur territoire occupé par les moustiques tigres, en Suisse romande, ce sont les cantons de Genève, Vaud et Valais qui sont concernés par la prolifération de l'espèce invasive. Le Jura, Neuchâtel et Fribourg échappent encore à son implantation permanente: «dans ces trois cantons, le moustique tigre ne s'est pas encore reproduit» selon Daniel Cherix. Mais ne serait-ce qu'un question de temps?
Au professeur de biologie de préciser que dans les communes où il a été identifié, en plus des moyens de prévention, des pièges ainsi que des traitements spécifiques sont effectués dans les lieux adéquats pour éviter la prolifération de larves, avec quelques succès à la clef.
Deux réussites «qui prouvent que les mesures mises en place en Suisse sont efficaces» note Daniel Cherix.
En effet, au-delà des piqûres très désagréables qui provoquent des rougeurs et des gonflements, le moustique tigre peut être porteur des maladies tropicales comme la dengue, le virus Zika et le chikungunya à condition qu'il ait préalablement piqué quelqu'un d'infecté. En d'autres termes, il faudrait qu'une personne infectée à l'étranger, revienne en Suisse et soit piquée à nouveau par un moustique tigre qui transmettra le virus localement. A noter que selon l'OFSP, les cas de dengue et d’autres maladies transmises par les moustiques déclarés en Suisse concernent exclusivement des personnes infectées à l’étranger.
Bon, nous voilà rassurés, mais cela ne devrait pas nous empêcher de mettre en place de bonnes pratiques et les nombreuses astuces pour éviter la prolifération d'Aedes albopictus (son petit nom).
Les conseils pour ne pas laisser les moustiques tigres se reproduire sont assez simples et peuvent se résumer en une phrase: débarrassez de tous les petits points d'eau stagnante (il se reproduit dans très peu d’eau, env. 1 cm de profondeur)
Si cela ne suffit pas et que vous avez le malheur de vous retrouver face à une femelle en colère, vous pouvez le signaler et envoyer une photo (oui, oui) sur la plateforme www.moustiques-suisse.ch. Les experts pourront même vous demander de capturer un spécimen dans un bocal et de l'envoyer directement au Professeur Daniel Cherix à l'université de Lausanne. Si le moustique tigre est identifié, les spécialistes pourront installer des pièges et l'éradiquer grâce à un larvicide biologique. Daniel Cherix a toutefois une bonne nouvelle à annoncer cette année, car les particuliers peuvent enfin se procurer un larvicide biologique, appelé Mollex et commercialisé par la marque Audermatt biogarden.
Et pour tous ceux qui se préparent aux apéros de cet été, porter des habits amples et clairs et utiliser des répulsifs cutanés peut être utile pour passer des débuts de soirée sans trop s'énerver.