Une multitude de bonnes affaires sont répertoriées sur des sites spécialisés, des magasins de textile et d'électronique, en passant par les opérateurs et les plateformes de streaming. Le vendredi 24 novembre 2023 est la foire d'empoigne pour dénicher la perle.
Sauf que derrière les grandes marques, un grand nombre de petites enseignes ne se lancent pas dans le Black Friday, cette fête dédiée à la consommation importée des Etats-Unis.
En 2020, la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL) renseignait que les commerçants, selon un sondage soumis à leurs 350 membres, avaient répondu à 75% qu’ils étaient «contre» ou «totalement contre» l'opération. Mais pourquoi?
«J'ai fait le Black Friday l'an dernier, mais le succès n'était pas au rendez-vous», nous explique Michael Blass, à la tête d'une herboristerie genevoise.
Le patron genevois préfère miser sur une méthode différente pour écouler sa marchandise. «Lors de la même période, nous faisons une action commerciale qui s'étend sur trois semaines et qui fonctionne nettement mieux.»
Un célèbre magasin de chaussures lausannois ne va pas non plus se lancer pleinement dans la fièvre du Black Friday. A l'autre bout du fil, une employée nous confie que des soldes sont déjà mis en place, «mais le Black Friday ne va pas s'appliquer à tout le magasin». Pour les chaussures dites de grandes marques, les remises (jusqu'à 50%) proviennent du déstockage.
D'autres commerçants romands nous confient qu'ils n'adhèrent par au Black Friday. Une vendeuse d'une petite chaîne de magasins estime que le Black Friday n'a jamais rapporté gros pour les petites enseignes, tout en affirmant que c'est «tant mieux si la tendance s'estompe».
Ainsi, après la folie des années précédentes, la tendance du Black Friday commence à s'effilocher auprès des commerçants. «Elle a perdu de son influence», nous confirme la SSCL par téléphone. «Les marges sont trop infimes pour les commerçants locaux», affirme notre interlocutrice. Elle conclut:
Même les consommateurs semblent se lasser et ne plus goûter aux folies dépensières. L'inflation galopante actuelle joue sans doute un rôle, mais surtout un large panel de la population considère, à 48%, qu'il n'y a aucune différence avec d'autres promotions au cours de l'année, selon une enquête de la plateforme blackfridaydeals.ch.
Par le biais d'un communiqué, la plateforme indique que seulement 19% des Suisses pensent que les réductions de prix sont plus importantes lors du Black Friday que lors d’autres promotions lancées durant l’année.
L'année dernière, précise la SSCL, 78,9% des commerçants de la capitale vaudoise refusaient d'appliquer le Black Friday dans leurs échoppes. A contrario, ils préfèrent se lancer dans le Fair Friday, une action de lutte qui consiste à arrondir les montants de leurs achats contre la pauvreté en Suisse en collaboration avec Caritas.
En 2022, ce sont près de 200 magasins qui ont joué le jeu dans toute la Suisse. Ils ont récolté 111 000, selon le communiqué.
Le déclin du Black Friday est représentatif d'une prise de conscience générale.
A bout de souffle, cette tradition commerciale américaine post Thanskgiving fonctionne encore dans les grandes chaînes, mais après avoir comblé cette frénésie d'achats, désormais, l'indigestion est semble-t-il en train de poindre dans les deux camps.