Si vous n'avez jamais entendu parler de Windisch, pas de panique, nous non plus. Mais alors, pourquoi cette commune d'environ 7700 habitants, située dans le canton d'Argovie, s'est-elle soudainement retrouvée au coeur d'un scandale? C'est le résultat d'un doux mélange entre l'afflux de réfugiés en Suisse, l'obligation d’accueil des communes et d'un marché de l’immobilier très difficile.
C'est l'histoire d'un conflit qui oppose le canton d'Argovie et l'une de ses communes, Windisch. En effet, le canton prévoit d'ouvrir un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile de 100 places. Pour se faire, le canton s'est mis d'accord avec un propriétaire privé pour convertir en centre d’asile plusieurs bâtiments de Windisch. Mais problème, ni la commune, ni les locataires concernés n'ont été avisé de cette démarche. Résultat, 49 locataires ont été prié d'aller voir ailleurs.
Informée le 17 février de cette démarche, le conseil municipal s'est dit «profondément choqué par la démarche du bailleur et du canton» dans un communiqué.
L'histoire aurait pu s'arrêté là. Mais c'était sans compter sur la détermination du bailleur et du canton qui ont avisé les locataires, le 24 février dernier, de la résiliation de leur bail et ce, sans en informer la commune. Le conseil municipal s'est à nouveau «farouchement opposé à l'expulsion de ses habitants de leur logement. Surtout pour les personnes qui se trouvent déjà dans une situation financière difficile, pour qui il sera difficile, voire impossible, de retrouver un logement.» d'ici la fin du mois de juin, délai fixé par le bailleur.
Selon le registre foncier, le propriétaire des immeubles concernés est une entreprise de la commune de Wollerau, dans le canton de Schwyz, la 1drittel Aleph AG qui ne possède visiblement pas de site internet. Contactées par watson, les personnes inscrites au registre du commerce n'ont pas donné suite.
Sur le profil LinkedIn du directeur de l'entreprise, on peut y lire:
Le canton a promis de prendre position, ce qui n'était pas encore le cas lundi après-midi à 17 heures. Selon le porte-parole du département de la santé et des affaires sociales, il n'est toutefois pas possible de faire le lien entre ce cas et la situation d'urgence en matière d'asile déclarée en janvier dans tout le canton.
Contacté par Le Temps, le canton d'Argovie a confirmé avoir «reçu une lettre de la part de Windisch, à laquelle il sera répondu dans les prochains jours».
En réalité, il n'y en pas. En effet, le canton d'Argovie avait déclaré l'urgence en matière d'asile mi-janvier. Mais à l'époque, l'utilisation de centres sanitaires souterrains était au premier plan. Ce n'est que lorsque ces capacités seraient épuisées que le Conseil d'Etat voulait obliger les communes ainsi que les propriétaires privés à mettre à disposition d'autres immeubles – en «cas d'extrême urgence».
Le Conseil d'Etat a voulu utiliser cette mesure avec retenue et «en respectant le principe de proportionnalité». Jusqu'à présent, le Conseil d'Etat n'a pas encore appliqué de décision dite de réquisition – dans le cas de Windisch, le propriétaire des immeubles a volontairement proposé les logements au canton.
Traduit et adapté de l'allemand par sia