Suisse
Argovie

Ce canton expulse des locataires au profit de réfugiés

In diesen Liegenschaften in Windisch plant der Kanton Aargau eine Asylunterkunft – dafür erhalten fast 50 Mieterinnen und Mieter die Kündigung
Les immeubles au centre du conflit entre le canton d'Argovie et la commune de Windisch.image: Google Street View

Pourquoi ce canton expulse des locataires au profit de réfugiés

Le canton d'Argovie prévoit d'ouvrir, dans la commune de Windisch, un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile. Pour se faire, 49 locataires ont été prié de partir.
01.03.2023, 12:1201.03.2023, 12:13
Kilian Marti
Kilian Marti
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Si vous n'avez jamais entendu parler de Windisch, pas de panique, nous non plus. Mais alors, pourquoi cette commune d'environ 7700 habitants, située dans le canton d'Argovie, s'est-elle soudainement retrouvée au coeur d'un scandale? C'est le résultat d'un doux mélange entre l'afflux de réfugiés en Suisse, l'obligation d’accueil des communes et d'un marché de l’immobilier très difficile.

C'est quoi cette affaire?

C'est l'histoire d'un conflit qui oppose le canton d'Argovie et l'une de ses communes, Windisch. En effet, le canton prévoit d'ouvrir un centre d'hébergement pour demandeurs d'asile de 100 places. Pour se faire, le canton s'est mis d'accord avec un propriétaire privé pour convertir en centre d’asile plusieurs bâtiments de Windisch. Mais problème, ni la commune, ni les locataires concernés n'ont été avisé de cette démarche. Résultat, 49 locataires ont été prié d'aller voir ailleurs.

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La commune, «profondément choquée»

Informée le 17 février de cette démarche, le conseil municipal s'est dit «profondément choqué par la démarche du bailleur et du canton» dans un communiqué.

«Les immeubles sont loués et la commune de Windisch n'accepte pas que des locataires soient mis à la rue pour héberger des requérants d'asile»
Les autorités de Windisch

L'histoire aurait pu s'arrêté là. Mais c'était sans compter sur la détermination du bailleur et du canton qui ont avisé les locataires, le 24 février dernier, de la résiliation de leur bail et ce, sans en informer la commune. Le conseil municipal s'est à nouveau «farouchement opposé à l'expulsion de ses habitants de leur logement. Surtout pour les personnes qui se trouvent déjà dans une situation financière difficile, pour qui il sera difficile, voire impossible, de retrouver un logement.» d'ici la fin du mois de juin, délai fixé par le bailleur.

Qui est le propriétaire des immeubles?

Selon le registre foncier, le propriétaire des immeubles concernés est une entreprise de la commune de Wollerau, dans le canton de Schwyz, la 1drittel Aleph AG qui ne possède visiblement pas de site internet. Contactées par watson, les personnes inscrites au registre du commerce n'ont pas donné suite.

Sur le profil LinkedIn du directeur de l'entreprise, on peut y lire:

«Biens immobiliers avec potentiel de plus-value. Nous achetons et développons des biens immobiliers résidentiels et commerciaux en Suisse et en Allemagne, en mettant l'accent sur une croissance solide et des emplacements de qualité.»

Pourquoi le canton procède-t-il ainsi?

Le canton a promis de prendre position, ce qui n'était pas encore le cas lundi après-midi à 17 heures. Selon le porte-parole du département de la santé et des affaires sociales, il n'est toutefois pas possible de faire le lien entre ce cas et la situation d'urgence en matière d'asile déclarée en janvier dans tout le canton.

Contacté par Le Temps, le canton d'Argovie a confirmé avoir «reçu une lettre de la part de Windisch, à laquelle il sera répondu dans les prochains jours».

Lundi soir, le service de presse du département de la santé et des affaires sociales a finalement donné une réponse succincte. Selon celle-ci, le Service social cantonal (SSC) «a reçu le 22 février 2023 (réception le 23 février 2023) une lettre du conseil communal de Windisch» et répondra à cette lettre dans les prochains jours. Ensuite, le public sera également informé du contenu de la lettre. Le SSC n'a pas l'intention d'étaler les divergences existantes dans les médias. C'est toutefois ce qui est révélé: Il s'agit d'une location régulière de deux anciens immeubles dont la rénovation est imminente - et non d'une réquisition.

Quel est le rapport avec l'urgence déclarée en matière d'asile?

En réalité, il n'y en pas. En effet, le canton d'Argovie avait déclaré l'urgence en matière d'asile mi-janvier. Mais à l'époque, l'utilisation de centres sanitaires souterrains était au premier plan. Ce n'est que lorsque ces capacités seraient épuisées que le Conseil d'Etat voulait obliger les communes ainsi que les propriétaires privés à mettre à disposition d'autres immeubles – en «cas d'extrême urgence».

Le Conseil d'Etat a voulu utiliser cette mesure avec retenue et «en respectant le principe de proportionnalité». Jusqu'à présent, le Conseil d'Etat n'a pas encore appliqué de décision dite de réquisition – dans le cas de Windisch, le propriétaire des immeubles a volontairement proposé les logements au canton.

Traduit et adapté de l'allemand par sia

Témoignage d'une famille de réfugiés
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