Dans trois ans, il manquera plus de 50 000 appartements en Suisse, soit le nombre de logements que compte la ville de Lucerne. C'est le constat alarmant formulé dimanche par la NZZ Am Sonntag, sur la base des calculs d'une société de conseil immobilier.
Trouver un appartement est assez difficile de nos jours. Dans les années à venir, il le sera encore plus, écrit le journal alémanique, qui tire la sonnette d'alarme: la Suisse se dirige vers la plus grave pénurie d'habitations depuis plus de 30 ans.
Pour faire simple, cela s'explique par la convergence de deux facteurs: la construction de logements est en baisse, tandis que la demande explose.
L'immigration est en partie responsable de la hausse de la demande. Alors que la population résidente permanente a augmenté de 50 000 à 60 000 personnes par an entre 2018 et 2020, l'immigration nette a été d'environ 81 000 personnes en 2022. Cela correspond à environ 37 000 ménages qui ont besoin d'un logement.
Deuxièmement, poursuit la NZZ Am Sonntag, c'est surtout la forte tendance aux petits ménages qui donne une impulsion à la demande. En effet, de plus en plus de personnes vivent seules une partie importante de leur vie. Environ deux ménages sur trois en Suisse sont composés d'une ou deux personnes.
A cela s'ajoute le fait que le nombre de demandes de permis de construire est tombé à son plus bas niveau depuis 25 ans. Un ralentissement qui s'explique avant tout par des raisons économiques, l'attrait de l'immobilier ayant diminué par rapport à d'autres possibilités de placement.
La construction de résidences secondaires a, de plus, pratiquement cessé. Dans toutes les communes où les contingents de logements de vacances sont épuisés, la construction de logements locatifs recule également de manière significative.
Résultat, les appartements disponibles font défaut. Le manque de logements s'élevait déjà à plus de 8000 en 2022, un chiffre qui devrait monter à 10 000 cette année, selon les calculs que la société immobilière Wüst Partner a effectués pour la NZZ. Si l'on continue à ce rythme, les logements manquants seront 51 000 en 2026.
Pas tous les endroits seront touchés de la même manière. Seuls deux cantons, le Jura et le Tessin, présenteront des valeurs positives. Dans toutes les autres régions, il manquera des milliers d'habitations. Dans les cantons romands, la situation sera la suivante:
La pénurie de logements sévit déjà en Suisse. En juin 2022, on comptait 61 496 appartements vides dans notre pays, soit près de 10 000 de moins que l'année précédente. Les choses vont donc empirer. Et pas uniquement dans les villes, comme c'est actuellement le cas.
La pénurie de logements n'est plus un phénomène purement urbain, commente la NZZ Am Sonntag. Elle touche désormais les régions rurales et tout particulièrement les lieux touristiques.
Cette situation va entraîner des conséquences importantes et désagréables. La première d'entre elles est la hausse des loyers, qui devraient monter de 2% cette année. Dans certains hotspots comme Zurich, Genève et le canton de Vaud, l'augmentation sera nettement plus forte. (asi)