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L'armée veut recruter les Suisses «qui ont fini leur service»

L'armée veut recruter les Suisses «qui ont fini leur service» et ça agace

Le chef de l'armée veut disposer de plus de militaires.
Le chef de l'armée veut disposer de plus de militaires.Keystone
Thomas Süssli veut augmenter les effectifs de l'armée pour assurer la sécurité en cas de crise. Mais le projet du chef de l'armée suscite des critiques dans plusieurs partis.
27.02.2024, 16:3427.02.2024, 19:43
Othmar von Matt / ch media
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Le chef de l'armée veut 20 000 soldats de plus à court terme. «Une des propositions de l'armée est de passer dans un premier temps de 100 000 à 120 000 soldats», a déclaré Thomas Süssli à CH Media (groupe dont watson fait partie). Pour cela, il faudrait un nouveau système d'obligation de servir. Il souhaite soumettre une proposition au Conseil fédéral d'ici à la fin de l'année.

Les 20 000 nouveaux soldats doivent constituer les forces légères nouvellement formées de l'armée. Dans une situation de crise, ils doivent être «bien visibles publiquement», explique le chef de l'armée. Parallèlement, ces soldats doivent soutenir les autorités.

Pour renforcer l'armée, Thomas Süssli veut recruter des militaires «qui ont déjà terminé leur service, mais qui resteraient incorporés plus longtemps». Seraient donc concernés les soldats qui ont accompli l'école de recrues et six cours de répétition, mais qui ne sont pas encore démobilisés. Il s'agirait en premier lieu de militaires âgés de 27 à 35 ans.

L'UDC souhaite 140 000 à 160 000 militaires

Ces projets du chef de l'armée ne font pas l'unanimité. «Je trouve que le chef de l'armée a raison de vouloir augmenter le nombre de soldats», déclare le conseiller national UDC Thomas Hurter. Mais le chiffre de 20 000 est trop bas, selon lui. L'UDC se prononce plutôt pour une augmentation de l'effectif théorique de 100 000 à 140 000 ou 160 000 hommes.

Thomas Hurter n'est pas d'accord avec l'idée de convoquer les militaires qui ont déjà effectué leurs jours de service, mais qui attendent d'être libérés:

«Ils seraient alors simplement des bouche-trous remplaçant ces jeunes hommes qui partent au service civil au lieu de faire leur service militaire.»

«Depuis la suppression de l'examen de conscience pour le service civil, il y a une liberté de choix entre le service militaire et le service civil», explique le conseiller national. «Ainsi, environ un quart de chaque nouvelle classe d'âge astreinte au service opte aujourd'hui pour le service civil». Selon lui, cela pose un sérieux problème à l'armée:

«Elle aura de grandes difficultés à pouvoir maintenir son effectif théorique de 100 000 militaires au cours des dix prochaines années»

Le conseiller national du Centre, Martin Candinas, émet des réserves similaires. Selon lui, il est décisif de savoir si les militaires qui ne sont pas encore licenciés accompliraient ce nouveau service de leur plein gré ou de force:

«Il ne faut pas pénaliser ceux qui ont effectué le service militaire»

«Nous perdons trop de personnes au profit du service civil». Martin Candinas estime aussi que l'idée d'augmentation mérite d'être examinée.

«L'effectif réel de l'armée dépasse la limite légale»

Le Parti socialiste exprime quelques critiques. «Je ne vois pas pourquoi on veut augmenter l'effectif réglementaire de l'armée», déclare la conseillère nationale Priska Seiler-Graf, «alors que l'effectif réel dépasse actuellement la limite légale». Aujourd'hui, les bases légales fixent l'effectif théorique de l'armée (effectif nécessaire sur la base du profil de prestations de l'armée) à 100 000 personnes astreintes au service militaire. Et l'effectif réel (c'est-à-dire toutes les personnes incorporées qui devraient entrer en service en cas de mobilisation générale) à 140 000 au maximum. En 2023, l'effectif réel était de 147 000 personnes.

Le PLR est favorable au projet de Thomas Süssli. «Ce serait une bonne chose pour la sécurité du pays», déclare le conseiller aux Etats Josef Dittli. Mais il souligne que l'armée doit maintenant fournir un concept global avec une structure organisationnelle qui montre comment elle veut atteindre la capacité de défense dans les six à huit prochaines années et comment elle compte financer tout cela.

De 1962 à aujourd'hui, les effectifs de l'armée sont passés de 880 000 à 140 000

Un coup d'œil dans le rétroviseur montre que le nombre de militaires n'a cessé d'augmenter entre le 19ᵉ siècle et le milieu du 20ᵉ siècle:

  • En 1817, l'armée comptait 66 000 personnes.
  • 250 000 au début de la Première Guerre mondiale en 1914
  • Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, 630 000.
  • L'effectif a atteint son point culminant historique pendant la Guerre froide, en 1962, avec 880 000 personnes (grâce à l'Armée 61, ou la modernisation de l'armée commencée en 1961).
Defilee von Land-Rovers des 1. Armeekorps vor tausenden Zuschauern in Payerne, Kanton Waadt, aufgenommen im Mai 1959. (KEYSTONE/PHOTOPRESS-ARCHIV/Str)
Un défilé de Land-Rovers devant des milliers de spectateurs, à Payerne (VD), en mai 1959.Image: PHOTOPRESS-ARCHIV

Par la suite, les chiffres n'ont cessé de baisser:

  • 625 000 personnes en 1990, 400 000 personnes en 1995 (Armée 95).
  • 220 000 personnes en 2004 (Armée XXI).
  • Avec le projet de développement de l'armée (Deva), l'effectif réel de l'armée a été réduit à 140 000 personnes.

Quand est-ce que cela va changer?

Le Conseil fédéral décidera, à la fin de l'année, à quoi ressemblera l'effectif de l'armée à l'avenir. Deux modèles sont en discussion:

  1. La variante «obligation de servir dans la sécurité» prévoit une fusion du service civil et de la protection civile dans une nouvelle organisation.
  2. La variante de l'«obligation de servir selon les besoins». Ici, l'obligation de servir serait étendue aux femmes. Mais on ne recruterait que le nombre de personnes nécessaires à l'armée et à la protection civile.

Adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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