Pour Christian Lohr, il y a une «erreur dans la base» de l'initiative AVS: «On a oublié les rentes AI», s'est-il exclamé. Dès le lendemain de l'approbation de la 13ᵉ rente AVS, le conseiller national thurgovien du Centre a annoncé avoir déposé une nouvelle motion.
Manuela Weichelt-Picard, des Verts, a eu pratiquement les mêmes mots dans l'antichambre du Parlement.
Beaucoup dans le parti critiqueraient le fait que la première initiative ne s'applique qu'aux rentes AVS, et non à celles de l'AI. Ce qui crée, selon eux, une inégalité de traitement. «Cette critique est justifiée», affirme la conseillère nationale zougoise.
Christian Lohr estime lui aussi que «c'est une injustice». En tant qu'assurance sociale, l'AI compense les désavantages subis dans la vie professionnelle en raison d'une atteinte à la santé; une 13ᵉ rente mensuelle, comme le 13ᵉ salaire, serait donc justifiée, selon lui. Sa proposition a été discutée avec la direction du parti et a reçu un soutien important de la part du groupe parlementaire.
Selon les statistiques de l'AI, le montant des rentes versées en 2022 s'élevait à 5,4 milliards de francs. Un douzième de cette somme représente 450 millions – c'est donc le montant estimé que devrait coûter l'extension de l'AI.
Les Verts et le Centre sont également d'accord sur la question du financement de l'extension des rentes AVS et, le cas échéant, AI. Dans les deux partis, on veut une taxe sur les transactions financières. Il s'agirait d'un impôt sur les transferts sur le marché financier «seulement de l'ordre du pour mille», comme le dit le conseiller national des Verts Felix Wettstein, «donc pas sur tous les achats et services que nous payons au quotidien».
En 2021, le conseiller aux Etats du Centre Beat Rieder (VS) a demandé au Conseil fédéral un rapport sur la manière dont une taxe sur les transactions financières devrait être structurée pour financer l'AVS et l'AI à l'avenir. «Il serait bienvenu que le Conseil fédéral livre rapidement ce rapport», déclare Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire du Centre.
Le Conseil fédéral s'est déjà prononcé sur l'intervention de Wettstein l'année dernière. Il a alors estimé les recettes d'une taxe de 0,1 pour mille sur les transactions financières à environ cinq milliards de francs. Cependant, le Conseil fédéral a également cité un certain nombre d'inconvénients à une telle taxe, notamment des distorsions du marché et le risque que les paiements soient délocalisés à l'étranger. C'est pourquoi le Conseil fédéral n'a «actuellement aucun plan» pour introduire une telle taxe.
Cependant, dimanche, le président du PLR Thierry Burkart s'est lui-même prononcé à la télévision suisse en faveur d'un examen de la taxe. Le PS, qui privilégie pour l'instant le financement de l'AVS par des pourcentages de salaire, se montre également ouvert à cette idée.
Indépendamment de ça, le débat sur l'AVS passe déjà à la prochaine étape ce jeudi. La discussion porte sur la suppression des rentes pour enfants de retraités; il s'agit de 230 millions de francs par an. Il s'agit de rentes pour les jeunes de moins de 25 ans dont les parents sont à la retraite. La majorité bourgeoise de la commission compétente veut compenser cette suppression par une augmentation des prestations complémentaires pour les parents ayant des obligations d'entretien.
Le Conseil fédéral craint néanmoins que certains jeunes ne puissent plus suivre de formation longue. Manuela Weichelt-Picard, l'une des principales responsables de la politique sociale chez les Verts, se montre déterminée. «Je suis curieuse de voir si le camp bourgeois aura encore le culot de vouloir supprimer ces rentes après ce dimanche», a-t-elle déclaré.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder