En 2026, les retraités devraient recevoir, pour la première fois, une 13ᵉ rente AVS. C'est ce que stipule le texte de l'initiative acceptée dimanche 3 mars. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent donc accélérer la mise en œuvre de la volonté populaire.
La question cruciale pendant la campagne de votation était la suivante: qui doit payer pour cette avancée sociale? L'initiative n'a pas précisé le mode de financement, bien qu'il s'agisse de coûts supplémentaires annuels de 4 à 5 milliards de francs. 800 millions de francs seront à la charge des finances fédérales, déjà fragilisées. Alors, d'où viendra l'argent?
La solution privilégiée par les partisans de l'initiative serait une hausse des cotisations salariales. Une augmentation de 0,4 point de pourcentage pour les employés et les employeurs, à partir de 2030, suffirait. Ce serait «une solution sociale et juste».
Du point de vue de la gauche, les cotisations AVS ont l'avantage de redistribuer les richesses: plus on gagne, plus on cotise, mais on ne reçoit pas davantage de rente. L'inconvénient est que, selon l'économiste Marius Brülhart, elles auraient un effet défavorable sur la croissance et l'emploi. Et dans le cas proposé ici, le financement des retraites n'est assuré que par les personnes actives. L'un des arguments des jeunes PLR était, justement, de mettre en garde contre la mise en œuvre de la 13ᵉ rente AVS qui se ferait au détriment des plus jeunes.
La deuxième option, souvent évoquée, est une augmentation de la fameuse TVA. Une taxe prélevée sous forme de pourcentage que l'on paye toutes et tous en achetant n'importe quel bien ou service en Suisse. Dans ce cas-là, les retraités contribueraient directement aux cotisations via leur consommation. Le président des Verts, Balthasar Glättli, se montre toutefois critique:
La solution de la hausse de la TVA est contestée pour d'autres raisons, plus pragmatiques qu'idéologiques. En effet, une augmentation nécessiterait une modification de la constitution, ce qui entraînerait automatiquement un vote populaire. C'est également pour cette raison que Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS), met l'accent sur les cotisations salariales:
Le conseiller national Balthasar Glättli propose d'introduire un impôt sur les successions, car les héritiers ont souvent atteint l'âge de la retraite. «Ils contribueraient au financement de manière équitable», dit-il. Le Parti évangélique suisse (PEV) se prononce également en faveur de l'introduction d'un impôt sur les successions pour les héritages élevés.
Les opposants à l'initiative se montrent prudents. Ils estiment que la balle est désormais dans le camp des initiants. Pour la conseillère aux Etats Brigitte Häberli-Koller (Le Centre/TG), ce qui est clair, c'est que l'extension des prestations sociales votées ce dimanche sera ressentie par tous:
L'UDC adopte une position ferme. Elle demande que les coûts supplémentaires de l'initiative AVS soient compensés par des économies. Le parti exclut toute augmentation de la TVA et des prélèvements salariaux. Le PLR a également rejeté toute charge supplémentaire, tant que l'AVS n'aura pas été assainie structurellement.
La résistance vient également du monde des affaires. L'Union suisse des arts et métiers (USAM) attend des solutions qui n'entraînent pas de charges supplémentaires. Elle s'opposera avec véhémence à toute nouvelle taxe ou augmentation d'une taxe existante. La faîtière Economiesuisse exige à nouveau des mesures structurelles. L'initiative sur les rentes des jeunes PLR en était l'occasion. Mais après le verdict clair des urnes sur l'initiative des Jeunes Libéraux, il semble clair que reculer l'âge de la retraite est politiquement impossible pour l'heure.