Le ministère américain de la Justice ne lâche pas prise dans sa chasse aux fraudeurs fiscaux. Le week-end dernier, les autorités ont arrêté à l'aéroport de Miami un riche homme d'affaires qui devrait 26 millions de dollars au fisc: cet Américain aurait caché de l'argent sale en Suisse pendant des années. Selon la plainte pénale de 34 pages, l'homme de 77 ans aurait possédé au moins 24 comptes dans cinq établissements financiers suisses.
L'une de ces banques aurait été l'ancien Credit Suisse. L'administration fiscale américaine (l'IRS) affirme que l'homme d'affaires possédait encore un compte CS en juillet 2016, et ce au nom de la société brésilienne Edelwiss Corporate Limited. Depuis ce compte, il s'est transféré, via un homme de paille, 75 000 dollars pour acheter une nouvelle Porsche 911 Targa chez un concessionnaire automobile de Miami.
C'est explosif, car au printemps 2014, le Credit Suisse avait promis au Département de la justice à Washington de livrer les noms de tous les fraudeurs fiscaux américains potentiels. C'est ce que prévoit l'accord négocié au printemps 2014 entre la grande banque suisse et le Department of Justice.
A Washington, on reproche au Credit Suisse de ne pas avoir appliqué à la lettre cet accord, qui était assorti d'une amende de 2,6 milliards de dollars. Une commission du Sénat a publié un rapport à ce sujet l'année dernière. Dans ce contexte, une plainte civile d'un lanceur d'alerte est également en cours devant une cour d'appel de Richmond (Virginie).
L'UBS, qui a repris le CS il y a un an, n'a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet, comme l'écrit l'agence de presse Bloomberg. Dans son dernier rapport trimestriel, la banque assure toutefois qu'elle coopère avec le ministère de la Justice dans cette affaire.
L'homme d'affaires, qui aurait fait son beurre grâce à l'importation parallèle de montres, correspond au schéma de l'habitué de l'évasion fiscale. Il a retiré son argent de l'UBS au printemps 2008, après que les rumeurs d'enquêtes américaines contre la grande banque suisse se sont intensifiées. On trouve également dans les documents du tribunal des documents dans lesquels il se faisait passer pour l'ayant droit économique de plusieurs sociétés étrangères douteuses.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)