«Contribuez à sécuriser l’approvisionnement de la Suisse en hiver et évitez le gaspillage en appliquant nos conseils pour économiser l’énergie». Ça, c'est ce qu'on peut lire sur le site stop-gaspillage.ch de la Confédération et ce qu'on nous répète depuis des mois.
Mais à l'heure où Guy Parmelin envisage d'interdire Netflix, les illuminations de Noël, les fers à repasser, voire les manifestations culturelles en cas de scénario catastrophe, le Palais fédéral s'offre un mois de show sons et lumières – du 22 octobre au 26 novembre, de 19h00 à 21h00 – sur toute la façade du bâtiment. Un spectacle qui surprend et soulève quelques questions.
«Ce n'est pas un message du Conseil fédéral, explique Nicolas Kyramarios, assistant de direction chez Starlight events, l'entreprise qui organise ce célèbre spectacle depuis 11 ans. Ce sont nos partenaires qui le financent et c'est la Ville de Berne qui nous donne l'autorisation.» Il précise toutefois que les artistes mandatés ne peuvent pas faire tout et n'importe quoi: le contenu est tout de même validé par le Parlement.
Mais alors, en cette période de restrictions demandées à la population, la question ne s'est-elle pas posée d'annuler simplement l'édition de cette année? Histoire de ne pas envoyer un message contradictoire aux Suisses, avec le risque qu'ils fassent péter au maximum le volume des radiateurs en signe de protestation?
L'équipe a toutefois décidé de poursuivre, notamment en expliquant que l'ensemble du spectacle (sons, lumières, ordinateurs, projecteurs) ne consomme que 120 kWh par soirée. «Un match de foot par exemple en consomme environ 20 000 kWh», compare Nicolas Kyramarios.
Le raisonnement a également été fait en imaginant l'énergie dépensée par les personnes sur place si elles restaient à la maison. Mais surtout, l'événement s'organise d'année en année et représente le plus gros projet de l'entreprise.
Outre les arguments matériels, l'aspect émotionnel est également évoqué. En effet, les gens seraient attachés à cette tradition et les retours sont positifs, malgré certains qui ne comprennent pas la volonté de la maintenir cette année.
«Si nous appliquons ce raisonnement de restrictions totales à d'autres aspects de notre quotidien, on ne fait plus rien, justifie Nicolas Kyramarios. On ne va plus au cinéma, plus au restaurant. On arrête la vie culturelle et sociale.»
Starlight events a tout de même fait savoir son positionnement en faveur des économies d'énergie en prenant la décision de ne pas projeter le spectacle les lundis, permettant ainsi une économie de 15%.