La crise du Covid produit de nouveaux acteurs politiques. Samedi dernier, la «Freie Linke» («Gauche libre», en français) s'est retrouvée sous les feux de la rampe. En effet, ce groupe a été l'un des coorganisateurs d'une manifestation contre la loi Covid-19, à Berne, à laquelle ont participé, selon les estimations, environ 30 000 personnes.
Des drapeaux rouges avec l'étoile à cinq branches (ici en image 👇) se sont distingués parmi les drapeaux suisses et cantonaux. Qui sont donc ces gens labellisés «Gauche libre» qui manifestent aux côtés de la droite?
Selon Melanie, un des membres fondateurs, le groupe est apparu, pour la première fois, le 1ᵉʳ mai 2021 lors d'une manifestation à Lugano. L'activiste – qui ne veut pas rendre son nom de famille public par peur des critiques agressives – assène:
Dans un document, la «Gauche libre» indique qu'elle est «une voix pour tous ceux qui se soucient vraiment de la politique de gauche et qui critiquent la gestion de crise d'aujourd'hui». Sur les autocollants du mouvement, il est écrit ce texte, inspiré du mouvement ayant mené à de violentes manifestations de la jeunesse, dans années 1980, en Suisse-allemande:
La conseillère municipale bernoise Simone Machado (Parti alternatif des Verts, en image ici 👇) est devenue le visage de cette «Gauche libre», car elle est la seule du mouvement à avoir un mandat politique.
Quand elle évoque ce groupe et son organisation, elle parle d'un «sac de puces» et rit. Que veut-elle signifier par là? Simplement que le noyau dur composé d'une quarantaine d'individus est formé de différentes personnes issues de la gauche. Et, surtout, qu'il est encore mal structuré.
En fait, il s'agit d'un groupe hétérogène aux opinions parfois contradictoires:
Alors pourquoi sont-ils tous ensemble? Selon Simone Machado, le plus petit dénominateur commun est la critique du certificat Covid.
Interrogé sur les slogans des manifestations où la politique liée au Covid est souvent qualifiée de «dictature», Simone Machado répond: «Je ne l'appellerais pas une dictature». L'avocate préfère exprimer sa position différemment:
Quand on l'interroge sur le fait que ce sont des gens plutôt de droite qui façonnent l'image des manifestations anti-Covid – et donc loin de ses opinions – elle a une explication. En effet, elle fait référence à des études qui montrent que certains électeurs verts sont également critiques à l’endroit de la politique Covid menée en Suisse et que ce n'est donc pas l'apanage de la droite.
La députée explique qu'elle ne veut pas banaliser le virus, mais qu'il manque une politique de solidarité pour y faire face. Elle appelle à une «culture du soutien».
Elle critique, par exemple, le fait que les employeurs ne versent parfois pas de salaire, et ce, dès le premier jour, si une personne reste à la maison à cause de symptômes liés au Covid. De nombreux travailleurs précaires se rendent donc quand même au travail.
Le nom et le logo de la «Gauche libre» ont été repris d'un groupe allemand. Selon Machado, cependant, il n'y avait pratiquement aucun contact avec la «gauche libre» allemande.
Adapté de l'allemande par jah.