Elle n'est pas une vaccino-hésitante et n'a rien à voir avec les coronasceptiques. Franziska Roth pense que des tests réguliers sont appropriés, tout comme le port du masque ou le maintien des distances. Néanmoins, la conseillère nationale (PS/SO) l'affirme haut et fort: il est temps de remettre en question l’obligation de certificat pour les restaurants, les zoos ou les cinémas. Pour elle, il ne doit être utilisé que si la situation est «vraiment précaire».
Avec les chiffres actuels du nombre d’hospitalisations dues au Covid, une atteinte aussi grave aux droits fondamentaux n'a plus de raison d'être. Surtout qu'un nombre élevé de personnes rétablies sont négligées dans les statistiques.
Franziska Roth fait du bénévolat auprès de personnes atteintes de problèmes psychiatriques. Celles-ci ont souvent peur de se faire vacciner. Avec le certificat et les tests payants, elles sont exclues de la vie sociale. «Seuls les riches peuvent s'offrir des tests régulièrement. Les personnes en situation de pauvreté ne le peuvent pas». Sa conclusion: «Il y a trop de sacrifiés».
En effet, outre les malades mentaux et tous ceux qui sont guéris du Covid, la situation actuelle touche aussi tous ceux qui travaillent dans l’éducation et qui ne veulent pas du vaccin.
Katharina Prelicz-Huber a également des préoccupations. La conseillère nationale verte est favorable à poursuivre avec l’obligation de présenter un certificat et salue l’offensive pour la vaccination. Elle a cependant un mauvais sentiment avec les tests payants. Car ce sont surtout les étudiants et les employés à bas salaires qui sont exclus de la vie sociale – ou de l'éducation –, affirme Katharina Prelicz-Huber, aussi présidente du syndicat des services publics.
«C'est un problème. Nous devons inclure les gens, et non pas les exclure», lance Katharina Prelicz-Huber. Sur cette base, elle réclame un retour à la gratuité des tests.
De fait, alors que la votation sur la loi Covid a lieu le 28 novembre prochain, le certificat est attaqué des deux bords de l’échiquier politique.
La position de l'UDC est connue: «L'utilisation du certificat n'est plus justifiée», martèle le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi. Il souligne que son introduction était liée au risque d’une surcharge des unités de soins intensifs. «Or, depuis, nous avons assisté à un déclin massif. De plus de 300 lits aux soins intensifs occupés par des patients Covid, il n’y en a plus que 130 aujourd’hui.»
Aussi, une enquête des journaux Tamedia a montré que les partisans de la loi Covid, environ 60% des sondés, espèrent passer l'hiver avec le certificat et éviter des mesures plus sévères. Cela dit, les jeunes sont très sceptiques à l'égard de cette loi en raison, justement, du certificat qui leur complique la vie.
Le Conseil fédéral n'est pas épargné par les préoccupations relatives aux droits fondamentaux. Cette semaine, le ministre de la Santé, Alain Berset, a été interrogé sur la question. Avec une situation sanitaire aujourd’hui sereine, les Sept sages affirment qu’ils discuteront du certificat, sans que l’on sache vraiment ce que cela veut dire, étant donné qu’il n’y a aucune perspective d’allègement rapide des mesures. Pour se justifier, le Conseil fédéral pointe les vacances d’automne et l’arrivée de l’hiver, qui pourraient faire grimper les chiffres des cas et des hospitalisations.
En levant l’utilisation du certificat, le Conseil fédéral risque aussi de torpiller son offensive pour la vaccination lancée cette semaine. Contactés, les deux conseillers d’Etat Pierre Alain Schnegg (UDC/BE) et Rebecca Ruiz (PS/VD) n'espèrent pas forcément une levée rapide des mesures. Les deux directeurs de la santé ont toutefois affirmé sur La Première de la RTS que les fêtes de fin d’année pourraient être une date possible de la fin du certificat. Leur collègue neuchâtelois parle du printemps.
Mais alors, pourquoi la gauche s’émeut aujourd’hui plus qu’avant? La semaine dernière, l'écrivaine Sibylle Berg a prévenu dans Schweiz am Wochenende:
Certes, la gauche a rapidement réagi négativement à ces propos. Mais Franziska Roth a reconnu que l’écrivaine avait ouvert une brèche. «Elle a soulevé une question dont les politiciens auraient dû discuter depuis longtemps.»
Contrairement à Sibylle Berg, Franziska Roth ne s'oppose pas à la loi Covid. «Elle est nécessaire pour les aides et les voyages à l'étranger», dit-elle. Avec ses déclarations, la Soleuroise veut en fait apporter des nuances dans un débat qui, selon elle, s’est durci de manière exagérée. «Les deux camps ne s’écoutent pas assez. Tant qu'il n'y a pas de vaccination obligatoire, notre société doit accepter que des personnes ne veulent pas se faire vacciner. C’est tous ensemble que nous devons trouver un moyen de sortir de la pandémie.»
Franziska Roth s’en prend également au Parlement, dont elle fait partie.
Ce qui paraît clair, c'est que la façon dont a été annoncé le certificat n’est pas la même dont il est aujourd’hui utilisé. A l’époque, le Conseil fédéral avait promis qu'il serait valable jusqu’à ce que toutes les personnes souhaitant être vaccinées l'aient été. C'est le cas depuis longtemps.