«La période du certificat semble toucher à sa fin», a déclaré le ministre de la santé Alain Berset samedi dernier dans la presse alémanique. Une perspective qui redonne de l'espoir, notamment pour les non-vaccinés qui ont, pour la première fois depuis des mois, une esquisse de sourire aux lèvres.
Un peu plus d'un an après les premières vaccinations, comment se sentent-ils? Sont-ils toujours autant pointés du doigt? On a fait le point avec cinq d'entre eux. 👇
Pour Lucie, il y a toujours autant de pression sur les non.-vaccinés: «C’est un catalogage qui s’est fait rapidement tout au début de la crise: à partir du moment où tu n’es pas vacciné, tu es «fiché», et ça c’est toujours très désagréable».
«De manière générale je pense qu’en 2022 on prend un petit peu tout à la légère. C’est vraiment l’année où tout le monde s’en fout, Covid ou pas». Dans sa vie professionnelle, Lucie avoue se sentir toujours autant stigmatisée. «Pas tout le monde n'est capable de comprendre un point de vue différent». À la maison, c'est autre chose: «Il y a eu un petit relâchement de tension ces dernières semaines. Mais on se prend quand même la tête de temps en temps, c’est toujours la même discussion, le même débat».
Pour elle, supprimer le certificat Covid serait un vrai soulagement: «Jusqu’à maintenant j’ai dû réfléchir à dix fois avant d’aller ou que se soit. Je vais enfin pouvoir commencer à vivre normalement».
«Depuis le début de l'année, on commence à sentir que les vaccinés sont de moins en moins agressifs parce qu'ils sont en train de se rendre compte, à mon avis, que le vaccin, ce n'est pas une baguette magique».
Pour Jérémy, les politiques manquent de cohérence: «Il y a aussi des solutions, autres que le vaccin, dont on ne parle pas. C'est le vaccin et rien d'autre. C'est quand même bizarre».
Ne cachant pas son scepticisme, Jérémy avoue aujourd'hui ressentir moins de pression vis-à-vis du vaccin: «la situation se détend gentiment, on sent que le gouvernement se calme par rapport à la vaccination». Selon lui, le gouvernement a commis une erreur. Laquelle? «On le saura d'ici à quelques années» d'après lui.
Et au niveau du certificat Covid? Le sésame n'a pas eu beaucoup d'impact dans sa vie quotidienne: «Je suis casanier donc ça a juste amplifié ce côté-là de mon quotidien. Heureusement, je suis aussi un gameur donc je côtoie mes potes sur la console».
Anna, elle, commence à trouver le temps long: «On en a tous marre de ne rien pouvoir faire depuis des mois sous prétexte qu’on n'est pas vaccinés. Au début ça allait, car je ne m’étais pas rendue compte que ça allait durer aussi longtemps».
Elle a été accusée par un professeur d'école de faire durer la crise, par son choix de ne pas se faire vacciner: «Je connais plein de gens vaccinés qui ne font pas du tout attention, qui s’en foutent d’attraper le Covid ou non alors que moi je ne peux rien faire, je ne peux aller nulle part et si je vais quelque part je dois me faire tester avant.»
Même constat pour Bastien, «il y a une fois où je n’ai pas pu rentrer en boîte, car le test ne suffisait plus et là j’ai eu le sentiment que c’était vraiment injuste parce que par rapport aux autres, moi j’étais allé me faire tester avant de rentrer en boîte».
Aujourd'hui dans son entourage, Bastien constate que les vaccinés commencent enfin à comprendre les non-vaccinés: «Un ami, qui a depuis le début essayé de me convaincre de me faire vacciner, m’a récemment avoué qu’il comprenait aujourd’hui ma décision.»
Supprimer le certificat Covid? Ce serait «cool», mais sans plus: «J’ai fait des sacrifices dans le sens où je n’ai pas pu aller où je voulais comme je voulais, mais j’ai toujours réussi à trouver des solutions. J'ai plus l'impression d'avoir tenu bon que d'avoir gagné, mais on n'est pas encore au bout de cette crise.»
Sarah est entourée de beaucoup de personnes vaccinées et, d'après elle, le regard sur les non-vaccinés est toujours le même, ils sont pointés du doigt: «Je ne me suis jamais senti mal non plus, mais rien n'a changé de ce côté-là, c'est encore un sujet qui divise.»
En écoutant les nouvelles ces derniers jours, Sarah avoue se sentir soulagée à la perspective d'une fin de crise, sans pour autant se faire de faux espoirs: «Ça commence à changer, mais après je ne préfère pas me faire trop d'illusions. C'est pessimiste, mais c'est un moyen de me protéger».
Non-vaccinée, mais guérie, elle a eu accès au certificat Covid au mois de juin 2021 et elle a pu vivre à peu près normalement: «ça ne m'a pas beaucoup touchée, il est encore valable jusqu'au mois d'avril et j'espère que d'ici là, on en aura plus besoin.»