C'est un des effets peu reluisants du Covid-19: une infection cutanée liée à la réponse du système immunitaire vient se loger sur les pieds et les mains. Le symptôme est connu sous le nom de «Covid toe». Cet effet secondaire se traduit par une inflammation semblable à une engelure et des rougeurs sur les mains et les pieds, qui peut perdurer des mois. Une étude conduite par des scientifiques français d'établissements tels que l'Institut Pasteur, l'hôpital Saint-Louis ou encore l'Université de Paris vient apporter des réponses à propos de ces pathologies encore incomprises.
Pour comprendre les mécanismes à l'œuvre derrières ces symptômes, l'équipe de recherche a examiné cinquante personnes atteintes du Covid-19 et treize présentant des engelures similaires apparues avant l'épidémie. Face au virus, le corps génère une réponse immunitaire avec des niveaux élevés de certains auto-anticorps. Ceux-ci réagissent à la maladie envahissante et ciblent par erreur les cellules et les tissus de l'individu, rapporte The Guardian.
De plus, l'infection au Covid-19 déclenche «fortement l'expression des gènes stimulés par l'interféron (IFN) de type I qui contribuent à la protection antivirale de l'hôte», écrivent les scientifiques dans le rapport. L'ensemble des maladies induites par l'IFN de type I conduisent à des engelures cliniques, est-il expliqué.
Le «Covid toe» a inquiété dès les premiers mois de la pandémie, l'infection étant non reconnue malgré le signalement de plusieurs cas dans différents pays. En mai 2020, l'European Journal of Pediatric Dermatology évoquait une «épidémie» de ce phénomène: «Nous avons observé une “épidémie” de lésions vasculaires aiguës et auto-guérissables des mains et des pieds chez les enfants et les adolescents asymptomatiques. Ces lésions constituaient une nouveauté qui nous a conduits à établir un lien avec l'autre nouveauté beaucoup plus sévère, à savoir le Covid-19, qui s'est produite presque simultanément.»
Le «Covid toe» est toutefois moins répandu avec la vague actuelle du variant Delta. Pour Véronique Bataille, dermatologue consultante et porte-parole de la British Skin Foundation, la vaccination et la résistance de certaines personnes au Covid-19 pourraient expliquer ce recul.