En 2023, les glaciers suisses ont perdu 4% de leur volume. Il s'agit du deuxième plus fort recul depuis le début des mesures. Le record date de 2022, lorsque les glaciers avaient perdu 6%. C'est ce que rapporte jeudi l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT).
Au total, 10% du volume de glace s'est évaporé en seulement deux ans. Les deux années extrêmes ont entraîné la disparition de nombreux petits glaciers. Les mesures effectuées sur le St. Annafirn (UR), par exemple, ont dû être interrompues.
Two (!) years of #glacier retreat on Rhonegletscher. Not just a bit of "normal" ice melting but the two most disastrous years for Swiss glaciers in history.
— Matthias Huss (@matthias_huss) September 28, 2023
Pics: A. Cremona @VAW_glaciology @Enlaps_live pic.twitter.com/D1sdxdrI76
Les glaciers ont particulièrement fondu dans le sud et l'est de la Suisse - le recul y a été aussi important que lors de l'année record. En témoigne la fonte record du glacier valaisan de Gries. La hauteur a diminué de plus de six mètres. Les chercheurs ont également observé une perte de trois mètres de glace à plus de 3000 mètres d'altitude.
Matthias Huss, qui effectue les mesures pour le réseau suisse de mesure des glaciers (GLAMOS), souligne: «Il est très surprenant qu'une année extrême soit immédiatement suivie d'une autre».
Pour l'instant, aucun refroidissement n'est en vue pour les glaciers. Même en cette fin septembre, le temps est chaud en Suisse. Des températures avoisinant les 25 degrés sont prévues en plaine pour les jours à venir. «En ce mois de septembre, beaucoup de glace a fondu», explique Matthias Huss.
Yet another farewell to one of "my" #glaciers.
— Matthias Huss (@matthias_huss) August 22, 2023
Yesterday I went up to St. Annafirn in the early morning for the last time. After more than a decade we stop monitoring mass balance on this small piece of dying ice. The last years were just too much...@glamos_ch pic.twitter.com/37WjcAT17W
Cependant, le mois de septembre n'est pas aussi décisif que juillet ou août, selon lui. «L'ensoleillement est plus faible que les mois précédents. La fonte est moins importante.»
Le début de l'été est la période la plus importante en ce qui concerne la fonte des neiges, précise le spécialiste.
En 2022 et 2023, la fonte a été relativement rapide. Mi-juillet, il n'y avait presque plus de neige sur le glacier de Gries, même à plus de 3000 mètres d'altitude.
De plus, l'hiver dernier, il n'y a pratiquement pas eu de précipitations des deux côtés des Alpes et il a fait très chaud. Il y a rarement eu aussi peu de neige fin février. «Au-dessus de 2000 mètres, plus de la moitié des stations automatiques avec des séries de mesures d'au moins 25 ans ont affiché de nouveaux minima record», écrit la SCNAT.
Il n'est pas possible de prévoir à l'heure actuelle si l'année prochaine connaîtra à nouveau des valeurs extrêmes. Mais à quoi faut-il s'attendre selon les statistiques? Matthias Huss déclare:
Soit nettement moins que lors des deux années extrêmes. «Mais c'est déjà très élevé et pas normal», poursuit le glaciologue. «L'idéal serait bien sûr que la neige en hiver compense la totalité de la fonte en été, mais nous en sommes loin.»
Traduit et adapté par Chiara Lecca