C'est une petite révolution, que d'aucuns pourraient qualifier «de bon sens» et qui, pourtant, faisait défaut. La France a annoncé il y a quelques jours vouloir interdire aux magasins de garder leurs portes ouvertes s'ils sont climatisés ou chauffés ainsi que de proscrire les publicités illuminées de nuit, de 1 à 6 heures du matin.
Le but? Réduire la consommation énergétique en prévision de l'hiver et, dans la foulée, revenir à une pratique plus écologique. Deux décrets allant en ce sens doivent être présentés dans les jours qui viennent. L'Etat français anticipe une économie d'énergie allant jusqu'à 20% pour chaque commerce qui prendrait ces mesures.
Et chez nous? La Suisse a-t-elle déjà mis en place de telles mesures ou prévoit-elle de le faire?
A l'Office fédéral de l'énergie (Ofen), on nous indique que «pour les climatisations, les mesures sont cantonales, comme c’est le cas pour les chauffages des terrasses en hiver». Car tout ce qui touche aux bâtiments est du domaine des cantons.
Dans le canton de Vaud ou du Valais, les associations de commerçants nous indiquent qu'aucune interdiction comme celles décidées en France n'est connue. Au bout du lac, par contre, on relève qu'une loi existe depuis novembre 2021:
Dans le contexte d'une possible crise énergétique à l'hiver prochain, un organisme est destiné à prendre une importance considérable: la Conférence des directeurs cantonaux de l'énergie. Se dirige-t-on vers une cacophonie de mesures énergétiques à suivre d'un canton à l'autre, comme ce fut le cas durant le Covid, avant que la Confédération ne prenne le relais?
Pour la conseillère nationale verte genevoise, Isabelle Pasquier-Eichenberger, toute mesure à prendre pour réduire la consommation d'énergie est nécessaire. «C'est dans ce genre de cas qu'on se rend compte qu'il faut uniformiser les règles et pratiques entre les cantons», relève-t-elle. Concernant les publicités éclairées de nuit, son avis est bien tranché:
Les Verts se sont engagés sur ce dossier. Le député valaisan Christophe Clivaz a déposé une motion à Berne pour interdire l'éclairage publicitaire de nuit. Le texte n'est pas encore passé devant le Conseil national et le Conseil fédéral propose de le rejeter, notamment car la compétence de l'éclairage publicitaire «est soumise au droit commercial cantonal ou communal».
A droite, les mesures d'économie d'énergie sont aussi privilégiées, mais l'accent est mis sur le caractère pragmatique de son application.
«Il y a un an, je vous aurais dit d'emblée que ces mesures sont liberticides», reconnaît Olivier Feller, conseiller national libéral-radical vaudois. «Toutefois, nous risquons d'avoir un hiver complexe sur le plan énergétique cette année, et si une pénurie a lieu, il faudra couper dans la consommation là où il y a le moins d'effets nocifs.»
Le Vaudois estime que de garder les portes des commerces climatisés fermées et éteindre les enseignes lumineuses de nuit «semble supportable». Et d'ajouter: «Mais c'est une pesée d'intérêts. Il faut garder à l'esprit que les publicitaires seront mécontents».
Cependant, le libéral-radical garde à l'esprit que cette situation est hypothétique et que nous n'en sommes pas encore à l'heure des restrictions: «Si les scénarios inquiétants ne se réalisent pas, on ne va pas commencer à rationner pour rien».