Le nouveau rapport de synthèse du groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), somme des neuf dernières années de recherches, a été publié ce lundi. Leur conclusion? Le réchauffement climatique causé par l'activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035.
La situation est grave et n'épargne pas la Suisse, ont assuré les cinq experts helvétiques ayant participé aux recherches. Ils estiment qu'il est «très, très urgent d'agir».
Selon Erich Fischer, auteur principal du GIEC à l'EPFZ qui s'est exprimé devant les médias lundi à Berne, la Suisse a eu ces dernières années «un avant-goût des phénomènes extrêmes qui pourraient s'aggraver et se généraliser dans un avenir proche: canicules, sécheresses, fortes précipitations, manque de neige».
Vice-président d'un groupe de travail du GIEC à l'EPFZ, Andreas Fischlin a ajouté:
Les experts basés en Suisse invitent le pays à en faire davantage: «Plusieurs mesures de la stratégie suisse 2020-2025 d’adaptation aux changements climatiques ne consistent qu’en de petites adaptations de la situation actuelle. Or, des transformations fondamentales et systémiques sont nécessaires pour réduire les risques futurs», a expliqué Veruska Muccione, auteure principale du Giec aux Université de Genève et de Zurich.
Sonia Seneviratne, coordinatrice du Giec à l'EPFZ, s'est inquiétée pour les nouvelles générations: «Chaque dixième de degré de réchauffement que nous parviendrons à éviter réduira considérablement le risque de conséquences négatives, notamment pour les jeunes, qui vivront ces changements.»
Réagissant au rapport, les branches suisses du WWF et de Greenpeace en appellent à accélérer la sortie des énergies fossiles et à protéger ou restaurer les écosystèmes naturels. Les organisations implorent les gouvernements de prendre au sérieux les derniers enseignements des chercheurs.
Selon Greenpeace, «la politique climatique actuelle de la Suisse correspond à un réchauffement de 3 degrés. Un premier pas dans la bonne direction peut et doit être fait, dit-elle, en adoptant la loi climat le 18 juin prochain.
«La crise climatique s'aggrave. Nous filons à grande vitesse dans la mauvaise direction. Pourtant, nous avons en main tous les moyens pour un revirement. Il faut toutefois s'y employer de manière conséquente», déclare Thomas Häusler, expert climatique au WWF Suisse. Et d'ajouter:
L'organisation écologique rappelle que la nature a absorbé au cours de la dernière décennie environ 54% des émissions de CO2 émises par l'homme.
De son côté, l'Association Swiss Youth for Climate (Jeunesse suisse pour le climat) annonce le lancement d'une campagne d'affichage nationale pour sensibiliser au changement climatique. Un bon millier d'affiches seront placées à Bâle, Zurich, Berne, Lausanne, Genève et ailleurs en Suisse romande afin de rendre les conclusions du Giec «accessibles à tous».