Le «deal» conclu en juin par le rectorat de l’Université de Genève (UNIGE) avec la CUAE, l’association faîtière des étudiants du lieu, a-t-il volé en éclat le 21 décembre? Ce jour-là, une dizaine d’activistes d’extrême gauche, cagoulés, ont tenté de faire irruption dans une salle d’Uni Mail où se tenait un débat sur la neutralité suisse. Ils en avaient après Céline Amaudruz, conseillère nationale, vice-présidente de l’UDC suisse, participante au débat. Une «fasciste» à leurs yeux. Seuls deux de ces militants antifas ont pu pénétrer dans la salle, avec l’intention d’entarter Céline Amaudruz, sans y parvenir. Leur slogan, adressé à l’élue genevoise durant cette action aux allures d’agression:
La conseillère nationale a déposé plainte.
En juin, donc, le rectorat avait, lui, renoncé à déposer plainte contre X (de potentiels étudiants de l’UNIGE), comme l'avait révélé watson. Le contexte à l’époque: à deux reprises, en avril et mai, des transactivistes faisant usage de violences verbales et physiques (insultes et livres jetés par terre) avaient interrompu des conférences jugées «réactionnaires» et «transphobes». C’est suite à l’interruption de la seconde conférence, donnée par le professeur français Eric Marty sous l’égide du département de français moderne de l’UNIGE, que le rectorat avait pris la décision de déposer plainte avant de faire machine arrière.
A l’action pénale, il avait finalement préféré la négociation avec la faîtière étudiante CUAE, d’un tempérament à gauche toute. Par un commun accord, les parties, la seconde surtout, s’engageait à respecter et faire respecter, devait espérer le rectorat, la pluralité du débat dans ce lieu qu’est l’université, par définition ouvert à la pensée.
Quel rapport entre l’accord de juin et le dernier coup de force en date, celui du 21 décembre? Selon notre confrère Blick s’appuyant sur ses sources, l’un des perturbateurs serait un membre du comité de la CUAE. Ce que le rectorat chercherait à vérifier avant de déposer une éventuelle plainte.
Joint par watson en juin une fois le «deal» conclu, le professeur Eric Marty, dont la conférence avait été interrompue quelques semaines plus tôt, estimait que le rectorat avait eu «tort de reculer». Ce dernier s’est-il lié les mains? Il donne en tout cas l’impression d’avoir peur et de ne savoir que faire face à un activisme qui remet en cause le principe même de la pluralité des débats. On peut ne pas aimer l’UDC, détester ses positions sur les questions migratoires, par exemple, elle n’en reste pas moins un parti démocratique, représenté partout en Suisse, jusqu’au sommet de l’Etat. Le système de concordance polit les aspérités à droite comme à gauche.
En se comportant comme des videurs de boîte de nuit pratiquant le contrôle au faciès, en l’occurrence idéologique, la mouvance d’extrême gauche universitaire fait entendre un «on est chez nous!» des plus désagréables, d'ordinaire l’apanage des meetings de l’extrême droite française. Mais l’on sait aussi que, pour l’extrême gauche, le «débat pluraliste» est l’alibi de la «bourgeoisie» – entre-temps renommée «patriarcat» – pour maintenir sa domination.
Ce que vit l’Université de Genève entre en résonance avec les propos recueillis par watson avant Nouvel An auprès de Martin von Muralt, délégué du Réseau national de sécurité, en charge de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Il déclarait notamment ceci:
Il serait souhaitable que le rectorat de l’UNIGE fixe clairement les limites, au besoin en recourant à l’action pénale. Il n’est pas bon qu’une autorité légitime renonce à ses prérogatives. La justice doit être rendue par des instances démocratiques, reconnues, faites de tempérance. C’est ainsi que nous préservons la paix civile.