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Grève féministe 2022: 4 inégalités révoltantes

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Oui, en 2022, il faut encore lutter contre ces 4 inégalités révoltantes

Partout en Suisse, la grève féministe a rassemblé des milliers de personnes qui demandent l'égalité des sexes. Voici 4 revendications qui sont plus que jamais justifiées.
14.06.2022, 18:5715.06.2022, 09:20
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Ce 14 juin 2022 a eu lieu la grève féministe. Depuis 2019, partout en Suisse, des personnes descendent dans la rue et demandent l'égalité. La dernière mobilisation datait de 1991. Trois jours de mobilisation en 31 ans, c'est peu pour un combat aussi important. La lutte pour l'égalité méritait donc largement qu'on lui accorde cette journée.

Pourquoi? Voici 4 revendications qui doivent se faire entendre 👇

L'égalité dans le partage des tâches familiales

Le congé parental est encore sur la table des négociations, notamment dans le Canton de Vaud. Jessica Jaccoud, Présidente du Parti socialiste vaudois (PSV), expliquait en mai dernier les conséquences négatives sur les femmes qui doivent gérer seules l'arrivée d'un nouveau-né.

«Si l'enfant s'intègre dans une famille où les rôles et les tâches domestiques sont bien répartis, il se construit dans un monde plus égalitaire. A contrario, on observe des reproductions sociales inégalitaires et des clichés de genre très difficiles à casser par la suite»
Jessica Jaccoud, Présidente du PSV

Si vous souhaitez lire l'interview complète 👇

De plus, les mères doivent souvent réduire leur taux d'activité ou arrêtent de travailler après une naissance, rendant ainsi difficile une réinsertion professionnelle future et les défavorisant sur le marché de l'emploi face à un candidat masculin. Finalement, comme l'explique Jessica Jaccoud, le risque d'épuisement mental et physique est important et il se rattrape difficilement par la suite.

La protection contre le harcèlement sexuel

Dans l'espace public ou au travail, les commentaires déplacés ou misogynes, les agressions verbales ou physiques et les viols sont encore (trop) fortement présents.

L'autre jour par exemple, j'étais à la piscine, et un homme est venu me déranger pendant que je lisais. Il m'a demandé «des conseils pour bronzer plus vite». Perturbée dans ma lecture, je lui ai dit «non». Une réponse qu'il n'a pas appréciée et à laquelle il a répondu sèchement: «Merci, bonne soirée.»

L'exemple est «gentil» (oui, parce que se faire déranger de la sorte ou suivre dans la rue, c'est devenu «banal et normal»), j'ai de «la chance». Mais je ne compte plus le nombre de témoignages plus graves de victimes, entendus en soirée, lus dans le journal ou découverts sur un compte Instagram, qui racontent les drames qui leur sont arrivés.

En 2022, malheureusement, je dois encore rester sur mes gardes lorsque je marche dans la rue le soir et toujours faire attention à ce que je réponds lorsqu'on me demande une cigarette à minuit à l'arrêt de bus.

Le droit de disposer de son corps

En mai dernier à Lausanne, six personnes ayant manifesté seins nus lors de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2021, ont été acquittées par le tribunal. Elles comparaissaient, entre autres, pour habillement contraire à la décence ou à la morale publique.

Irene Maffi, professeure à l'Université de Lausanne, expliquait alors que la poitrine n'était que le fragment d'un problème plus global: la sexualisation du corps féminin et le regard que les hommes portent sur lui.

«Lorsque les femmes montrent leurs corps (parfois nus) dans les magazines, dans les publicités ou à la télévision, ça ne pose pas de problème. Par contre, ça dérange lorsque l'on expose ses seins dans une manifestation à caractère politique qui revendique la réappropriation de son corps et affirme la liberté des femmes à ne pas être un objet sexuel»
Irene Maffi

Si les dictats de beauté sont fortement présents dans notre société et touchent de nombreuses personnes, tous genres confondus, la revendication, ici, est de disposer librement et égalitairement de son corps. Par exemple? Si se balader les seins nus dans un parc public dérange et engendre un commentaire, la même réaction devrait avoir lieu face à un torse masculin découvert.

L'égalité salariale

Bon... par où commencer? Ce n'est un secret pour personne, en majorité, les femmes gagnent moins que les hommes en Suisse.

24 Heures confirmait l'information en 2021: l’écart salarial entre femmes et hommes s’est encore creusé entre 2014 et 2018, selon la dernière Enquête suisse sur la structure des salaires (ESS). Et c'est surtout la part, clairement discriminatoire, de cet écart qui a augmenté.

Le principe de l’égalité salariale est toutefois inscrit dans la Constitution depuis 40 ans et son application figure concrètement depuis 25 ans dans la loi sur l’égalité. Selon le quotidien vaudois toutefois, l’évolution des dernières années montre que sa réalisation est loin d’être en bonne voie. Selon l'office fédéral de la statistique, en 2021, le salaire médian des femmes était de 6211 francs contre 6963 francs pour les hommes.

Les raisons invoquées pour justifier cette différence? Le fameux plafond de verre tout d'abord, mais également le fait que les femmes travaillent plus souvent dans des professions qui ne sont pas rémunérées correctement selon leur valeur ou encore la baisse du taux de travail après une naissance.

Aucune d'entre elles ne m'a convaincue.

Pour terminer

Les inégalités, qui nous touchent en 2022 encore, restent fortement ancrées et difficiles à briser. On remarque toutefois certains changements dans les mentalités et dans les comportements. On avance gentiment, notamment grâce à la prise de parole. Faire entendre sa voix fait partie du combat. Alors lorsque les projecteurs sont braqués sur nous, pendant quelques heures, il faut en profiter. C'est important.

La première grève féministe de Suisse le 14 juin 1991
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La première grève féministe de Suisse le 14 juin 1991
La première grève des femmes* de Suisse avait impliqué plus de 500 000 femmes à travers le pays.
source: keystone
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«On se réveille et le bébé n'est plus là»
Video: watson
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