«Je trouve que cette manifestation est fourre-tout et trop extrémiste, je ne me reconnais pas dans les propos et les termes utilisés» entendus dans notre rédaction, cet avis est partagé par de nombreuses femmes en Suisse dont celles des partis bourgeois. «Cette grève qui divise autant qu'elle réunit» titrent nos confrères du Temps, en citant les femmes PLR et du Centre qui n'apprécient guère les slogans utilisés.
Mais la grève féministe est-elle un fourre-tout sans queue ni tête ou un outil d'expression comme un autre? Quelles sont les véritables revendications? Avant de participer à la manifestation en tant que militante (très) discrète, on fait le point.
«Manifester et crier dans la rue pour revendiquer des choses, ce n'est pas mon style», cette phrase entendue au bureau résonne dans mon esprit, car manifester, ce n'est non seulement revendiquer, mais aussi crier, chanter, faire du bruit et peut-être avoir l'air ridicule. Si comme moi, vous êtes plutôt discrète en public et que vous n'aimez pas vous faire remarquer (en tout cas, pas pour ça), prenez sur vous, c'est un drôle de moment à passer. Une syndicaliste nous rassure, on n'est pas obligé de crier.
Il est vrai que je n'ai pas une «âme de manifestante», celle qui fait du bruit et qui crie dans un mégaphone. Mais là encore elle me réconforte, elle non plus n'est pas à l'aise avec un mégaphone, d'ailleurs, elle n'en a pas.
Je ne vais donc pas sautiller en lançant mon soutien-gorge en guise de protestation.
«L'égalité des droits est déjà inscrite dans la loi, on ne peut pas forcer les choses», m'explique un collègue journaliste. Forcer les choses, entendez par là: manifester bruyamment ne sert pas à grand-chose. Voilà qui ferait bondir le collectif du 14 juin pour qui la manifestation a montré sa complémentarité à l'action politique:
L'opposition des deux méthodes n'a que peu de sens pour la secrétaire médias de Syndicom: «On ne réglera aucun problème seulement en montrant ses seins, bien évidemment, mais quand on est des centaines de milliers à descendre dans la rue, on fait pression et l'on montre qu'on existe». Mais les revendications dans tout ça? Elles sont assez claires et se résument ainsi. 👇🏽
Sur ces revendications, tout le monde semble d'accord au sein de la rédaction. Cependant, le brouhaha entourant cette manifestation, dénonçant la convergence des luttes et son côté «fourre-tout » pour certains, doit être pris en considération. La grève des femmes est devenue la grève féministe pour devenir plus inclusif, est-elle en train de s'éloigner de ses revendications initiales? En résumé, est-ce qu'en incluant les discriminations subies par les personnes trans et non binaires, on oublie «les origines» de cette manifestation qui demande plus d'égalité entre hommes et femmes.
Ainsi pour clore le sujet, on peut jeter un coup d'œil au dessin de presse de Chappatte du jour «c'est pertinent et plutôt juste, car certains concepts sont difficiles à comprendre, mais ce qui importe, c'est de parler d'égalité», me glisse-t-elle en souriant.
Grève des femmes intersectionnelle - © Chappatte dans Le Temps, Genève > https://t.co/2e5OE2twvH pic.twitter.com/evbZP9e1h8
— Dessins de Chappatte (@chappatte) June 14, 2023