En pleines vacances politiques, le Conseil fédéral devrait-il réagir face à l’irruption du variant Delta du coronavirus et les annonces du voisin français de lundi soir? Pas d’emballement ni d’urgence, entend-on du côté de la Berne fédérale.
A vrai dire, la Confédération se dit tout à fait sereine. Si le Conseil fédéral n’a pas prévu de se réunir officiellement avant le 11 août prochain, «il suit très attentivement l’évolution de l’épidémie et reste à tout moment en mesure de prendre des décisions si la situation l’exige, même durant la pause estivale», rassure la Chancellerie, qui précise que la loi permet par ailleurs à l’Exécutif de prendre des décisions sans se réunir physiquement, «par voie de circulation des dossiers».
Selon nos informations, ce ne serait toutefois pas vraiment à l’ordre du jour. Le Conseil fédéral s’attendait à une hausse des cas avec les assouplissements entrés en vigueur à la fin du mois de juin et l’arrivée du variant Delta. Le critère fondamental reste le même: que la pression sur les hôpitaux reste faible, comme c’est le cas aujourd’hui.
A Berne, on se réjouit d’ailleurs d’avoir misé sur des vaccins qui semblent résister aux variants, empêchant le développement de formes graves de la maladie.
Pas d’inquiétude non plus quant à la baisse de la vaccination dans le pays: les cantons adaptent leur stratégie en fermant les «vaccinodromes» tout en facilitant l’accès à la piqûre, par exemple en déplaçant la vaccination au plus proche de la population, comme l’a annoncé le canton de Genève. Enfin, une obligation de se vacciner pour certains corps de métier ou la généralisation du certificat sanitaire ne semblent pas à l’ordre du jour.
Au sein du Parlement, le socialiste Pierre-Yves Maillard joue aussi l’apaisement. «Dans cette difficile période, le Conseil fédéral doit protéger la santé de la population, mais aussi ses libertés et droits fondamentaux. Cela impose de ne pas céder à tous les emballements et de garder son calme», explique le membre de la commission de la sécurité sociale et de la santé publique.
L’élu du National rappelle par ailleurs que le Conseil fédéral a fixé une stratégie de sortie de crise largement approuvée après consultation. «Il semble s’y tenir», relève-t-il.
Pour Philippe Nantermod, il va bien falloir à un moment que le Conseil fédéral hausse le ton. «Sur la forme, les effets d’annonce à la Macron, ce n’est pas notre truc en Suisse. Mais sur le fond, il faut une réaction», affirme le PLR, aussi membre de la commission. Il estime ainsi que renforcer l’obligation de présenter un certificat sanitaire (pour aller au restaurant, par exemple) peut être un moyen de pousser à la vaccination.
C’est sa crainte dans cette période de flottement: que l’on attende trop avant de réagir, qu’on rate le train d’une large vaccination et qu’on arrive au point de rupture qui pousse les autorités à remettre en place des fermetures. «Si nouvelle vague il y a, son ampleur sera directement liée à la part de la population vaccinée», souligne-t-il. L’élu s’interroge: «Combien de temps reste-t-il au Conseil fédéral avant cette nouvelle vague?»
Dans ce contexte, le Valaisan qui «n’a pas attendu mi-août pour donner son point de vue», répète ce qu’il a écrit dans une tribune publiée dans Le Temps début juillet et particulièrement remarquée: on ne peut plus traiter de la même manière les personnes vaccinées et les non-vaccinées. Il conclut: «Au final, il faudrait reconfiner les 30-40% des personnes qui refusent la vaccination…»