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Comment le Conseil fédéral se prépare à la prochaine pandémie

Comment le Conseil fédéral se prépare à la prochaine pandémie

Afin de se préparer rapidement à la prochaine crise sanitaire mondiale, le Conseil fédéral a imaginé une convention de collaboration avec le monde scientifique. Découvertes scientifiques, intérêts sociaux et valeurs: on décortique le tout.
18.12.2023, 16:5218.12.2023, 17:52
Bruno Knellwolf / ch media
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Le Conseil fédéral réorganise l'implication de la science en cas de crise. Il a approuvé, vendredi, une convention de coopération avec six grandes organisations scientifiques telles que le Conseil des Ecoles polytechniques fédérales, le Fonds national suisse, l'Association des académies a+ et les universités suisses.

Ce document indique qu'en cas de crise, le Conseil fédéral examinera la nécessité de former un conseil scientifique. Les organismes scientifiques devraient alors proposer la participation d'experts. Les universités et hautes écoles suisses seraient le principal contact.

Nicolas Rodondi, Universitaet Bern, SNF-Forschungsratsdelegierter, Linda Nartey, Vizedirektorin Bundesamt fuer Gesundheit und Marcel Salathe, EPFL, Praesident Leitungsgruppe NFP 78, von links, spreche ...
De gauche à droite, Nicolas Rodondi, de l'Université de Berne, délégué du Conseil de la recherche du FNS, Linda Nartey, vice-directrice de l'Office fédéral de la Santé publique et Marcel Salathé, EPFL, président du Comité de direction du Programme national de recherche «Covid-19», vendredi dernier à Berne.Image: KEYSTONE

Clarifier les rôles

L’accord contient un code définissant les tâches et les responsabilités des scientifiques. Tout comme la task force durant la crise du coronavirus, ce conseil consultatif:

  • Informe la politique sur l’état actuel des connaissances dans son domaine.
  • Elabore des scénarios.
  • Esquisse des mesures.

La volonté des deux parties de ne pas s’ingérer dans les tâches des autres est essentielle.

Le règlement assorti d’un accord pourrait suggérer que la coopération entre la politique et la science n’a pas fonctionné correctement pendant la pandémie. Marcel Tanner n'est pas de cet avis. L’épidémiologiste bâlois est cosignataire, a été membre de la première task force Covid et est président de l’association a+ academy.

Cet accord découle de différentes initiatives politiques datant de 2020, ce qui correspond au pic de la pandémie. Marcel Tanner estime:

«Et ce n'est pas parce que la task force et le Conseil fédéral ont mal travaillé ensemble»
Marcel Tanner sur la quatrième phase
Marcel Tanner.Image: Annette Boutellier / CC BY-SA 4.0

La collaboration n’était pas facile au début de la pandémie, mais c’est normal dans une crise comme celle-ci. Même les fermetures d’écoles, critiquées à l’époque par certains, n’ont pas posé de problème pour la coopération.

Il nous suffit désormais de tirer parti de l’expérience de la pandémie pour clarifier à l’avance le rôle et les responsabilités de la science et de la politique. «Cela montre plus clairement comment créer des groupes de travail en cas de crise.» Il est important d’avoir des règles claires sur les rôles de toutes les parties: la science, la Confédération et le canton, ce qui n’existait pas auparavant.

«Les scientifiques ne font pas de politique»

L'épidémiologiste Marcel Salathé affirme également que les interférences mutuelles entre politique et science n'ont pas été un problème majeur pendant la pandémie. «Les scientifiques ne faisaient pas de politique, et la politique ne faisait pas de science.» Cependant, la science participe au discours public et le professeur de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) trouve cette communication scientifique très productive:

«En fin de compte, la science a illustré les faits et la politique a pris des décisions. Cette compréhension des rôles a toujours été claire.»
Marcel Salathé

Les scientifiques ont été accusés par les opposants à la mesure d'avoir une trop grande assise en politique. Marcel Salathé n’y voit aucun conflit d’objectifs.

Marcel Salathe, EPFL, Praesident Leitungsgruppe NFP 78, spricht an der Abschlussmedienkonferenz des Nationalen Forschungsprogramms "Covid-19" (NFP 78) des Schweizerischen Nationalfonds (SNF) ...
Marcel Salathé.Image: KEYSTONE
«Il ne faut pas assimiler les relations publiques scientifiques à l’influence politique. La population a un intérêt légitime à entendre directement l’avis de la science.»
Marcel Salathé

La science nous dit ce que nous savons et ce que nous ne savons pas, ajoute Marcel Tanner. Il en résulterait alors des options d'action et une décision de politique sociale quant aux mesures à introduire.

Le code précise également que les découvertes scientifiques ne suffisent pas à elles seules pour prendre des décisions politiques. D’autres aspects tels que les valeurs et intérêts sociaux devraient également être pris en compte.

Réunions de cerveaux

Avant une crise, les organisations scientifiques forment des «clusters» pour certains sujets liés à la crise afin de pouvoir recruter plus rapidement des experts. Marcel Salathé estime, à propos de ces clusters:

«Il est très important d'établir une véritable collaboration entre la science et les autorités avant la crise, comme nous le proposons dans le rapport de synthèse du PNR 78 Covid-19.»

Les commissions consultatives ad hoc mises en place pendant la crise se distinguent des commissions extraparlementaires, «qui ont des fonctions différentes et sont peu efficaces en cas de crise», précise Marcel Tanner. En cas de crise, il faut de la rapidité.

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