Inutile de préciser qu’ils n’adorent pas les médias et qu’il a fallu gagner leur confiance, connaître un membre du groupe, attendre de cette personne qu’elle se porte garante, promettre sur l'honneur de ne pas fustiger, dénigrer, persifler. Ces nombreux échanges n’ont fait qu’accroître une grande curiosité de départ: à quoi peut bien ressembler un groupe de résistants (selon les termes de notre contact) à l’ère de la lutte anti-Covid?
La virée sans masque dans un centre commercial de Martigny, c’était eux. Ils appellent cela une «flash mob». Ils n’en sont ni fiers, ni spécialement contrits. «On essaie de réveiller les consciences, c’est tout». La manif’ de Sion, ils en étaient aussi. Ailleurs encore. «Nous prévoyons d’autres actions de désobéissance civile». Jusqu’où la désobéissance peut-elle s’affranchir d’une forme de violence? «Est-ce qu’on a l’air de gens violents», s’esclaffent-ils.
Ils nous ont donné rendez-vous sur une aire d’autoroute où ils sont presque tous venus, quinze personnes et un chien, un soir de mauvaise bise. Huit femmes, sept hommes. Jeans, doudounes et baskets pour la majorité. Le plus jeune avoue avoir 26 ans, le plus âgé 64 - mais à son rire canaille, on devine qu’il a trafiqué le compteur. Ils sont issus de milieux très différents (alimentation, médecine, sport, politique communale), aucun en situation de rupture, aucune fêlure (apparente ou déclarée).
C’est bien le plus frappant, pour des gens qui se revendiquent d'un commando spécial: tout paraît normal. Ils ne sont pas agressifs, à aucun moment, juste un peu crispés sur certains mots-clés (au hasard: médias, Berset, masque). Ils ont beaucoup d'humour et, pour certains, de l’autodérision. Ils sont complotistes, «c’est clair», «mais on ne pense pas que la terre est plate», rient-ils de bon cœur - «cela dit, allez savoir», s’insère une voix timide.
Ils disent «Corona-circus», «merdia» et «pensée unique». Surtout pensée unique: «Il est devenu interdit de penser par soi-même. Tout point de vue qui s’écarte de l’opinion officielle est accueilli avec mépris, quand ce n’est pas de la colère».
Ils forment une clandestinité fraternelle sur les réseaux sociaux, nom de code bucolique, 30 membres triés sur le volet. «On a dû créer un nouveau groupe car on a été infiltrés», assure Galeo, 36 ans. «Notre communauté s’est formée naturellement à force de discussions sur le Corona-circus», ajoute Zazou, «environ 30 ans».
Ils s’opposent farouchement au masque. «Je suis une ancienne aide-soignante, avoue Galeo. A l’hôpital, on portait le masque pour des opérations précises, puis on le jetait en lieu sûr. Là, je vais à l'hôpital presque tous les jours et je vois les poubelles grandes ouvertes, pleines de masques possiblement infectés, avec censément le virus le plus dangereux du monde. Vous ne voyez rien de bizarre? Je ne comprends pas pourquoi le personnel soignant ne réagit pas face au port du masque dont il sait pertinemment qu'il n'a aucun sens en dehors du milieu hospitalier».
Le dialogue s’engage instantanément:
Le ton est calme, sauf lorsque Arnold revient sur «la propagande de la pensée unique». «Les médias jouent un rôle proprement honteux. Ils répercutent la parole officielle sans laisser de place aux avis contraires». Il est question d’un professeur «sans cesse interrompu» à Infrarouge, de «scientifiques jamais interviewés dans les médias parce qu’ils contestent les chiffres, ou l'interprétation des chiffres».
Que font-ils des milliers de morts? «Les statistiques sont falsifiées. Elles mélangent les gens qui meurent du Covid et les gens qui meurent avec le Covid, par exemple des personnes âgées ou atteintes d’une maladie plus grave».
Pour s’opposer aux mesures, ils préconisent «la désobéissance civile, oui, absolument…» Leur but? «Tout simplement récupérer la liberté qu’on nous a ôtée il y a un an». La résistance «s'organise assez naturellement: une idée naît, nous la partageons sur le groupe et nous la lançons très vite».
C’est ainsi qu’est née la «flash mob» du 13 mars à Martigny.
Lire le compte-rendu de l'ATS.
La majorité participe à tous les rassemblements - «On ne dit plus manifestation car c’est interdit». Ils pensent qu’à Berne, la police est «venue avec les blindés et les robocops pour produire un effet dissuasif sur la population: il ne faut surtout pas que d’autres gens aient le courage de leurs opinions».
«D’ailleurs, à chaque action, la première réaction des flics est de nous séparer immédiatement du reste de la population. Tout ceci est hautement symbolique de ce que nous vivons depuis un an: on nous monte les uns contre les autres».
Ils ne se revendiquent d’aucune mouvance politique, ils ne sont pas davantage romantiques, ni babas, ni bobos. Même pas un chouilla idéalistes? «On sait très bien qu’on n’arrivera pas à changer le monde de cette façon. La prise de conscience doit devenir globale». «Au magasin, on aurait simplement voulu que des gens enlèvent leur masque et nous suivent. C’est une vision un peu naïve, je sais, mais au fond de moi, c’est tout ce que j’espérais».
Arrive Georges, 26 ans, un sourire un peu timide, une main dans la poche. Georges qui ne veut pas s’imposer mais «il faut que vous l’écoutiez», interviennent deux membres du groupe.
Ils lisent beaucoup, en général. Plus exactement: ils «se documentent». Arnold, 40 ans, n’a pas peur de dire que «la majorité de la population n’est malheureusement pas apte à comprendre la situation. Les médias et les discours officiels sont sa seule source d’information». Se sentent-ils plus intelligents? «Plus avancés», corrige Arnold.
Sans toujours s’entendre sur la définition (groupe d'action? Résistants?), ils réaffirment régulièrement leur appartenance. «On est des complotistes au sens où les gens l’entendent, c’est-à-dire qu’on ne croit pas ce qu’on nous raconte». Toujours le même leitmotiv: «On rejette la pensée unique».
Fatalement, certains en viennent aux théories de la conspiration et à l'œuvre «satanique» de Klaus Schwab, «The Great Reset». «Il suffit de lire le bouquin pour connaître l'avenir. Tout ce que nous vivons depuis un an y est scrupuleusement inscrit. C'est très troublant. Comme si tout avait été planifié depuis longtemps».
«On va poursuivre nos actions de désobéissance civile», s’enhardissent les aînés.
«Voilà, c’est juste», intervient vigoureusement Marlie, l’aînée de la bande. «En fait, nous ne sommes pas des complotistes. Simplement les gardiens des libertés humaines».
Dernière question avant de partir, réponse catégorique: promis-craché, aucun d’eux n’a eu le Covid.