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Covid-19

Comment le Covid a modifié le comportement des Suisses

Les conséquence de la pandémie n'est pas le même dans toutes les secteurs.
Les conséquences de la pandémie ne sont pas les mêmes dans tous les secteurs.image: Shutterstock

Comment la pandémie a durablement modifié notre comportement

On l'entend souvent: la société a changé depuis le coronavirus. Mais est-ce vrai? La pandémie a-t-elle eu un impact sur notre comportement? Oui, et ce, au moins dans une dizaine de domaines. La preuve en graphiques.
26.03.2023, 08:0526.03.2023, 10:55
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Il y a trois ans, la pandémie envahissait le monde et, il y a un an encore, nous nous débarrassions des dernières mesures sanitaires. Mais aujourd'hui, douze bons mois plus tard, le Covid semble avoir disparu de la plupart des mémoires.

A quel point notre vie est-elle redevenue «normale»? Notre mobilité, nos loisirs et nos habitudes alimentaires ont-ils changé? Nous avons analysé les données de différents secteurs.

Le trafic ferroviaire

Les chiffres de kilomètres par voyageurs d'avant la pandémie n'ont pas encore été atteints par les CFF. Depuis mars 2020, aucun mois n'a pu égaliser les niveaux de 2019. En janvier 2023, 97,7% de kilomètres par passagers ont été recensés par rapport à janvier 2019.

Les CFF ressentent encore les effets du télétravail. «Le trafic pendulaire est encore légèrement inférieur au niveau pré-Covid. Le trafic de loisirs était déjà légèrement au-dessus fin 2022», écrit l'ex-régie fédérale.

Et qu'en est-il de l'abonnement général (AG)? Depuis 2004, l'évolution de la circulation de l'AG a légèrement augmenté pratiquement chaque année, jusqu'au point culminant de 2019 avec environ 500 000 abonnements. Après le recul enregistré pendant les deux années pandémiques, le nombre d'utilisateurs a de nouveau augmenté en 2022 et se situe actuellement au niveau de 2011.

La situation est différente pour le demi-tarif. Pour ce dernier, les abonnements en circulation en 2020 ont pu maintenir les chiffres de 2019, depuis 2021 les ventes augmentent et ont atteint en 2022 un record provisoire de presque trois millions d'utilisateurs.

La circulation routière

Outre le train, nombreux sont ceux qui utilisent la voiture pour les loisirs et les déplacements quotidiens. Le poste de comptage de l'Office fédéral des routes (Ofrou) près de l'autoroute A1 est l'un de ceux où la circulation est la plus dense. Le trafic automobile y a certes également baissé pendant la pandémie de coronavirus, mais pas autant que pour les CFF. Là aussi, le niveau d'avant Covid a presque été retrouvé.

Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en mars, avril et mai 2020. Pendant la deuxième vague d'octobre, novembre et décembre, le trafic n'a que peu baissé.

Mais ce qui est intéressant, c'est que sur une base mensuelle, aucun mois de 2022 n'a pu dépasser les chiffres de 2019.

Le transport aérien

Le trafic aérien a été pratiquement à l'arrêt pendant la pandémie. A l'aéroport de Zurich, le nombre de passagers s'est effondré entre le mois record de juillet 2019 (3,15 millions) et avril 2020 (26 913). Depuis, le trafic aérien s'est certes redressé, mais il reste encore bien en dessous des valeurs d'avant la période du coronavirus. Ainsi, en janvier 2023, on comptait 1,73 million de passagers, contre 2,01 millions en janvier 2020.

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Image: watson

Même en comparaison avec les années précédentes, 2022 est encore nettement en retard sur 2019. Que ce soit en termes de nombre de passagers ou de mouvements aériens. Toutefois, l'aéroport de Zurich tient à nuancer: «En raison du faible nombre de passagers au premier trimestre 2022, les valeurs sont encore inférieures à celles d'avant la pandémie, mais elles dépassent les prévisions établies au début de l'année 2022».

Le secteur aérien se rétablira-t-il complètement? Bernd Bauer, CEO d'Edelweiss et d'Eurowings discover, a récemment déclaré dans l'émission Eco-talk de la SRF: «Sur les courts et moyens courriers, nous pouvons certainement retrouver le niveau d'avant Covid. Nous avons également deux avions de plus en service qu'avant. Sur le long-courrier, les réservations sont encore plus modérées».

Mais ce qui est aussi passionnant, c'est que selon Bauer, ce n'est pas la demande qui pose problème, mais aussi l'offre: «C'est une interaction entre l'offre et la demande, et pour le moment, l'offre est encore nettement réduite. De très nombreuses compagnies aériennes n'ont pas encore retrouvé toute leur capacité en vol et ne peuvent pas proposer la même offre qu'avant la crise».

«La demande revient plus vite que nous ne sommes en mesure de mettre les capacités sur le marché»
Bernd Bauer, CEO d'Edelweiss et d'Eurowings discover

Le tourisme

De même que nous prenons à nouveau l'avion et voyageons davantage à l'étranger, la Suisse est redevenue une destination touristique. Fin février, Suisse tourisme a informé que «pour l'année 2022, le tourisme helvétique a retrouvé son niveau d'avant la pandémie sur certains marchés».

Les visiteurs français, en particulier, ont été plus nombreux qu'avant la pandémie. De manière générale, les chiffres en provenance d'Europe atteignent à nouveau le niveau précédent. Les visiteurs britanniques sont un peu à la traîne, avec une baisse de 16,8% par rapport à 2019. Le Brexit, la crise économique et l'inflation record en sont les raisons.

En dehors de l'Europe, les visiteurs d'Asie du Sud-Est, des pays du Golfe et d'Amérique du Nord ont plus ou moins retrouvé leur niveau d'avant Covid. Il en va tout autrement de la Chine. Alors qu'en 2019, 1,85 million de Chinois visitaient encore notre pays, ils n'étaient plus que 200 000 en 2022. Mais là aussi, une amélioration est en vue: depuis début décembre 2022, Cathay pacific propose par exemple à nouveau des vols hebdomadaires de Hong Kong à Zurich.

Outre les voyageurs étrangers, ce sont surtout les vacanciers locaux qui font la joie des régions touristiques: 21,1 millions de nuitées de Suisses représentent non seulement une augmentation de 17,5% par rapport à 2019, mais aussi un nouveau record de visiteurs indigènes. Pendant la pandémie, les Suisses ont redécouvert leur propre pays. Reste à savoir combien de temps cette tendance va durer.

L'hôtellerie

Tout comme le tourisme, l'hôtellerie se réjouit du retour à la normale. En 2022, 38,2 millions de nuitées ont été enregistrées dans les hôtels suisses, soit à peine moins qu'en 2019 (39,6 millions).

La reprise persistante rend le secteur confiant, même si des défis tels que le manque de personnel qualifié restent un sujet de préoccupation. Le président d'HotellerieSuisse, Andreas Züllig, constate: «L'année 2022 peut être qualifiée d'année de reprise. Même si nous n'avons pas encore atteint le niveau d'avant la crise, nous jetons un regard sur une année réussie, bien que turbulente».

Dans les villes, il manque encore environ 6% de clients dans les hôtels par rapport à 2019, alors que dans les destinations de vacances classiques, ce chiffre n'est plus que de 0,5%.

Avec plus de 100 000 chambres d'hôtel, les membres du réseau d'HotellerieSuisse proposent actuellement environ 70% de l'offre totale d'hébergement en Suisse.

La restauration

Le chiffre d'affaires de la restauration suisse s'est effondré de plus de quatre milliards de francs à 11,2 milliards au cours de la première année de la pandémie, en raison des longues fermetures forcées. En 2021, le chiffre d'affaires était même inférieur de 40% à celui des années précédant la pandémie, selon Gastro Suisse.

Depuis le deuxième trimestre 2022, le secteur semble se redresser quelque peu. C'est du moins ce qu'indiquent les dépenses des ménages suisses: selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS), les dépenses pour les repas dans les restaurants, les cafés et les bars ont retrouvé leur niveau d'avant la pandémie.

Mais pour de nombreux établissements, la reprise arrive trop tard. En 2022, il y a eu pour la première fois en Suisse plus de faillites d'entreprises de restauration (2935) que de créations (2445). «Il s'agit d'une réaction retardée aux aides de l'Etat pendant la pandémie de Covid-19», explique Peter Herzog, expert en gastronomie, pour expliquer ce premier recul. Si la Confédération et les cantons n'avaient pas apporté une aide immédiate sous forme de crédits et de réglementations pour les cas de rigueur, le phénomène aurait été beaucoup plus rapide.

Les cinémas

Le secteur cinématographique suisse ne se remet que très lentement de la pandémie de Corona. En 2022, les cinémas suisses ont enregistré 8,7 millions d'entrées. C'est presque deux tiers de plus que l'année précédente, mais cela ne représente encore que 70% par rapport au niveau d'avant la pandémie.

René Gerber, secrétaire général de Pro cinéma, est néanmoins satisfait: «C'est un pas dans la bonne direction», a-t-il déclaré mi-janvier. 2022 a été la première année à peu près normale depuis la pandémie. Le flux de spectateurs est certes encore plus faible, mais l'exploitation s'est normalisée. L'association ne s'attend à une reprise complète qu'à partir de 2024 environ.

L'année aurait pu être encore meilleure si l'été n'avait pas été aussi beau. Il manque aussi les grands blockbusters qui ne sont pas sortis comme prévu en raison de la pandémie. Toujours est-il qu'avec Avatar 2, les cinémas suisses ont quand même eu un succès au box-office qui a largement contribué au bon résultat de l'année. Le film, sorti en décembre 2022, occupe désormais la troisième place des films les plus populaires de tous les temps.

Les centres de fitness

Les centres de fitness n'ont pas non plus eu la vie facile pendant la pandémie. Ils ont dû fermer leurs portes pendant une longue période et se conformer ensuite à des mesures d'hygiène strictes. Conséquence: de nombreux adeptes du fitness ont résilié leur abonnement et modifié leurs habitudes d'entraînement.

Ainsi, les centres de fitness en Suisse comptaient en mars 2022 environ 16% de membres en moins qu'à la fin 2019, comme l'a montré une étude de l'association professionnelle Swiss active en septembre 2022. Selon la Fédération suisse des centres de fitness et de santé (FSCF), ce sont surtout les petites salles qui souffrent de la perte de membres.

Les plus grands prestataires s'en sortent mieux: «Notre nombre de membres se situe actuellement autour de 250 000, ce qui est légèrement supérieur au niveau de 2019», explique Silvia Talabér de Movemi AG, la filiale de Migros à laquelle appartiennent les Fitnessparcs Migros et Activ fitness.

Selon l'étude de Swiss active, ce sont surtout les personnes de plus de 60 ans qui ont résilié leur abonnement ou ne l'ont pas renouvelé dans les plus petits centres. Au premier trimestre 2022, le nombre d'abonnés a toutefois de nouveau légèrement augmenté dans toute la Suisse. La prochaine édition de l'étude, en juin prochain, montrera si cette tendance se maintient.

Les méthodes de paiement

La pandémie a fortement influencé le comportement de paiement des Suisses. Comme le montre une étude du portail de comparaison Hellosafe, seul un achat physique sur trois a été payé en espèces l'année dernière. Avant la pandémie, c'était encore le cas d'une personne sur deux.

Depuis 2021, le mode de paiement physique le plus fréquent est la carte de débit. Environ 36% de tous les achats sont effectués avec une telle carte, mais la tendance est légèrement à la baisse. En effet, les Suisses paient de plus en plus souvent avec leur téléphone portable. Près de 10% des achats physiques sont désormais à mettre sur le compte de Twint, Apple ou Google pay. En 2019, ce chiffre était encore six fois moins élevé.

En ce qui concerne les achats en ligne, le paiement avec un appareil mobile a même connu une croissance encore plus forte. En 2022, plus de la moitié des Suisses (51,3%) ont payé leurs achats en ligne avec leur téléphone portable, soit trois fois plus qu'en 2019.

En revanche, les paiements en ligne par carte sont en recul: en 2022, seul 1,9% des Suisses ont payé sur Internet avec leur carte de débit. Avec une carte de crédit, ils sont encore près de onze pour cent. Le recul depuis 2019 est toutefois de 67 pour cent.

En revanche, la vénérable facture n'a que peu perdu de terrain. Près d'un quart de la population suisse règle ses transactions en ligne de cette manière. Ce mode de paiement est toujours très apprécié, surtout pour les montants élevés.

Manifestation autorisée contre les mesures Covid à Berne
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Manifestation autorisée contre les mesures Covid à Berne
source: sda / peter schneider
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