Swisscom, La Poste, Rolex, les grandes entreprises helvétiques annulent leurs repas de fin d'année en cascade. Il faut dire que le contexte n'est pas favorable: des statistiques qui titillent les 10 000 cas par jour, un nouveau variant qui se balade et le Conseil fédéral qui prépare de nouvelles mesures pour freiner la cinquième vague.
Alors, faut-il suivre le mouvement et annuler tous les soupers de boîte? «Il est très clair qu'avec le variant Delta, même les gens vaccinés peuvent être porteurs du virus donc ils contribuent à propager l'épidémie», rappelle Philippe Eggimann, président de la société médicale de Suisse romande. L'infectiologue poursuit:
Il y a pourtant une solution acceptable médicalement pour espérer maintenir la grande sauterie de fin d'année. «Si vous êtes vaccinés ou guéris et testés, là, c'est la ceinture et les bretelles. Ce serait un compromis tout à fait défendable et, dans ce cas-là, le risque est minime», affirme le spécialiste, tout en précisant que les tests PCR ne sont fiables qu'à 90% environ.
Si le médecin met en avant cette solution de secours, c'est parce qu'il souligne l'importance de maintenir le lien entre les employés dans une entreprise. «Les événements de convivialité sont super importants pour l'ambiance de travail. Surtout en ce moment. Nous vivons une période où il faut redonner de la convivialité, de la lumière aux gens», confirme Isabelle Laugier, médiatrice en entreprise chez IML coaching et médiation.
Elle observe que ce repas partagé en dehors des relations habituelles de travail permet de faciliter les relations professionnelles le reste de l'année. Malgré l'importance que peut revêtir un tel événement dans la vie de l'entreprise, Isabelle Laugier invite les directions à ne mettre aucune pression sur leurs employés pour qu'ils participent:
Philippe Eggimann va dans le même sens. «Il y a une discussion à avoir au sein de l'entreprise pour mettre le moins possible de contraintes sociales et professionnelles sur les gens. Sinon, vous avez le risque de contraindre certains qui ne seront pas à l'aise».
Si Blaise Matthey, directeur général de la fédération des entreprises romandes, comprend cette prudence, il nuance: «Si vous dites aux gens, sentez-vous libres, autant leur dire que vous annulez. Il y a peu de sens de faire un tel événement s'il y a beaucoup d'absents».
De son côté, la FER a décidé de repousser son souper de fin d'année, notamment à cause de nombreux désistements et du fait que les nouvelles mesures du Conseil fédéral risquaient de chambouler l'esprit des festivités. Mais Blaise Matthey ne recommande pas pour autant de généraliser la mesure:
Malgré tout, le directeur général de la FER reconnaît qu'il est important de marquer le coup, d'une manière ou d'une autre, en fin d'année. «Pour nous, ce sera symbolique, mais les symboles ont un rôle important dans la cohésion des entreprises».
Isabelle Laugier approuve. «Même si le repas de Noël est annulé, il y a d'autres solutions. On peut faire quelque chose à distance ou en plein air». Au cours des différentes vagues, certaines entreprises avaient, par exemple, fait envoyer des paquets apéritifs au domicile de leurs employés. «Il faut faire preuve d'imagination. Mais c'est positif parce que cela va nous pousser à renouveler nos traditions».