Appel à la création d'un registre fédéral répertoriant les cas de Covid long dans le SonntagsBlick, espoir d'une diminution des symptômes après une double vaccination, malgré la sensibilisation des experts, le Covid long reste encore un mystère pour les chercheurs et le corps médical. En effet, comment cerner cette nouvelle maladie qui peut avoir de multiples symptômes variant de jour en jour et pouvant durer plusieurs mois? watson a interrogé deux experts et fait le point sur les connaissances actuelles.
«Vous connaissez l'histoire de cet homme dont le pénis a rétréci de 4 cm à cause du Covid?» Non, ce n'est pas une blague potache, mais bel et bien ce qui est arrivé à un Américain d'une trentaine d'années à la suite de son infection. Selon les urologues interviewés par Slate, le Covid peut provoquer des dysfonctionnements érectiles et même un rétrécissement de la verge. Pour le professeur Bernard Favrat d'Unisanté à Lausanne, ce trouble «n'est pas inattendu», car les conséquences émotionnelles du Covid long peuvent avoir des répercussions sur la fonction érectile, mais ce n'est pas un symptôme fréquent pour autant. Celui qui est également responsable de la consultation COVID long à Unisanté met l'accent sur la complexité de la maladie:
Cette complexité a été découverte au fil du temps. À l'hôpital du Valais, Pierre-Olivier Bridevaux explique que les premières préoccupations du corps médical étaient liées aux problèmes respiratoires, mais face à la variété des symptômes, la prise en charge multidisciplinaire de la maladie s'est imposée. Les deux spécialistes expriment aussi leur surprise face à la fréquence de ces symptômes au sein de la population.
On en sait aussi un peu plus sur le profil des patients qui souffrent de Covid long. Selon le rapport d'Unisanté publié en novembre 2021, ce sont majoritairement des femmes (60%), âgées de 36 à 55 ans et qui ont été infectées lors de la deuxième vague de Covid-19. Et autant désamorcer la question que certains peuvent se poser: les patients qui développent un Covid long ne souffraient pas forcément de problèmes psychologiques antérieurs. Pour le professeur Bernard Favrat, il est important de déculpabiliser les patients.
Et son confrère de l'hôpital du Valais d'ajouter qu'il voit majoritairement des personnes qui étaient en bonne santé ou du moins dans un état de santé comparable à celui de la population générale du même âge. Plus insidieux, le Covid long touche les personnes qui n'ont pas eu de forme aiguë de l'infection.
De son côté, Unisanté relève un paradoxe étonnant concernant les profils de ses patients.
Comment expliquer ce paradoxe? Bernard Favrat, qui ne cache pas son étonnement, explique qu'il y a probablement des aspects immunitaires, génétiques et hormonaux qui rentrent en ligne de compte dans le développement de la maladie. Mais aucune certitude pour l'instant.
Grande fatigue, maux de tête et difficultés de concentration, comment ces personnes peuvent-elles retourner au travail avec de tels symptômes?
Son confrère vaudois ajoute qu'il y a une baisse de rendement de près de 50% chez les patients atteints de Covid long.
Pour le médecin vaudois, il faut éviter au maximum le stress professionnel, car il peut aggraver la situation. De ce fait, la reprise du travail doit être progressive. Il ajoute que les employeurs doivent être mieux informés face à cette situation. La prise en charge de cette maladie chronique sera-t-elle le nouveau défi de l'assurance invalidité? Pour Pierre-Olivier Bridevaux de l'hôpital du Valais, il n'y a pas de doute.
Selon le pneumologue, un monitoring ou surveillance épidémiologique du syndrome du Covid long au niveau fédéral est indispensable. «Il faudrait penser à un système de monitorage des absences au travail, par exemple, et arriver à relier ça avec l’histoire d’infection des individus.»
Le tableau n'est pas si noir, car des thérapies existent déjà et donnent des résultats encourageants. À l'hôpital du Valais et de Rennaz, on constate une «amélioration clinique importante» après une prise en charge de la respiration dysfonctionnelle par des physiothérapeutes. A Unisanté, on souligne aussi l'efficacité des traitements actuels.
Bonne nouvelle en guise de conclusion de la part du professeur vaudois: la majorité des symptômes s'améliorent nettement ou disparaissent après six mois.