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Covid-19

Covid long: 4 points pour comprendre cette nouvelle maladie

Les premières préoccupations du corps médical concernant le Covid long étaient liées aux problèmes respiratoires.
Les premières préoccupations du corps médical concernant le Covid long étaient liées aux problèmes respiratoires.Image: Shutterstock

Et si le Covid long était la véritable prochaine vague?

Il y a près d'une année, le corps médical découvrait des symptômes persistants après une infection au coronavirus. Maux de tête, grande fatigue, essoufflements, le Covid long faisait alors son apparition. En sait-on plus aujourd'hui? Le point avec un expert d'Unisanté et de l'hôpital du Valais.
20.01.2022, 05:4820.01.2022, 12:07
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Appel à la création d'un registre fédéral répertoriant les cas de Covid long dans le SonntagsBlick, espoir d'une diminution des symptômes après une double vaccination, malgré la sensibilisation des experts, le Covid long reste encore un mystère pour les chercheurs et le corps médical. En effet, comment cerner cette nouvelle maladie qui peut avoir de multiples symptômes variant de jour en jour et pouvant durer plusieurs mois? watson a interrogé deux experts et fait le point sur les connaissances actuelles.

Troubles érectiles et souffle court

«Vous connaissez l'histoire de cet homme dont le pénis a rétréci de 4 cm à cause du Covid?» Non, ce n'est pas une blague potache, mais bel et bien ce qui est arrivé à un Américain d'une trentaine d'années à la suite de son infection. Selon les urologues interviewés par Slate, le Covid peut provoquer des dysfonctionnements érectiles et même un rétrécissement de la verge. Pour le professeur Bernard Favrat d'Unisanté à Lausanne, ce trouble «n'est pas inattendu», car les conséquences émotionnelles du Covid long peuvent avoir des répercussions sur la fonction érectile, mais ce n'est pas un symptôme fréquent pour autant. Celui qui est également responsable de la consultation COVID long à Unisanté met l'accent sur la complexité de la maladie:

«Les patients que nous recevons en consultation souffrent majoritairement de fatigue chronique et d'essoufflements. On observe aussi de nombreux cas de perte de l'odorat ou des symptômes multisystémiques qui regroupent des maux de tête, une grande fatigue, des troubles de la mémoire et des insomnies par exemple. La diversité et l'ampleur des symptômes montrent qu'il s'agit d'une maladie complexe.»
Professeur Bernard Favrat, responsable de la consultation COVID long, Unisanté

Cette complexité a été découverte au fil du temps. À l'hôpital du Valais, Pierre-Olivier Bridevaux explique que les premières préoccupations du corps médical étaient liées aux problèmes respiratoires, mais face à la variété des symptômes, la prise en charge multidisciplinaire de la maladie s'est imposée. Les deux spécialistes expriment aussi leur surprise face à la fréquence de ces symptômes au sein de la population.

«Au début, on ne pouvait pas prédire l'intensité de la demande, mais j'ai été surpris du nombre de patients qui venaient consulter. Honnêtement, je pensais qu'on serait confronté à ce problème durant quelques mois seulement»
Professeur Pierre-Olivier Bridevaux, chef du Service de Pneumologie du centre hospitalier du Valais romand

Des femmes sans antécédents médicaux

On en sait aussi un peu plus sur le profil des patients qui souffrent de Covid long. Selon le rapport d'Unisanté publié en novembre 2021, ce sont majoritairement des femmes (60%), âgées de 36 à 55 ans et qui ont été infectées lors de la deuxième vague de Covid-19. Et autant désamorcer la question que certains peuvent se poser: les patients qui développent un Covid long ne souffraient pas forcément de problèmes psychologiques antérieurs. Pour le professeur Bernard Favrat, il est important de déculpabiliser les patients.

«La grande majorité de nos patients n'ont pas d'antécédents médicaux. Un Covid long peut provoquer du stress ou de l'anxiété. Imaginez, vous perdez tout à coup un tiers de votre capacité énergétique! Mais cela est une conséquence et non la cause de la maladie.»
Professeur Bernard Favrat, responsable de la consultation COVID long, Unisanté

Et son confrère de l'hôpital du Valais d'ajouter qu'il voit majoritairement des personnes qui étaient en bonne santé ou du moins dans un état de santé comparable à celui de la population générale du même âge. Plus insidieux, le Covid long touche les personnes qui n'ont pas eu de forme aiguë de l'infection.

«On observe que le 3/4 des patients qui se présentent en consultation ont eu un Covid dit ''léger'' et n’ont pas été hospitalisés»
Pierre-Olivier Bridevaux, chef du Service de Pneumologie du centre hospitalier du Valais romand

De son côté, Unisanté relève un paradoxe étonnant concernant les profils de ses patients.

«Des femmes en bonne santé qui ont eu des symptômes légers développent un Covid long, alors qu'il y avait une majorité d'hommes hospitalisés aux soins intensifs»
Professeur Bernard Favrat, responsable de la consultation COVID long, Unisanté

Comment expliquer ce paradoxe? Bernard Favrat, qui ne cache pas son étonnement, explique qu'il y a probablement des aspects immunitaires, génétiques et hormonaux qui rentrent en ligne de compte dans le développement de la maladie. Mais aucune certitude pour l'instant.

Incapacité de travail

Grande fatigue, maux de tête et difficultés de concentration, comment ces personnes peuvent-elles retourner au travail avec de tels symptômes?

«Le Covid long est un potentiel problème de santé publique, car il altère la capacité à travailler»
Pierre-Olivier Bridevaux, chef du Service de Pneumologie du centre hospitalier du Valais romand

Son confrère vaudois ajoute qu'il y a une baisse de rendement de près de 50% chez les patients atteints de Covid long.

«Une personne sur trois nous dit qu'elle n'arrive plus à travailler comme avant et doit diminuer son taux»
Professeur Bernard Favrat, responsable de la consultation COVID long, Unisanté

Pour le médecin vaudois, il faut éviter au maximum le stress professionnel, car il peut aggraver la situation. De ce fait, la reprise du travail doit être progressive. Il ajoute que les employeurs doivent être mieux informés face à cette situation. La prise en charge de cette maladie chronique sera-t-elle le nouveau défi de l'assurance invalidité? Pour Pierre-Olivier Bridevaux de l'hôpital du Valais, il n'y a pas de doute.

«Dans le domaine des assurances, il n'y a rien qui est encore reconnu comme le serait un cancer ou un asthme professionnel. La question se posera quand des personnes devront faire des demandes AI ou lorsqu'elles auront des difficultés à faire reconnaître leur incapacité de retour au travail.»
Pierre-Olivier Bridevaux, chef du Service de Pneumologie du centre hospitalier du Valais romand

Mais qu'est-ce qu'un asthme professionnel?

L'asthme professionnel est l'apparition d'un asthme (ou l'aggravation de l'asthme pré-existant) lié à une exposition professionnelle. Les symptômes se développent généralement après des mois ou des années de sensibilisation à un allergène présent sur le lieu de travail.
Manuel Merck de diagnostic et thérapeutique

Selon le pneumologue, un monitoring ou surveillance épidémiologique du syndrome du Covid long au niveau fédéral est indispensable. «Il faudrait penser à un système de monitorage des absences au travail, par exemple, et arriver à relier ça avec l’histoire d’infection des individus.»

Pronostic favorable

Le tableau n'est pas si noir, car des thérapies existent déjà et donnent des résultats encourageants. À l'hôpital du Valais et de Rennaz, on constate une «amélioration clinique importante» après une prise en charge de la respiration dysfonctionnelle par des physiothérapeutes. A Unisanté, on souligne aussi l'efficacité des traitements actuels.

«Ce syndrome entraîne un dysfonctionnement entre le cerveau et la mécanique ventilatoire. Après plusieurs mois de traitement en physiothérapie respiratoire, nous avons de bons résultats»
Professeur Bernard Favrat, responsable de la consultation COVID long, Unisanté

Bonne nouvelle en guise de conclusion de la part du professeur vaudois: la majorité des symptômes s'améliorent nettement ou disparaissent après six mois.

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