Suisse
Covid-19

Les hôpitaux suisses sont surchargés malgré la baisse de patients

Un personnel important est nécessaire pour traiter les patients Covid aux soins intensifs.
Un personnel important est nécessaire pour traiter les patients Covid aux soins intensifs.image: sda

Pourquoi les hôpitaux sont pleins malgré la baisse de patients

Les hôpitaux des quatre coins du pays tirent la sonnette d'alarme. Pourtant, par rapport à l'année dernière, il y a moins de cas de Covid dans les unités de soins intensifs. Comment expliquer ce phénomène paradoxal?
04.12.2021, 17:1406.12.2021, 12:12
Dennis Frasch
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Comme une impression de déjà vu. Les titres d’actualité se répètent, les appels des politiques se répètent, les cris d'alarme des unités de soins intensifs se répètent: tout rappelle la vague de l’automne 2020.

Peter Steiger, directeur adjoint de l’Institut de médecine intensive de l’Hôpital universitaire de Zurich, a annoncé mercredi au micro de la radio SRF1: «Dans le canton de Zurich, il n'y a plus de lits disponibles dans les unités de soins intensifs».

En consultant les chiffres sur le graphique ci-dessous, on constate que les unités de soins intensifs à Saint-Gall, à Soleure, en Valais et à Schwyz sont également pleines.

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Image: datawrapper

Stephan Jakob, médecin-chef de médecine intensive à l’Hôpital universitaire de Berne, en est déjà certain: «Le tri vacciné – non-vacciné va arriver».

Tout se répète, certes, mais la situation de départ est différente. Une majorité de la population est entièrement vaccinée. Le nombre d'infections est aussi élevé que lors du pic de l'automne 2020, mais le nombre d'hospitalisations est inférieur de moitié. Pourtant, les services de soins intensifs sont pleins. Comment cela est-il possible ?

Les chiffres se contredisent

La situation actuelle devrait apporter de l'eau au moulin des opposants à la vaccination. La vaccination ne devait-elle pas empêcher la saturation des hôpitaux?

Si, elle devrait. Et c’est ce qu’elle fait. La situation actuelle dans les hôpitaux n'est pas uniquement due au Covid. Du moins, pas directement.

Tout d’abord, penchons-nous sur les données. A première vue, il semblerait en effet que quelque chose ne colle pas. Le nombre d'hospitalisations (c'est-à-dire le nombre de nouveaux patients dans les hôpitaux) est actuellement encore loin de celui de l'automne 2020.

Dans les unités de soins intensifs également, on ne constate pas de forte augmentation du nombre de patients Covid – que ce soit au niveau national ou dans les cantons fortement sollicités, comme Zurich et Saint-Gall.

Pourtant, si on regarde les pourcentages, le résultat est complètement différent. Le taux d'occupation des unités de soins intensifs n'a jamais été aussi élevé depuis le début de la pandémie.

Le facteur humain est oublié

Cette contradiction s'explique facilement: il n'y a tout simplement plus autant de lits de soins intensifs mis à disposition. A Zurich, il y en avait encore plus de 300 l'année dernière. Cette année, il en reste à peine 190.

Au niveau national, le nombre de lits de soins intensifs a également diminué. L’année dernière à la même période, il y en avait encore plus de 1100, contre à peine 870 aujourd'hui.

Un autre argument que les anti-vaccins aiment mettre en avant est le suivant: en supprimant constamment des lits de soins intensifs, le gouvernement maintiendrait artificiellement la pandémie en vie. Pour soutenir ces propos, ils s'appuient sur les données de l'OFSP – toutefois, ces données sèment une certaine confusion.

En réalité, aucun lit de soins intensifs certifié n'a été supprimé. Ni à Zurich, ni dans l'ensemble de la Suisse. Franziska von Arx, présidente de la Société suisse de médecine intensive (SSMI), a déclaré à la NZZ que le nombre de lits de soins intensifs certifiés s'est élevé à environ 870 pendant toute la pandémie. Le Conseil d'Etat zurichois a fait la même déclaration jeudi: «Le nombre de lits de soins intensifs certifiés dans les hôpitaux zurichois n'a pas diminué de manière significative au cours de la pandémie. Il s’est toujours situé aux alentours de 190 lits.»

Tous les autres lits sont des lits de réserve non certifiés, également appelés «lits ad hoc», pour lesquels les règles sont moins strictes. Des centaines de lits de réserve avaient été mis à disposition lors de la première et de la deuxième vague, mais plus maintenant. La raison en est simple: la surcharge du système de santé ne se mesure pas en lits, mais en capacité de personnel.

En d'autres termes, cela signifie que le personnel de santé ne peut et ne veut plus. Franziska von Arx affirme qu'environ 10 à 15% des «experts en soins intensifs» ont démissionné depuis le début de la pandémie. D'autres ont réduit leur temps de travail. «Le facteur qui limite les unités de soins intensifs est le personnel. Nous ne pouvons plus augmenter les capacités d’admission sans augmenter le personnel», explique également le Grand Conseil zurichois.

Le diable est dans les détails

Lors des vagues précédentes, on a pu puiser dans la réserve grâce à la bonne volonté du personnel soignant. Au début de la pandémie, il y avait encore beaucoup d'engagement de la part des soignants. Ils ont, par exemple, renoncé à leurs vacances. Des retraités sont également venus à la rescousse pour donner un coup de main, explique Stephan Jakob de l’Hôpital universitaire de Berne. Mais actuellement, ce n'est plus le cas.

Il est donc inutile de mettre à disposition des lits de réserve. A l'heure actuelle, le personnel ne suffit même pas à prendre en charge les lits de soins intensifs certifiés. Le personnel suffit pour 750 à 800 lits, estime Hans Pargger, directeur de l'unité de soins intensifs de l'Hôpital universitaire de Bâle, dans la NZZ. «Toutes les admissions en plus entraînent déjà des réductions de prise en charge standard ou le report d'interventions planifiées».

Le besoin accru en personnel pour les patients Covid en est la cause. Il faut 1,5x plus de personnel soignant que pour les patients de soins intensifs «normaux», estime Franziska von Arx.

Cela signifie également que les patients «non-Covid» aux soins intensifs doivent attendre partout où c'est possible. Cette réalité est bien visible dans le graphique ci-dessus: si la proportion de patients Covid augmente, celle des autres cas de soins intensifs diminue.

Le «tri silencieux»

Enfin, le «tri silencieux» contribue également à ce que le nombre de patients Covid dans les unités de soins intensifs reste encore relativement faible.

Le tri silencieux résulte d'un manque de soins, qui se produit toujours lorsqu'un hôpital manque de lits en soins intensifs ou que le transfert vers d'autres hôpitaux ne fonctionne pas correctement. «Dans ce cas, les patients sont par exemple pris en charge dans les services normaux alors qu'ils devraient être admis aux soins intensifs», a déclaré l'éthicienne médicale Tanja Krones à la NZZ.

Dans certains cas, ils ne sont même plus admis à l'hôpital. C'est le cas l'année dernière, lorsque le canton de Zurich a donné pour instruction de ne transférer les patients des homes que sous certaines conditions.

En résumé, on peut donc dire que les services de soins intensifs sont saturés, malgré un nombre de cas de Covid inférieur à celui des dernières vagues. La vaccination et le tri (silencieux) évitent probablement pour le moment un effondrement total du système de santé. Les lits de réserve ne peuvent plus être exploités en raison d’un manque accru de personnel.

La question de savoir combien de temps cette stratégie à haut risque va durer reste actuellement sans réponse. Le pic d'infections ne semble pas encore être atteint. De plus, les hospitalisations et les transferts vers les unités de soins intensifs ont toujours plusieurs jours de retard sur le nombre de cas annoncés.

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

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