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Le capteur CO2 sera-t-il la grande star de la nouvelle année scolaire?

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Le capteur CO2 sera-t-il la grande star de la nouvelle année scolaire?

A l’orée du retour sur les bancs d’école, des syndicats d’enseignants exigent la généralisation des capteurs CO2 dans les classes. Comment ça marche? Combien ça coûte?
11.08.2021, 06:0013.08.2021, 09:43
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Equiper toutes les salles de classe du pays pour avertir qu’il est temps d’aérer la pièce: c’est la revendication de deux syndicats d’enseignants. Lors d’une conférence de presse lundi, ils ont affirmé que c’était une bonne façon de protéger la santé des élèves, des enseignants et des autres membres du personnel des écoles.

L’idée de placer des capteurs de CO2 dans les écoles n’est toutefois pas nouvelle. La task force de la Confédération en parlait en avril dernier déjà, watson aussi. Reste que, la rentrée scolaire approchant, la question de la qualité de l’air et de l’aération des classes reviennent en force.

Dans le monde scientifique, un consensus

Dans les milieux scientifiques, tout le monde ou presque est d’accord: une aération déficiente des locaux fermés génère des risques, la charge virale augmentant proportionnellement avec la dégradation de la qualité de l’air.

«En respirant, en parlant, en criant, en chantant, en toussant et en éternuant, nous excrétons tous des gouttelettes plus ou moins grandes. Chez les personnes infectées, ces gouttelettes contiennent le coronavirus»
L’Office fédéral de la Santé publique, sur le site de la Confédération, www.aerer-les-ecoles.ch

Ces capteurs, à quoi ils servent?

Concrètement, il s’agit d’un petit appareil muni d’un capteur et d’un écran. Le premier mesure et le dernier indique la concentration de CO2 dans l’air. Celle-ci est calculée en «partie par million» (ppm). Cette unité permet de savoir combien de molécules de polluant (ici, le CO2 que l’humain rejette en respirant) on trouve sur un million de molécules d’air.

Quelques exemples de capteurs

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«Ils fournissent continuellement des informations sur la qualité de l’air et permettent de prendre immédiatement les mesures appropriées, comme ouvrir les fenêtres ou sortir temporairement de la pièce (…) Ces capteurs constituent un outil supplémentaire pour réduire les risques de transmission du Covid qui est simple et peu coûteux, mais qui a été jusqu’à présent fortement sous-utilisé. Leur utilisation pourrait contribuer à maintenir les écoles ouvertes même lors d’une aggravation de la situation épidémiologique»
La task force de la Confédération.

On estime que pour que les particules d’air se renouvellent, il faut aérer la pièce toutes les 15 minutes. Ce qui est loin d'être le cas : dans une étude publiée en 2019, l’Office fédéral de la santé publique estimait que la qualité de l’air est insuffisante dans près de deux tiers des salles de classe en Suisse. A l’époque, la Confédération avait lancé une campagne avec pour slogan: «Air frais, idées claires»

Comprendre la concentration

Pour bien saisir ce que représente une salle bien aérée ou non, voici une brève échelle de valeurs, compilée grâce à des informations de la Confédération et de la Ligue pulmonaire.

  • De 800 ppm à 1000 ppm (bonne qualité de l’air)
    On estime qu’en temps de pandémie, il est utile de maintenir la concentration de CO2 en dessous de 1000 ppm. Une concentration de 1000 ppm indique que 1,5% de l’air respiré par les occupants d’un local est auparavant passé par les poumons de quelqu’un d’autre, indique la Task force. Hors pandémie, l’air est considéré comme bon jusqu’à 1200 ppm, voire 1400 ppm.
  • De 1400 ppm à 2000 ppm (qualité moyenne)
    A l’intérieur de ces valeurs, la Confédération estime qu’il y a un risque accru de symptômes tels que la fatigue, les irritations ou les troubles de la concentration. En cas de présence d’une ou de plusieurs personnes infectées, la charge virale augmente.
  • Au-dessus de 2000 ppm (qualité mauvaise)
    Avec une concentration de CO2 de 2000 ppm, la task force estime que 4% de l’air respiré par les occupants d’un local est auparavant passé par les poumons de quelqu’un d’autre, «ce qui est top élevé» et, forcément, de plus en plus risqué.

Qui veut ces capteurs?

En plus des deux syndicats d’enseignants, la task force scientifique de la Confédération avait publié un mémo en avril dernier recommandant l’utilisation de capteurs de CO2 dans les écoles. Certains experts se montraient divisés sur la question.

Il était convaincu

Le capteur de CO2 va garantir qu'il y a «un risque limité ou diminué, et c'est cela dont on a besoin aujourd'hui si l'on veut continuer à pouvoir ouvrir les écoles»
Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève, sur la RTS.

Il n’était pas (vraiment) convaincu:

«Il faut faire attention de ne pas être faussement rassuré par ces appareils. Maintenir les vraies mesures qui vont limiter la transmission, c'est-à-dire la distance sociale et l'hygiène des mains, c'est probablement là-dessus qu'il faudrait mieux insister»
Didier Pittet, infectiologue, médecin-chef du Service prévention et contrôle des infections aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), sur la RTS.

Du côté des conférences intercantonales de l’instruction publique, on ne se prononce pas particulièrement sur le cas des capteurs de CO2, laissant notamment la main au canton.

Combien ça coûte?

Difficile de chiffrer avec précision le coût de l’installation d’un capteur dans chaque classe du pays. Mais essayons-nous tout de même à un petit calcul avec pour exemple le canton de Vaud.

  • Sur son site internet, ce dernier affirme qu’il y a sur son territoire 4854 classes pour l’école obligatoire.
  • Selon la task force, un capteur de CO2 coûte entre 100 francs et 200 francs.
  • Pour équiper toutes ces classes, il faudrait débourser entre 485 400 francs et 970 800 francs.

Et des filtres?

Certains évoquent aussi l’idée d’utiliser des filtres qui éliminent les particules virales du virus sans qu’elles ne passent par les poumons des occupants d’une salle. Là, on parle de deux fois 400 francs pour l’installation du mécanisme, auxquels s’ajoutent deux fois 40 francs chaque un ou deux ans.

En reprenant le calcul ci-dessous, Vaud en aurait pour quelques 2 millions de francs d’installation, puis environ 200 000 francs chaque un ou deux ans.

A noter que l’Allemagne a déjà franchi le pays en débloquant 200 millions d’euros pour équiper les écoles avec un tel matériel.

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