Une collaboratrice lambda travaille dans le département de recherche d'un grand groupe pharmaceutique. Elle doit collecter des données sur les patients, les maladies et les effets des médicaments. Pour ce faire, elle se sert de plateformes où des particuliers ont eux-mêmes déposé leurs données. Ils n'ont, toutefois, pas consenti clairement à l'utilisation de ces données pour la recherche et à leur vente. La procédure est-elle correcte?
Voilà une question qui relève du domaine de la responsabilité numérique. Les entreprises actives dans l'espace digital sont confrontées à ce genre de problèmes éthiques. Pourtant, toutes ne prennent pas leur responsabilité avec le même sérieux, comme le montre une étude de la fondation Ethos, dont CH Media a obtenu une copie exclusive. Mais elles sont, tout de même, de plus en plus conscientes de leur engagement.
Pour la troisième fois, Ethos a classé les 50 sociétés suisses avec la plus grande valeur boursière (SMI Expanded) sur la base de sept critères:
Les réponses montrent que les compagnies ont encore une marge de progression importante. Ainsi, seules 8 entreprises sur 50 ont formulé des principes pour l'utilisation de l'IA.
Seule une petite partie des entreprises prend des mesures pour éviter les préjugés et la partialité dans le traitement des données. Pour Ethos, c'est un mauvais résultat, d'autant plus qu'il concerne «l'un des thèmes fondamentaux, si ce n'est le thème central» de la responsabilité en la matière.
Le bilan est également mitigé pour la protection des données: il y a certes des améliorations. 31 entreprises sur 50 assurent stocker automatiquement le moins de données possible. Cependant, seule la moitié peut affirmer qu'elle collecte des données avec un consentement libre et éclairé.
C'est nettement insuffisant et ne répond pas non plus aux exigences de la nouvelle loi sur la protection des données, entrée en vigueur le 1er septembre.
En revanche, il y a du positif à signaler en matière de conscience environnementale. Sur les 50 entreprises analysées, 40 déclarent prendre des mesures pour limiter l'impact des technologies qu'elles utilisent. Elles font également des progrès en matière de cybersécurité. Ainsi, 42 compagnies indiquent avoir développé une stratégie à ce sujet – presque trois fois plus qu'en 2021.
Swisscom arrive en tête du classement avec 91 points. La Zurich Assurance et le groupe industriel Georg Fischer complètent le podium avec respectivement 78 et 76 points. En bas de la liste, on trouve Ems-Chemie avec 6 points, le fabricant de puces et de capteurs Ams avec 8 points et le gestionnaire de fortune Partners Group avec 8,5 points. Le score moyen s'élève à 27,5 points.
L'évaluation se base d'une part sur des informations accessibles au public et d'autre part sur des réponses à un questionnaire. Sur les 50 sociétés suisses avec la plus grande valeur boursière:
Malgré un faible taux de réponse et une marge de progression restante importante, Ethos qualifie les résultats d'«encourageants». Depuis la première enquête en 2021, la moyenne a augmenté de manière significative.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker