La maladie prend différentes formes pour les exploitants: l'une est le Covid-19 et l'autre le streaming. La baisse est significative, voire alarmante pour les cinémas en Suisse. L'Office fédéral de la statistique a dressé des chiffres inquiétants, traduisant une forte baisse des entrées.
2020 a été une catastrophe pour les exploitants qui ont enregistré une baisse de 65% des entrées. En 2021, les chiffres sont repartis à la hausse avec 24% d'entrées supplémentaires, mais la chute reste très importante. Entre 2019 et 2021, les cinémas suisses ont perdu 57% de leur fréquentation.
Le cas n'est pas uniquement valable pour la Suisse, l'Europe aussi voit ses recettes baisser. Un rapport du Centre français du cinéma (CNC) publié en marge du Festival de Cannes expose les habitudes perdues par les cinéphiles français. La reprise de la fréquentation reste parcellaire et lutte pour retrouver son niveau d’antan. Le problème est semblable dans les contrées helvétiques.
Les blockbusters qui maintiennent à flot toute une flotte d'exploitants (Spider-Man: No Way Home ou James Bond: Mourir peut attendre) n'ont pas réussi à stopper l'hémorragie. En chiffres, la France a cumulé 150 millions d’entrées, soit une baisse de la fréquentation de 28% par rapport à la période 2017-2019. Mais pourquoi le plongeon se poursuit? Trois points pour comprendre.
L'une des raisons principales est le streaming. La diversité des choix ne fait que tirailler le spectateur. Une offre pléthorique qui laisse le fan de cinéma chez soi, sans déplacement, sans dépenses. Un abonnement et l'affaire est dans le sac. Les Netflix, Amazon, Apple TV+, Disney+, MyCanal ou encore Mubi sont des arguments valables pour garder les gens chez eux.
Un autre enjeu dans cette équation est la cherté des places. Un problème de taille pour les familles ou pour les personnes aux budgets plus serrés. Une sortie au cinéma se révèle être très onéreuse pour de nombreuses personnes. Outre les prix, il y a la nourriture et les boissons qui pèsent sur les bourses. Une famille qui se rend au cinéma peut aisément dépenser près de 100 francs pour une sortie.
En France, 38% des spectateurs évoquent tout simplement avoir perdu l’habitude d’aller en salle. Un élément à prendre en compte dans la grande détresse qui touche les exploitants. Si les blockbusters ont réussi à ramener partiellement ces spectateurs aux habitudes évanescentes, le cinéma d'auteur paie un lourd tribut à cet exode rapide des spectateurs. Aussi, ils sont nombreux à se plaindre de la qualité des salles, d'un public bruyant et dissipé, préférant rester chez eux, dans leur confort.
Meryl Moser, directrice des cinémas Cinérive renchérit sur le fait «qu'il ne faut pas oublier que le coût de la vie a augmenté».
Des points qui posent problème à des exploitants de cinéma en zone de turbulence. Elle va même s'intensifier et prendre une nouvelle tournure avec la fin des aides Covid. Un autre problème dans l'évolution de la situation déjà compliquée. Mais comme le CNC le souligne, le travail pour faire revenir les gens dans les salles obscures passe par une meilleure programmation, une nouvelle expérience en salle, une meilleure promotion des métrages en amont et donc une meilleure offre tarifaire.
Attachée de presse de plusieurs distributeurs, Diana Bolzonello-Garnier affirme:
Selon Meryl Moser, «les gens ont besoin de vivre de nouvelles choses en commun. Ils ont une envie infinie de se changer les idées dans une salle de cinéma». Avant d'enchaîner que «tous les dix ans, il y a une dégringolade de la fréquentation des salles de cinéma. Je vois cette situation comme une opportunité pour diversifier l'offre.» Une attitude positive qui prouve que les exploitants sont prêts à se retrousser les manches pour ne pas fermer boutique.