L'image du glacier du Rhône couvert par des bâches réfléchissantes a de quoi interroger, voire attrister. Les changements climatiques sont incontestables: les glaciers disparaissent à vue d'œil, jusqu'à cinq centimètres par jour. Andreas Linsbaeur, glaciologue suisse de 45 ans, assure que la fonte est en avance de deux mois sur son calendrier.
Reuters s'est entretenu avec plusieurs spécialistes de l'arc alpin, d'Autriche, d'Italie, de France et de Suisse. Ils ont tous confirmé qu'en 2022, les glaciers étaient sur la bonne voie pour des pertes record. «Les glaciers sont dépourvus de neige jusqu'aux sommets», prévient Andrea Fischer, glaciologue à l'Académie autrichienne des sciences.
The current #heatwave directly affects the melt rate of alpine #glaciers. On #Findelgletscher, the daily cumulative mass balance at our #holfuy station has exceeded its summer average of 2019-2021 (red line ⬇️) for 7 days in a row now! 😨#glacierselfiestick #glaciermelt pic.twitter.com/PAxLA4I4J0
— VAW Glaciology (@VAW_glaciology) July 21, 2022
En mesurant la différence entre la quantité de neige tombée en hiver et la quantité de glace qui fond en été, les scientifiques peuvent mesurer à quel point un glacier a rétréci au cours d'une année.
Reuters souligne aussi que les températures dans les Alpes se réchauffent d'environ 0,3 degré par décennie, soit environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
Les glaciers des Alpes sont plus vulnérables que leurs homologues polaires. Ils sont petits et souffrent plus rapidement des effets de la chaleur.
Matthias Huss, directeur du portail des relevés glaciologiques des Alpes suisses (Glamos), avertit:
The Alps glaciers are on track for their highest mass losses in at least 60 years of record keeping, data shared exclusively with @Reuters shows https://t.co/vZA1fs0E1Y pic.twitter.com/wUlcZiXJJh
— Reuters (@Reuters) July 26, 2022
La vague de chaleur du mois de juillet a été si violente que la limite du 0 degré a connu un niveau record de 5184 mètres, alors que le niveau habituel se situe entre 3000 et 3500 mètres. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies (Giec) affirmait dans son rapport qu'en 2100, le 80% des glaciers des Alpes devraient perdre de leur masse actuelle si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter.
Les conséquences écologiques irréversibles ne sont pas la seule menace. Un glacier comme celui d'Aletsch est, par exemple, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Par ailleurs, la disparition des glaciers pourrait également nuire à l'économie touristique. Certaines stations de ski de la région des Alpes, qui dépendent de ces glaciers, les recouvrent désormais de feuilles blanches pour refléter la lumière du soleil et réduire la fonte. (svp)