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Le coût des catastrophes naturelles a explosé en Suisse

Dégâts causés par une tempête à Bellinzona, en juillet 2024. Blatten, en juin 2025.
Dégâts causés par une tempête à Bellinzona, en juillet 2024 (g) et Blatten, en juin 2025 (d).Image: keystone

Les catastrophes naturelles augmentent: voici ce qui coûte le plus cher

Les catastrophes naturelles causent de plus en plus de dégâts en Suisse. Une analyse récente d'Helvetia montre comment les dommages causés par la grêle, les éboulements, les tempêtes ou les inondations ont évolué. Au total, ils coûtent 133% de plus qu'il y a 20 ans.
27.06.2025, 09:0027.06.2025, 09:00
Philipp Reich
Philipp Reich

Chaque année, à la mi-juin, la Suisse entre dans la saison des orages estivaux, avec des vents violents, des fortes pluies, et parfois des chutes de grêle. C’est à cette période que les phénomènes météorologiques extrêmes laissent des traces visibles à travers le pays. Une récente analyse de données du groupe Helvetia montre que les catastrophes naturelles touchent la Suisse plus souvent et plus intensément qu’auparavant.

Avec ses montagnes, ses lacs et sa position centrale en Europe, la Suisse est particulièrement exposée aux aléas climatiques. L'extension et la croissance des zones d'habitation et des infrastructures – en partie dans des zones à risque – augmentent les dégâts potentiels.

Ces dernières années ont été particulièrement marquées par les intempéries. Si l'on jette un coup d'œil sur les données à long terme, on constate cependant que des années à forts dommages surviennent toujours à intervalles réguliers. Mais la période allant de 2021 à 2024 se distingue par son intensité exceptionnelle.

Augmentation depuis 2015

Pour affiner cette impression, Helvetia a comparé trois décennies (1995–2004, 2005–2014 et 2015–2024) pour suivre cette évolution. Le nombre total de phénomènes météorologiques violents est resté relativement stable jusqu’au milieu des années 2010 – exception faite de 1999 (tempête Lothar) et 2005 (inondations étendues dans les Alpes).

Au cours des dix dernières années (2015 à 2024), on constate une nette augmentation tant du nombre d'événements individuels que du coût des sinistres. Le nombre de sinistres déclarés a augmenté de 126% par rapport à la première décennie (1995-2004). Les dépenses pour la réparation des dommages ont même augmenté de 133% au cours de la même période.

Mais tous les types de catastrophes n’évoluent pas de la même manière. Par exemple, les crues et les inondations n’ont augmenté que de 26% en fréquence et de 33% en coût. Sans doute le résultat des investissements massifs dans la protection contre les crues depuis 2005. Pourtant, elles représentent encore environ un quart des coûts totaux.

La grêle: principal générateur de coûts

La grêle, en revanche, affiche une évolution beaucoup plus marquante. Le nombre de sinistres de grêle déclarés a augmenté de 366%, l'ampleur des dommages de 490%. Contre toutes attentes, la grêle est le plus grand générateur de coûts parmi les dangers naturels de ces dernières années. Et ce non seulement à cause de l'augmentation de la fréquence des chutes de grêles, mais aussi à cause de la taille de plus en plus grande des grêlons. A cela s'ajoute le fait que les voitures, les bâtiments et les installations solaires sont aujourd'hui plus sensibles – et plus chers – qu'auparavant.

Les intempéries et les processus naturels gravitationnels ont également augmenté. Les dégâts dus aux tempêtes ont augmenté de 38%, ceux dus aux glissements de terrain, aux chutes de pierres et aux éboulements de 24%. Dans les deux catégories, le montant des dégâts a évolué plus fortement que le nombre d'événements. On assiste donc à des conséquences de plus en plus graves.

Les experts établissent un lien clair avec le changement climatique. Le réchauffement alimente des tempêtes plus puissantes et fait fondre le permafrost alpin. Ce phénomène transforme fondamentalement les menaces: au lieu de simples inondations, on observe désormais davantage de glissements de terrain, de coulées de boue et d’éboulements. S’ajoute à cela l’urbanisation et l’aménagement de nouvelles surfaces, ce qui augmente les risques.

Pour mieux se préparer à de tels risques naturels, il ne suffit pas de construire de nouveaux ouvrages de protection, il faut aussi améliorer les prévisions. La modélisation des risques devient plus complexe et l'utilisation de l'intelligence artificielle gagne en importance. Les scénarios de menaces futures doivent être davantage pris en compte dans les planifications – pas seulement par les assurances, mais aussi par les communes, les maîtres d'ouvrage et les politiques.

Car les données d'Helvetia montrent clairement que les catastrophes naturelles sont plus violentes qu'il y a quelques années. Et cette tendance n’est pas près de s’inverser.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

Un tracteur a été percuté par un TGV dans le canton de Genève
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Un tracteur a été percuté par un TGV dans le canton de Genève
source: service d'incendie et de secours
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Vol en drone au-dessus de Blatten
Video: extern / rest
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