Selon un sondage UBS, une hausse moyenne des salaires nominaux de 0,8 % est attendue pour 2022. Une bonne nouvelle confirmée fin décembre par la faîtière Travail.Suisse, qui se félicite de ces augmentations, mais regrette, toutefois, qu'elles restent modestes pour les employés.
C’est par ces mots sans équivoque que commence le communiqué de Travail.Suisse. La faîtière constate que l'économie suisse se porte bien, malgré la crise du Covid. Les explications sont multiples, selon le quotidien 24Heures qui a décrypté le phénomène. La main-d'œuvre vient à manquer, et le taux de chômage a fortement reculé en Suisse, ces deux facteurs pourraient pousser les entreprises à devoir relever les salaires pour recruter.
Pour Stéphane Haefliger, spécialiste en ressources humaines et membre de la direction de Vicario Consulting, l'augmentation des salaires répond toujours à trois logiques:
Selon Stéphane Haefliger, l'augmentation annoncée par UBS est «déjà considérable».
Professeur d'économie à l'Université de Fribourg, Sergio Rossi considère également que cette hausse est «une bonne nouvelle». Mais pour des raisons différentes:
Il met, toutefois, en avant la différence entre hausse du salaire nominal (+200 francs par mois) et hausse du salaire réel. «Le salaire réel, c'est votre salaire nominal moins la hausse des prix. Si votre salaire augmente, mais que les prix augmentent encore plus, alors votre pouvoir d'achat diminue», explique le spécialiste.
UBS précise d'ailleurs dans son étude:
Malgré la conjoncture actuelle, les patrons suisses restent en position de force, selon l'économiste Sergio Rossi. Même avec un taux de chômage actuel frisant les 2,5%? «2,5%, c'est le taux affiché par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), mais, en réalité, il est supérieur à 5%. Les employeurs ont donc toujours des gens prêts à travailler à disposition», nuance l'expert. Il souligne que les chiffres du Seco ne recensent que les personnes officiellement inscrites au sein d'une caisse chômage. Les autres ne sont pas prises en compte.
De son côté, Stéphane Haefliger rappelle que malgré les annonces de hausse des rémunérations, les augmentations n'ont rien d'automatique. Elles dépendent de la politique de gestion des ressources humaines de chaque entreprise et de la capacité des employés à négocier:
Toute demande d'augmentation salariale nécessite une excellente préparation, selon le directeur des ressources humaines. Mais comment bien se préparer? Eh bien, tout d'abord, on communique «de façon élégante et documentée ses réalisations annuelles». Préparez-vous à lister les résultats concrets que vous avez obtenus durant l'année, les projets que vous avez lancés et les formations que vous avez effectuées.
Ensuite, il ne faut pas avoir peur d'aborder directement la question de votre rémunération actuelle. N'hésitez pas à demander directement à votre supérieur ce que vous devez faire pour augmenter significativement votre salaire. Selon Stéphane Haefliger, la prise de responsabilités notamment en termes de management d'équipes, l'obtention d'un diplôme ou le changement de fonction pourrait influencer positivement votre rémunération.
Vous avez suivi les deux premières étapes, mais rien n'y fait? N'abandonnez pas, même sans augmentation de salaire, vous pouvez toujours négocier d'autres avantages comme: obtenir plus de temps libre ou des remboursements de frais de déplacement ou de téléphonie mobile.