La biodiversité mondiale diminue depuis des années. Environ un million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction. Les scientifiques parlent de la sixième extinction de masse. La biodiversité est soumise à une très forte pression en raison de l'utilisation des terres et de la perte des habitats naturels des espèces. A cela s'ajoute désormais le changement climatique. Deux crises qui ont un impact direct sur les moyens de subsistance des populations.
Du 7 au 19 décembre, Montréal a accueilli la 15e conférence mondiale sur la biodiversité (COP15). Les représentants des gouvernements du monde entier, y compris la Suisse, se sont rencontrés à cette occasion. Les participants ont trouvé un accord «historique», qui vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.
Concrètement, les pays se sont mis d'accord sur une feuille de route visant à protéger 30% de la planète d'ici 2030 et à débloquer 30 milliards de dollars d'aide annuelle. Mais qu'en est-il de la biodiversité chez nous? Ces sept points en montrent l'état et l'évolution en Suisse.
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a publié l'état actuel pour la dernière fois en 2017 dans le rapport «Biodiversité en Suisse: état et évolution».
Les défis sont particulièrement importants pour l'agriculture. Sur le Plateau suisse, où l'agriculture est intensive, de nombreuses espèces animales et végétales sont sous pression. La perdrix grise, par exemple, a disparu chez nous en 2019. Les habitats disparaissent et les engrais et produits phytosanitaires nuisent à la biodiversité. Alors que la surface agricole a légèrement diminué depuis 1900, la production s'est fortement développée.
En termes de pertes d'azote, l'agriculture suisse occupe la troisième place en Europe, après les Pays-Bas et la Belgique. Ces excédents issus de l'élevage se retrouvent dans des écosystèmes fragiles et évincent des espèces rares. La biodiversité suisse manque également d'espace: seul 1% de la surface des terres arables est aujourd'hui mis à la disposition des pollinisateurs et des combattants naturels des ravageurs.
Toutefois, et en comparaison à d'autres écosystèmes, l'état des forêts est globalement bon. Le rajeunissement naturel de la forêt s'impose et la biodiversité y est élevée. Environ 40% des espèces suisses séjournent principalement en forêt, y poussent ou dépendent à un moment ou à un autre de la forêt.
La situation est moins rose en ce qui concerne les cours d'eau (voir également ci-dessous). Les habitats alpins sont sous pression et les zones urbaines peuvent présenter des opportunités et des risques. D'une manière générale, on constate que les généralistes gagnent du terrain et que les spécialistes en perdent. La situation des espèces menacées ne s'est pas améliorée.
La Suisse est en tête de liste pour la proportion de groupes d'espèces animales menacées (par exemple mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, etc.). C'est du moins le cas si l'on évalue les données de l'OCDE et si l'on ne prend en compte que les pays qui ont établi des évaluations correspondantes pour au moins cinq groupes d'espèces. Cette sélection compense tout au plus les résultats élevés/bas d'un seul groupe d'espèces animales.
En moyenne, plus de 40% de toutes les espèces par groupe d'espèces sont menacées en Suisse. La proportion est donc environ deux fois plus élevée que la moyenne des nations sélectionnées:
Pour évaluer la situation des différentes espèces, il faut des observations sur le terrain. Celles-ci sont gérées et évaluées par les centres de données et d'informations faunistiques et floristiques de Suisse (Info Species).
Ces observations permettent de fournir des indications sur la répartition de différentes espèces. Il en ressort que les zones difficiles d'accès en montagne sont naturellement moins bien couvertes. Mais il serait également possible d'en faire plus sur le Plateau.
Autre fait marquant: plus une zone est étudiée, plus elle a de chances d'atteindre la catégorie la plus élevée des espèces observées (violet).
Les listes rouges indiquent le degré de menace des espèces. Sur mandat de l'OFEV, elles sont élaborées et mises à jour par des spécialistes selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Jusqu'à présent, 56 000 espèces différentes ont été identifiées en Suisse. Les experts estiment qu'au moins 29 000 autres espèces multicellulaires vivent en Suisse. Pour environ 20% (10 844 espèces) des espèces recensées, il existe une évaluation du risque. Cela n'a l'air de rien, mais c'est nettement plus que dans d'autres pays. En effet, 35% d'entre elles sont considérées comme menacées ou éteintes.
Pour qu'une espèce soit inscrite sur la liste rouge, il faut qu'elle réponde à des critères tels que «taille de la population en déclin», «aire de répartition restreinte» ou «petit nombre d'individus capables de se reproduire». Ensuite, les espèces sont réparties en catégories. Trois d'entre elles sont considérées comme des espèces «liste rouge».
Il y a quelques années, le Forum pour la biodiversité en Suisse, Académie des sciences naturelles (SCNAT), a publié des informations sur l'évolution de la biodiversité en Suisse depuis 1900 avec la brochure
Deux cartes y montrent comment les prairies et pâturages secs de Suisse ont évolué de 1900 à 2010. 95% des surfaces ont disparu durant cette période. Depuis 1990, le recul a atteint à lui seul 30%.
En 2010, environ 21 000 hectares de prairies et pâturages secs étaient sous protection. La qualité des objets diminue toutefois, car les surfaces sont exploitées de manière plus intensive:
Outre les prairies et pâturages secs, la part des zones alluviales (-70 % depuis 1850) et des marais (-82 % depuis 1900) a également diminué massivement. La préservation des marais et des zones alluviales est essentielle pour la biodiversité. Depuis 1990, diverses surfaces de ce type ont été placées sous protection afin d'enrayer le déclin.
Les insectes font partie des espèces les plus menacées. L'étude «La diversité des insectes en Suisse» l'a clairement montré en 2021. De nombreux insectes suisses sont menacés et figurent sur la liste rouge des espèces menacées.
La Suisse dispose actuellement de listes rouges pour six groupes d'insectes. 43% des 1153 espèces d'insectes évaluées sont considérées comme menacées, 16% supplémentaires comme potentiellement menacées. 38 espèces sont déjà éteintes chez nous.
Il est également intéressant de jeter un coup d'œil sur la faune des papillons en Suisse. Au cours des 30 dernières années, les espèces qui préfèrent les températures élevées (indicateurs de chaleur) ont eu tendance à s'étendre. Celles qui s'accommodent plutôt de températures basses (indicatrices de froid) se font plus rares.
Comme nous l'avons mentionné en introduction, les eaux en Suisse sont particulièrement sous pression. Le rapport 2022 de l'OFEV sur les eaux en Suisse analyse leur état. Les nombreuses ressources en eau de la Suisse ont une grande importance pour la société, l'économie et la nature. Environ 80% de l'eau potable suisse provient par exemple des eaux souterraines.
Les multiples utilisations de l'eau ont modifié le paysage et entraîné la perte d'habitats pour les animaux et les plantes (voir également la diminution des paysages alluviaux ci-dessus). Un changement de mentalité est en cours. Des mesures ont également été prises pour améliorer la qualité de l'eau.
Les ruisseaux, les rivières, les étangs et les lacs comptent en principe parmi les habitats les plus riches en espèces. Plus de 80% de toutes les espèces animales connues se trouvent dans les cours d'eau et les habitats riverains et alluviaux qui leur sont directement rattachés. En Suisse, beaucoup d'entre elles sont menacées. Les organismes aquatiques sont donc plus fortement touchés que la moyenne. 53% d'entre eux sont déjà menacés ou éteints.