Après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 Etats, dont la Suisse, sont parvenus à un accord sous l'égide de la Chine, présidente de la COP15, malgré une opposition de la République démocratique du Congo (RDC).
Ce «pacte de paix avec la nature» vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique. Les pays se sont mis d'accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d'ici 2030 et à débloquer 30 milliards de dollars d'aide annuelle à la conservation pour les pays en développement.
La création d'aires protégées sur 30% de la planète, la plus connue de la vingtaine de mesures, a été présentée comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.
Mais le texte donne également des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre. Il propose de restaurer 30% des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.
Et pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, la Chine propose par ailleurs d'atteindre «au moins 20 milliards de dollars» d'aide internationale annuelle pour la biodiversité d'ici 2025 et «au moins 30 milliards d'ici 2030».
Pour Masha Kalinina de l'ONG Pew Charitable Trusts: «protéger au moins 30% des terres et des mers d'ici 2030 est la nouvelle étoile polaire que nous utiliserons pour naviguer vers le rétablissement de la nature».
«Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d'espèces dont les perspectives d'avenir seront considérablement améliorées» par cet accord, a complété Brian O'Donnell, de l'ONG Campaign for nature.
Ce texte est «un pas en avant significatif dans la lutte pour la protection de la vie sur Terre, mais cela ne suffira pas», a noté Bert Wander de l'ONG Avaaz. Et d'ajouter:
D'autres défenseurs de l'environnement craignaient des échéances trop lointaines au vu de l'urgence actuelle. Car les scientifiques sont formels, le temps presse. 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu: plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.
D'autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n'a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l'absence de mécanismes d'application véritables.
Estimant que l'humanité était devenue une «arme d'extinction massive», le chef de l'ONU Antonio Guterres avait appelé les parties à conclure un «pacte de paix avec la nature». (ats)