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Migros de Cornavin: Caméra dans les vestiaires, 35 femmes concernées

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Caméra dans les vestiaires à la Migros de Cornavin, 35 femmes concernées

Début juin, Migros Genève a déposé une plainte pénale à la suite de la découverte d’une caméra dans les vestiaires de ses employées féminines, à Cornavin. Un suspect a été identifié et une enquête est en cours. Selon plusieurs témoins, l’affaire serait l’apogée d’une ambiance de travail délétère.
25.06.2021, 13:2528.06.2021, 12:34
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Après la chaine de fast food Holy Cow, c’est au tour du géant orange d’être empêtré dans une affaire de mœurs. Début juin, une caméra est découverte dans les vestiaires des femmes de la Migros de Cornavin. Les managers sont alertés et une plainte pénale est déposée le lendemain, comme l'a appris watson. Rapidement, un suspect est identifié et interpellé par la police.

«La caméra a immédiatement été enlevée et une inspection des locaux a été conduite avec la Police genevoise. L’enquête a permis d’identifier le poseur qui a été interpellé. Il s’agit d’un collaborateur du magasin qui a admis les faits. L’entreprise a aussitôt mis un terme à sa collaboration avec lui.»
Isabelle Vidon, porte-parole de Migros Genève

«On a tout de suite pensé que ça ne pouvait être que lui, témoigne une employée qui travaille toujours pour l’entreprise, mais dans une autre succursale. Il avait un problème relationnel avec les femmes». Une autre collaboratrice abonde dans le même sens. Elle explique à watson que l’individu avait l’habitude d’entrer dans les vestiaires des filles. Selon elle, le suspect voulait se venger de ses collègues féminines, qui ont toujours repoussé ses avances.

Chez Holy Cow aussi
En mai dernier, une enquête de «24 heures» a révélé une situation similaire dans un restaurant de la chaîne Holy Cow. Les employées impliquées n'avaient alors ni été soutenues par leur hiérarchie, ni par la justice. Le Ministère public n’avait pas ouvert d’instruction, estimant notamment que «la caméra installée dans les vestiaires ne fonctionnait pas»

Comportement déplacé

Elles sont nombreuses à confier que l'homme, serviable et très apprécié par sa hiérarchie, adoptait un comportement inadéquat avec les femmes. Il lui arrivait de se montrer lourd et pressant, et d’envoyer des messages déplacés à ses collègues via WhatsApp.

«C’est quelqu’un qui n’est pas très à l’aise socialement, confie l’une des employées. Il allait immédiatement tenter sa chance avec toute nouvelle arrivante. Il m’a notamment proposé de me masser par messages, avant d’apprendre que j’étais en couple.»

Lorsqu’elles apprennent l’existence de cette caméra, c’est la stupéfaction pour ces collaboratrices. «Je me suis sentie violée dans mon intimité», nous confie l’une d’entre elles. Car désormais, comment savoir ce qui a été fait de ces images et où elles ont pu être envoyées? C’est l’inquiétude dans toutes les bouches.

«J’ai peur que l’on retrouve mes fesses sur internet»
Une employée

Au moins 35 femmes concernées

Selon ces femmes, les manquements managériaux à Cornavin auraient trouvé leur apogée avec l’épisode de la camera cachée dans les vestiaires. Car le mail envoyé par la direction aux employés afin de les prévenir du problème - que watson s’est procuré - stipule que l’enquête devra déterminer depuis quand cette caméra enregistrait les filles à leur insu. Or, beaucoup de celles qui ne travaillaient plus à la Migros début juin n’ont pas été prévenues.

C’est le cas de Suzanne*, qui a démissionné récemment, mais qui n’a été mise au courant de l’affaire que par ses anciennes collègues. Paniquée, elle s'adresse alors à d’autres femmes dans le même cas et constate qu’elle n’est pas la seule à avoir été laissée dans l’ignorance.

Lorsqu'elle contacte ses anciens managers, ceux-ci répondent qu’elle n’est pas concernée, puisque la camera a été trouvée après son départ.

Suzanne se dit scandalisée par le fait qu’il y ait «des vidéos de nous qui tournent sans qu’on le sache» et exige de la part de ses anciens supérieurs qu’ils informent toutes les autres employées qui pourraient être impliquées.

Après sa confrontation, l’ex-collaboratrice a obtenu des managers qu’ils ajoutent ses coordonnées à celles communiquées à la police, dans le cadre de l’enquête. Elle ne sait cependant pas si ce sera le cas pour les autres ex-employées qui n’ont pas été prévenues.

«Potentiellement 35 anciennes collaboratrices du magasin ont pu être victimes de ces agissements, selon Migros Genève. Elles ont toutes été contactées par courriel. Quelques rares adresses mails semblent n’être plus valables et nous tentons de joindre ces personnes par d’autres moyens.»

En effet, selon nos informations, toutes les femmes qui n'avaient pas été prévenues ont été contactées, après notre appel à la communication de la Migros.

Une ambiance de travail délétère

Les femmes qui ont accepté de nous parler témoignent toutes d’une ambiance de travail difficile à la Migros Cornavin, où les clients ne sont pas toujours très agréables, dans un flot de passages permanent.

Pressions, manque d’écoute, harcèlement moral, pauses millimétrées et humiliation, elles sont nombreuses à avoir demandé à être mutées, afin de fuir un management qu’elles jugent proche du mobbing. L’une d’entre elles a dû être mise en arrêt maladie. Elle explique s’être sentie fliquée, infantilisée par ses chefs, constamment derrière elle lorsqu’elle discutait quelques minutes avec ses collègues ou qu’il lui arrivait de regarder par la fenêtre.

La Migros répond

Confrontée à ces accusations, Migros Genève explique:

«En 2020, durant la pandémie de Covid et les tensions qu’elle a engendrées, certaines collaboratrices se sont plaintes de comportements inadéquats de certains clients. Pour assurer à leurs collaboratrices leur soutien et leur défense le cas échéant, les managers du magasin ont été davantage présents sur la surface de vente, notamment aux caisses. Au fil des mois et de l’adaptation de tout un chacun aux mesures de distanciation et de sécurité, ces tensions se sont apaisées.»

Pourtant, ce n'est pas la première fois que des tensions au sein de la Migros Cornavin sont révélées dans les médias. En mars de l'année dernière, lors de la première vague Covid, le syndicat Unia était intervenu afin de défendre les employés, hommes et femmes, qui dénonçaient déjà un manque de considération de la part du management.

*identité connue de la rédaction

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