
Image extraite de l'actuelle exposition sur la Palestine et la guerre à Gaza visible à l'Université de Genève.image: watson
Dans un courriel envoyé jeudi à tous les collaborateurs et étudiants de l'Université de Genève, Yves Flückiger rappelle le cadre de la liberté d'expression dans l'institution qu'il dirige. Il invite les personnes qui vivraient mal le présent moment à s'adresser à la cellule «respect».
07.12.2023, 17:0108.12.2023, 08:53
Face aux tensions suscitées par la guerre entre Israël et le Hamas, le recteur de l’Université de Genève (Unige), Yves Flückiger, prend pour la première fois la parole. Dans un courriel adressé jeudi à tous les collaborateurs et étudiants de l’Unige, dont watson a obtenu copie, il écrit:
«Dans ce moment particulier, l’Université se doit de réaffirmer l’importance de la liberté d’expression et du droit de toutes et tous à débattre, à faire valoir des arguments, à assumer des désaccords. C’est une condition nécessaire de la pensée académique, et plus largement du bon fonctionnement de nos démocraties. Face aux tensions et au durcissement des positions exprimées, cette liberté doit être encadrée par des principes clairs qui la protègent: rejet de toute forme d’appel à la violence, d’antisémitisme, d’islamophobie, d’atteintes à notre charte d’éthique et de déontologie.»
Yves Flückiger
Ces principes posés, le recteur précise que le fait que l’Unige héberge «de très nombreux événements publics» «ne signifie en rien qu’elle en partage les conclusions». Et de citer «une exposition demandant la libération des otages détenus par le Hamas ou [cette autre] sur l’histoire du conflit dans une perspective palestinienne», à laquelle watson a consacré un reportage.👇
«Des désaccords et des inconforts»
Si le recteur de l’Unige insiste sur la liberté d’expression, il est bien conscient qu’elle peut provoquer des «désaccords et des inconforts qu’il faut accepter». Il précise sa pensée:
«La forme revêtue par les événements ou prises de parole – tout comme le contexte dans lequel ils se déroulent – doit toutefois prendre en compte les sensibilités des membres de la communauté universitaire, protéger leur droit à un environnement de travail et d’étude sain, dans lequel ils et elles peuvent évoluer sans crainte et sans menaces.»
Yves Flückiger
Aussi invite-t-il «les personnes victimes ou témoins d’actes ou de paroles contraires à ces principes [à] s’adresser à la cellule respect (respect@unige.ch)». (Cette cellule n'est pas nouvelle. Elle avait été réactivée lors de l'arrivée d'étudiantes ukrainiennes fuyant la guerre dans leur pays.)
Le recteur indique encore:
«Des consultations psychologiques et des conseils santé gratuits sont également disponibles pour les étudiant-es affecté-es par ce conflit, auprès du service santé des étudiant-es»
Yves Flückiger
La lettre du recteur se termine sur ces mots disant les difficultés du moment:
«Entre liberté d’expression et respect dû à toutes et tous, le chemin est étroit. Les projets doivent être évalués, ré-évalués parfois, à l’aune des troubles qu’ils suscitent et des atteintes volontaires ou non qu’ils portent à la cohésion de la communauté universitaire, tout en résistant au confort trompeur de la censure ou de l’auto-censure. Notre aptitude à remplir nos missions et à penser le monde en dépend.»
Notre commentaire après deux mois de guerre👇
Gaza après les bombes
Video: watson
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