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Mauro Poggia fait déjà des émules au Parlement

A Berne, personne ne veut de Poggia pour l'instant.
Mauro Poggia a été brillamment élu au Conseil des Etats, mais il doit maintenant trouver un groupe parlementaire. Image: shutterstock/keystone/watson

A Berne, personne ne veut de Poggia pour l'instant

Le politicien genevois fraîchement élu est à la recherche d'un groupe parlementaire. Il se heurte d'entrée à des obstacles juridiques qui compliquent son rattachement au Centre. Mais Mauro Poggia ne se laisse pas faire.
16.11.2023, 18:4716.11.2023, 19:05
Julian Spörri / ch media
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Quatre jours seulement se sont écoulés depuis la victoire électorale de Mauro Poggia aux dépens de la verte Lisa Mazzone. Mais le nouveau conseiller aux Etats genevois, avocat de formation, est déjà en conflit avec les services du Parlement.

Point de départ de la discorde: savoir à quel groupe parlementaire l'ancien directeur de la santé genevois peut se rattacher. Avec trois élus sous la coupole, son parti, le Mouvement Citoyens Genevois (MCG), populiste de droite, n'atteint pas la taille d'un groupe. Poggia a déclaré à plusieurs reprises souhaiter collaborer avec le Centre, car ce parti mène une politique similaire à la sienne sur les questions de santé. Les deux conseillers nationaux du MCG, Roger Golay et Daniel Sormanni, sont quant à eux attirés par le groupe UDC.

Le Parlement défend sa position

Mais selon les services du Parlement, cette dispersion n'est pas légale. En début de semaine, ils ont déclaré à divers médias que les membres d'un parti doivent tous appartenir au même groupe parlementaire.

Interrogé par le groupe CH Media (auquel appartient watson), Poggia se montre «surpris» par cette interprétation juridique. D'une part, la règle «même parti, même groupe» ne s'applique qu'au sein d'une Chambre, estime l'avocat genevois. Deuxièmement, les élus au Conseil des Etats ne représentent pas un parti, mais leur canton. Et troisièmement, Poggia rappelle qu'il a été élu en tant que représentant d'une alliance électorale du MCG avec le centre, l'UDC et le PLR. Il estime donc pouvoir adhérer à l'un ou l'autre de ces trois groupes.

Les services du Parlement défendent également leur position: Mauro Poggia a été élu en tant que membre du MCG, point. De plus, la notion se réfère, selon la Constitution, aux membres des deux Chambres.

Poggia songe désormais à demander un avis juridique externe sur la question litigieuse. Le Genevois ne fait d'ailleurs pas d'autres commentaires sur sa stratégie. Il se contente d'affirmer qu'outre un départ du MCG, «tous les scénarios» sont possibles pour lui et qu'il veut prendre une décision la semaine prochaine.

N'en demeure pas moins que Mauro Poggia doit absolument siéger dans un groupe du Conseil des Etats pour avoir son mot à dire lors de la fameuse répartition des sièges dans les commissions. Par ailleurs, chaque membre rapporte au groupe parlementaire en question: ces derniers reçoivent de la Confédération une contribution de base de 144 500 francs à laquelle s'ajoutent 26 800 francs par représentant.

Le chef du groupe parlementaire UDC à Genève

Malgré ces incitations, il n'est pas garanti qu'un parti veuille accueillir Poggia. Des vents contraires soufflent depuis le Centre en raison de l'attachement des conseillers nationaux MCG à l'UDC, même si les obstacles juridiques n'étaient pas levés. De plus, même sans le conseiller aux Etats genevois, le parti reste la principale force de la Chambre haute.

Poggia a rencontré le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi mardi. Ce dernier qui avait déclaré au Temps que son groupe parlementaire devait déterminer si les opinions politiques du Genevois étaient compatibles avec l'UDC. Mais ce qu'Aeschi a lu dans la presse n'est «pas très rassurant».

En effet, Poggia, converti à l'Islam par amour, défend une ligne plus modérée que l'UDC sur les questions d'asile, même si le MCG a été fondé autrefois comme un parti anti-frontalier. Aujourd'hui, la formation est connue pour voter à gauche sur les questions de politique sociale et à droite sur les questions économiques.

Thomas Aeschi n'a pas souhaité s'exprimer sur l'issue de la rencontre. Le groupe parlementaire tranchera lors de sa réunion à la fin de la semaine prochaine.

Quelle que soit l'issue de la «farce de Poggia», le Genevois aurait certainement imaginé ses débuts à Berne autrement.

Traduit de l'allemand par Valentine Zenker

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