Suisse
Politique

Deuxième tour du Conseil des Etats: «Il va y avoir du suspense»

Raphaël Mahaim, Mauro Poggia, Philippe Nantermod, Céline Amaudruz. 2e tour du Conseil des Etats 2023.
Plusieurs challengers pourraient ravir des sièges aux sortants du Conseil des Etats, ce dimanche.Keystone

«Sur un malentendu, ça peut marcher»: suspense ce dimanche

La composition du Parlement n'est pas encore tout à fait achevée: le deuxième tour pour le Conseil des Etats doit avoir lieu dans neuf cantons suisses, dont quatre romands. Plusieurs challengers se profilent. Tour d'horizon commenté avec un spécialiste.
12.11.2023, 11:4412.11.2023, 17:39
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Les élections fédérales ne sont pas encore terminées. Si le gros des effectifs du Conseil national et des Etats a été décidé le 22 octobre dernier, le deuxième tour des élections à la Chambre haute va encore rebattre quelques cartes. Neuf cantons sont concernés, dont quatre en Suisse romande: Fribourg, Genève, Valais et Vaud. Parmi eux, plusieurs challengers sont dans les starting-blocs. Et comme dirait l'un d'entre eux: «Sur un malentendu, ça peut marcher».

Pour Neuchâtel et le Jura, l'affaire est déjà pliée. Dans ces deux cantons, l'élection a lieu selon la règle de la proportionnelle à un tour. Dans le premier, ce sont le socialiste Baptiste Hurni et la verte Céline Vara qui ont été élus. Un camouflet pour le poids lourd local, le PLR Philippe Bauer, éjecté après deux mandats à Berne. Du côté du Jura, les deux favoris ont été élus avec aise: le centriste Charles Juillard et la socialiste Mathilde Crevoisier, qui avait succédé à Elisabeth Baume-Schneider après son élection au Conseil fédéral.

Dans les cantons romands restants, un certain suspense plane sur les résultats, particulièrement à Genève. Seul le canton du Valais devrait voir la suprématie du Centre (ex-PDC) se confirmer une fois de plus. Le sort de ces quatre cantons sera fixé dimanche 12 novembre. Certains cantons alémaniques et le Tessin verront, quant à eux, leur second tour avoir lieu le 19 novembre.

Deuxième tour de l'élection au conseil des Etats

Pour illustrer ces évènements politiques, nous sommes allés demander son avis à Nenad Stojanović, professeur en sciences politiques et politologue à l'Université de Genève.

ARCHIV - ZUM TEXT UEBER DEN POLITOLOGEN NENAD STOJANOVIC STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILDMATERIAL ZUR VERFUEGUNG - Der Politologe Nenad Stojanovic spricht ueber die kommenden eidgenoessischen Wahlen,  ...
Nenad Stojanović.Keystone

Genève

Dans la Cité de Calvin, la surprise lors du premier tour de l'élection au Conseil des Etats est tombée comme un éclair sur le lac. Le conseiller d'Etat, Mauro Poggia, qui avait quitté ses fonctions en mars après dix ans au poste et traversé la pandémie de Covid en tant que ministre de la Santé, a dépassé les sortants Lisa Mazzone (Verts) et Carlo Sommaruga (PS). «Mauro Poggia est devenu très populaire durant la pandémie», note Nenad Stojanović.

Un camouflet pour la gauche genevoise, malgré le fait que les trois premières places se tassent dans un mouchoir de poche.

«Le suspense sera très grand à Genève»
Nenad Stojanović, politologue

Le deuxième tour opposera ces trois candidats ainsi que Céline Amaudruz, arrivée quatrième mais loin derrière Sommaruga.

Mauro Poggia, gauche, candidat MCG - GE a l'election au Conseil aux Etats, et Celine Amaudruz, droite, candidate UDC - GE a l'election au Conseil aux Etats, participent au debat d'entre ...
Mauro Poggia et Céline Amaudruz, sur le plateau de Léman Bleu.Keystone
«Mauro Poggia a toujours été dans l'aile modérée et sociale du MCG et il s'agit d'un vrai risque pour la gauche»
Nenad Stojanović, politologue

Le maintien de la vice-présidente de l'UDC risque-t-il de disperser les voix de droite et de plomber les chances de Mauro Poggia? «Il a de bonnes chances d'être élu s'il a l'appui compact des électeurs de droite. Ceux qui se mobilisent pour Amaudruz devraient cocher Poggia en deuxième choix pour faire barrage à la gauche», note le Genevois.

«Ce qui caractérise le deuxième tour de l'élection au Conseil des Etats, c'est le vote stratégique ou tactique des électeurs. Si son candidat n'a pas été élu au premier tour, on vote ensuite pour son deuxième choix»
Nenad Stojanović, politologue

Mais la gauche n'a pas dit son dernier mot. «Mazzone et Sommaruga peuvent être réélus les deux si les électeurs de gauche sont unis. Mais des votes isolés pourraient porter préjudice à l'un des deux sièges», analyse l'expert. Qui note:

«Vu la mobilisation au profit des jeunes femmes, je pense que Sommaruga est plus à risque. Les chances des deux restent intactes»
Nenad Stojanović, politologue

Historiquement, indique le politologue, «ce duo de gauche au Conseil des Etats est une exception, mais qui a duré des années. Traditionnellement, c'était un socialiste et un PLR aux Etats».

Vaud

Le suspense est également bien présent dans le canton de Vaud. Seul un siège est contesté. Le socialiste Pierre-Yves Maillard a été élu au premier tour, ayant ratissé bien au-delà de son parti. Le deuxième siège devrait, selon toute logique, tomber entre les mains du favori de ce deuxième tour, le PLR et ancien conseiller d'Etat Pascal Broulis.

Mais les votants de gauche pouvant à nouveau glisser un bulletin dans l'urne, tout laisse à penser que le vert Raphaël Mahaim, qui a terminé 4e au premier tour, va faire un bon score face à Broulis. Au point de lui voler la place?

«Broulis a quand même de meilleures chances de passer. Quoique...»
Nenad Stojanović, politologue

Il s'agit ici de calculs d'épicier, car le nombre de candidats vaudois au premier tour était élevé et les reports de voix sont difficiles à calculer. Le score de la vert'libérale Céline Weber (5e) va-t-il se reporter sur le candidat libéral ou le vert? Les votes des nombreux micro-candidats de gauche de tous bords vont-ils terminer dans les poches de Mahaim?

Raphael Mahaim, conseiller national verts vaudois, parle lors d'une conference de presse des Verts vaudois sur le lancement de la campagne sur la votation du 18 juin concernant l'initiative  ...
Raphaël Mahaim.Keystone
«Une surprise est possible. La gauche vaudoise a un poids important»
Nenad Stojanović, politologue

Encore faut-il que ces reports aient lieu. «Au deuxième tour, il y a en général moins d'électeurs. La mobilisation baisse et avec lui le taux de participation», explique Stojanović. En conséquence, les proportions changent et il est difficile de faire des pronostics.

Fribourg

Les deux sortantes Isabelle Chassot (Centre) et Johanna Gapany (PLR) ont de bonnes chances d'être réélues. Il n'y a guère de doutes concernant la première, vu son score canon au premier tour. «Fribourg est un canton assez volatile dans sa représentation au Conseil des Etats, explique Nenad Stojanović. Les candidats du Centre y sont populaires, mais ils sont régulièrement duo avec des PLR ou des socialistes.»

Johanna Gapany était talonnée par l'UDC Pierre-André Page au premier tour. «Le bon score de l'UDC était une véritable surprise. On pensait que le parti tenterait d'aller au deuxième tour, mais il s'est retiré», observe le professeur en sciences politiques.

«L'avantage des deux sortantes est maintenu»
Nenad Stojanović, politologue

Le deuxième tour verra donc trois femmes se confronter: Isabelle Chassot, Johanna Gapany et la socialiste Alizée Rey, qui pourrait créer la surprise.

Valais

Dans le canton du soleil, les choses semblent d'ores et déjà pliées: les deux candidats du Centre (ex-PDC) Marianne Maret (Bas-Valais) et Beat Rieder (Haut-Valais) ont distancé tous les autres concurrents et devraient à nouveau l'emporter au deuxième tour. «Depuis toujours, les deux sièges valaisans sont PDC, aujourd'hui le Centre, dans une coalition entre le Haut et le Bas qui se partagent les deux sièges», explique Stojanović.

Deuxième tour? Mais quel candidat a risqué de se frotter aux deux favoris en provoquant un nouveau round? Philippe Nantermod, pardi! Il y a pourtant peu de chances que le conseiller national PLR n'obtienne le siège. Mais celui-ci n'en démord pas et se risque même à une fameuse maxime populaire:

«Comme dans les Bronzés font du ski: sur un malentendu, ça peut marcher!»
Philippe Nantermod, conseiller national (PLR/VS)si, on vous l'assure, il l'a dit - RTS
Philippe Nantermod PLR CN et candidat au CE, lors des elections federales du Conseil national et du Conseil des Etats le dimanche 22 octobre 2023 a Sion. Les citoyens suisses se rendent aux urnes pour ...
Philippe Nantermod, dimanche 22 octobre.Keystone

Jean-Luc Addor, arrivé quatrième, a tenu sa promesse de se retirer au profit de son autre concurrent de droite. Le report des voix pourrait permettre, théoriquement, à Nantermod de dépasser Marianne Maret. Encore faut-il que les électeurs de l'UDC valaisanne se mobilisent pour le libéral-radical.

«Il n'y aura sûrement pas de surprise. Les chances de Philippe Nantermod sont très petites»
Nenad Stojanović, politologue
Une gigantesque vague emporte des baigneurs sur une plage de Rio
Video: watson
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