Les escape rooms poussent comme des champignons dans les villes suisses. L'attrait du jeu consiste à résoudre des énigmes avec ses camarades et à s'échapper d'une pièce fermée avant que le temps ne s'écoule. Derrière cette offre en plein essor se cachent généralement des prestataires privés. Mais à Genève, le département cantonal de l'éducation a décidé de s'en mêler. Une troisième escape room pour les élèves sera ouverte à la fin du mois dans la cité de Calvin, a appris CH Media.
Il en existe déjà deux autres à Genève: la traque d'Al Capone dans la cave d'une école de commerce et un jeu de rôle dans un collège, où les participants se glissent dans le rôle de migrants fuyant la Libye vers la Suisse.
Dans la nouvelle escape room, les apprentis sont transportés en 79 après J.-C. à Pompéi. Leur mission? Trouver un coffre-fort dans une maison de ville romaine et quitter le bâtiment avant que le Vésuve n'entre en éruption et ne détruise la ville.
Le projet a été initié par des enseignants de latin, explique Manuel Grandjean, directeur du Service écoles-médias (SEM) du canton de Genève. Ce service soutient les enseignants de tous les niveaux avec du matériel pédagogique multimédia et abrite dans ses locaux la nouvelle escape room. Grâce à elle, la discipline latine doit recevoir un «coup de pouce en termes d'attractivité», comme l'exprime Grandjean.
À Genève, tous les élèves de 9e année ont certes un enseignement obligatoire de la langue et de la culture latines. Mais ils sont de moins en moins nombreux à vouloir continuer ensuite de manière volontaire. Cette évolution se manifeste également dans le reste de la Suisse, où seule une petite partie des élèves étudient encore le latin. Selon Manuel Grandjean, la nouvelle escape room s'adresse en premier lieu aux élèves de latin de la 11ᵉ et dernière année de l'école obligatoire genevoise. Elle peut aussi être adaptée afin d'être utilisée dans le cadre de l'enseignement de l'histoire au niveau secondaire et primaire.
Mais que peut-on apprendre dans un escape room?
Le jeu met aussi en avant d'autres concepts qui peuvent être traités en classe. Il y a par exemple la balance romaine ou le calendrier romain, dont le fonctionnement permet de résoudre une énigme. Il faut également déchiffrer un message codé à l'aide d'une méthode de chiffrement.
Pendant ce temps, dans la cour, les murs sont recouverts d'inscriptions latines: celui qui sait ce que «cervus» ou «testudo» veut dire est ici avantagé (spoiler: cerf ou tortue). Dans la même salle, un coup d'œil par la «fenêtre» montre clairement combien de temps il reste avant l'éruption du volcan. L'animation à l'écran est programmée pour durer 45 minutes.
Au total, l'escape room s'étend sur quatre pièces richement décorées. Coût de la construction: 25 000 francs — sans compter le travail des enseignants.
Certains penseront que l'argent serait mieux investi ailleurs dans le domaine de l'éducation et que l'école ne doit pas devenir un lieu de divertissement. Le directeur Manuel Grandjean anticipe la critique:
Genève se montre ouverte à d'autres escape rooms pédagogiques. «Les projets similaires sont les bienvenus», assure Manuel Grandjean. Une autre école de la région a déjà une idée. Mais il est clair que la réalisation présuppose un «énorme engagement» de la part des enseignants.
Traduit et adapté par Noëline Flippe