Des affaires de népotisme à répétition empoisonnent le climat politique genevois. Népotisme? Le fait de favoriser des membres de sa famille et des proches dans des procédures de nomination. La chaîne locale Léman Bleu a mis le feu aux canalisations en révélant lundi deux nouvelles embauches problématiques. Les Services industriels de Genève (SIG) ont engagé les deux fils de l’épouse du directeur général Christian Brunier, les beaux-fils de ce dernier, donc.
Le premier, arrivé en 2017, est rattaché à la direction générale des SIG depuis 2021. Le second travaille dans un autre service de la régie publique depuis 2021. Les liens de parenté existaient au moment des embauches.
Ces révélations embarrassantes s’ajoutent à d’autres, faites cinq jours plus tôt, à propos déjà de Christian Brunier et toujours par Léman Bleu, accompagnée sur ce coup-là par la Tribune de Genève. S’appuyant sur des échanges d’e-mails, la chaîne et le journal affirmaient que ce dernier était au courant, dès 2018, de surfacturations adressées aux Genevois par les SIG, pour un total de 22 millions de francs.
C’est la Cour des comptes cantonale qui, en février de cette année, a remis un rapport faisant état de ces surfacturations. Or, interrogé à ce propos il y a deux mois et demi, Christian Brunier, membre du Parti socialiste, assurait ne pas être «au courant» de ces anomalies financières. Il n’aurait donc pas dit la vérité à ce moment-là. Pire, ajoute Léman Bleu sur son site:
Une enquête administrative portant sur ces dysfonctionnements présumés est en cours. Le trop-perçu pourrait être rétrocédé aux Genevois. La somme pourrait largement dépasser les 22 millions. On parle d’une fourchette située entre 75 et 100 millions de francs à rembourser.
Retour aux soupçons de népotisme. On reste aux SIG avec Christian Brunier. Mardi 23 avril, un jour après les révélations de Léman bleu sur l’embauche de ses beaux-fils, la Tribune de Genève révélait que la femme de l’un des deux venait d’être engagée au 1er mars et qu’elle occupe le poste de chargée de communication et graphiste au Service de communication interne et institutionnelle. Mais dans un autre secteur des SIG et sous une autre direction que celle où officie son mari.
Pour leur défense, écrit la Tribune de Genève:
Avant l’histoire de la famille élargie de Christian Brunier aux SIG, c'est une autre de même registre qui a tenu la République en haleine. Elle touche par ricochet la conseillère administrative Frédérique Perler, cheffe du Département de l'aménagement, des constructions et de la mobilité à l’exécutif de la Ville de Genève. Côté révélations, on retrouve Léman Bleu et la Tribune de Genève. Elles ont été fatales à la codirectrice du département.
La RTS résume sur son site:
Le compagnon en question, un Français, «faisait l'objet d'un préavis négatif des ressources humaines. Il n'était pas arrivé en tête des évaluations et une candidate genevoise avait notamment obtenu de meilleurs résultats.»
Face à la crise suscitée par ces soupçons de copinage, le conseil administratif (l’exécutif de la Ville de Genève) a décidé de suspendre la codirectrice et de renvoyer les trois autres collaborateurs. Autant dire que cela ne sent pas bon pour la Verte Frédérique Perler qui entendait briguer un nouveau mandat lors des prochaines élections municipales, en 2025.
Il y a deux ans, l’élue écologiste était mouillée dans le scandale dit du marteau-piqueur, une affaire rocambolesque d’asphalte dégrappé de façon sauvage par des militants écologistes. Suite aux dernières révélations sur les embauches au sein de son département, la droite a demandé sa démission.
De son côté, le rédacteur en chef de Léman Bleu, Jérémy Seydoux, dans un éditorial au vitriol, prie le patron des SIG, «ex-président du Parti socialiste genevois», de prendre le «chemin de la sortie».
La campagne des municipales 2025 paraît bien lancée. La droite veut redevenir majoritaire au conseil administratif du chef-lieu genevois. Les affaires de népotisme et de surfacturations qui éclaboussent la gauche pourraient l’y aider.