Il était recherché depuis près de dix ans par le FBI. Mais le 23 octobre dernier, sa cavale s'est brusquement arrêtée lorsque le pirate informatique ukrainien a été appréhendé par la police genevoise. Toutefois, selon la RTS, la méthode utilisée qui a permis à son arrestation semble poser un problème. La police genevoise a-t-elle fait du zèle?
Le hacker recherché était signalé par Interpol depuis 2014. Celui qui se fait appeler «Tank» a extorqué plus de 70 millions de dollars aux Etats-Unis avec son équipe de hackers, la «Jabber Zeus Crew». L'homme faisait même l'objet d'un mandat d'arrêt international pour «escroquerie par métier, extorsion, chantage par métier ainsi que recel et soustraction de données», écrit la RTS.
L'histoire bascule lorsque les autorités américaines retrouvent sa trace, en juin dernier, à Champel, un quartier aisé de la ville de Genève. On apprend alors que «Tank» a rejoint le pays sous une fausse identité pour y retrouver sa femme ainsi que ses deux enfants, qui ont fui la guerre en Ukraine et demandé l’asile en avril 2022 en Suisse. Le 14 juillet dernier, les autorités américaines transmettent à Berne une demande d’extradition à son encontre. «Tank» doit être arrêté, extradé et son matériel informatique saisi.
Seulement voilà, pour permettre l'arrestation de ce dernier, la police genevoise a utilisé des caméras et des mouchards comme moyens de surveillance. Ces appareils ont été posés sous son véhicule et dans l'allée de l'immeuble où l'on suspectait l'Ukrainien d'habiter. Des lieux qui, selon la loi, sont considérés comme privés, rappelle le professeur de droit pénal à l’Université de Genève, Yvan Jeanneret.
Ce qui ne semble pas être le cas dans cette affaire explique le média romand. Et plus encore, ces méthodes controversées qui ont permis à son arrestation ne figurent dans le dossier du fugitif. Un problème selon l'avocat de Tank, Me Luc-Alain Baumberger.
Selon la RTS, le Tribunal des mesures de contrainte n’a jamais été sollicité pour localiser et arrêter le hacker ukrainien. Le Parquet genevois affirme quant à lui que la police «peut mettre en place des mesures visant à localiser la personne à arrêter ou à garantir la sécurité des policiers appelés à procéder à l'arrestation. Il s'agit alors de mesures préventives, hors procédure pénale, directement déduites du mandat fédéral». Une loi qui n’autorise la surveillance que «dans des lieux librement accessibles», ce qui n'est pas le cas dans l'affaire du hacker ukrainien, explique Yvan Jeanneret.
L’Office fédéral de la justice, à Berne, dit tout ignorer de ces surveillances secrètes.
Arrêté et auditionné, «Tank» le hacker n'a pas souhaité répondre aux autorités genevoises et réserve ses réponses aux autorités américaines. Il s'oppose toutefois à son extradition et dort depuis à la prison genevoise de Champs-Dollon. Rappelons toutefois que l'homme bénéficie de la présomption d'innocence. (sia)