L'explication est simple. Le mouvement s'adresse à toutes les personnes se revendiquant être féministes et en particulier celles qui se reconnaissent dans le FLINTA, l'acronyme regroupant les femmes, les lesbiennes, les personnes intersexes, les personnes non binaires, les personnes trans et agenres). «Ce changement n'a pas été causé par les hommes, mais est davantage lié à une nécessité d'inclusion», explique à watson Moana du collectif de grève féministe de Berne.
Elle poursuit: «Bien sûr, il y a des personnes qui se définissent comme des femmes, mais il y a aussi celles qui ne le font pas. Pour parvenir à une société dans laquelle tous les êtres humains sont égaux, le sexe ne devrait pas jouer de rôle, a fortiori tant qu'il n'existe qu'une catégorisation binaire».
En 2023, la grève féministe a lieu mercredi 14 juin, dès le début de l'après-midi. Des prises de parole et différents cortèges prendront place généralement à partir de 17 ou 18 heures dans plusieurs régions de la Suisse.
Par le passé, les femmes avaient déjà interrompu leur journée de travail pour brandir dans les rues des pancartes au nom de l'égalité, les mardi 14 juin 2022 et lundi 14 juin 2021. L’édition 2019 est, de son côté, considérée comme historique, puisqu'elle était survenue 28 ans après la première grève féministe suisse, le 14 juin 1991.
Pour cela, il faut revenir en 1981. Année durant laquelle, le dimanche 14 juin, l'inscription de l'égalité hommes-femmes dans la Constitution fédérale suisse a été acceptée en votation fédérale avec 60,3% de votes en sa faveur. Sauf que dix ans plus tard, nombreuses ont été les Suissesses à ne pas avoir observé, dans les faits, des changements concrets dans leur situation tant personnelle que professionnelle.
La grève féministe a été lancée par des ouvrières de l'horlogerie du Jura afin d'attirer l'attention sur l'écart salarial entre les sexes. L'Union syndicale suisse (USS) a par la suite mis en place une grève nationale pour faire appliquer plus rapidement la loi de 1981.
Tout le monde peut participer à la grève. Mais pour le collectif du mouvement, les femmes et les personnes victimes de discrimination devront être au premier plan.
Les collectifs de grève féministes ont mis en place différentes revendications concrètes dans le cadre d'un processus commun en tant que mouvement national. Comme l'explique toujours à watson Moana: «l'objectif principal reste de changer le système patriarcal et capitaliste».
Il s'agit notamment d'une réduction du temps de travail, d'un congé parental d'au moins un an, de salaires et de pensions permettant de vivre dans la dignité, de l'abolition du système d'assurance maladie privé, d'une politique d'asile et de migration féministe ou de mesures systématiques de lutte contre la violence et la discrimination. Toutes les autres revendications sont disponibles ici.
Le 14 juin, les villes se coloreront à nouveau de violet. D'un point de vue historique, cette couleur n'est pas celle des femmes, mais de l'égalité. En effet, le violet est le mélange des couleurs stéréotypées, soit le rose pour les filles et le bleu pour les garçons.
Cela remonte au mouvement féministe Women's Social and Political Union (WSPU), qui s'est battu pour les droits des femmes au Royaume-Uni entre 1903 et 1917. Dans les années 70, la couleur a été remise au goût du jour avec la tristement célèbre «salopette violette». Depuis, la couleur est considérée comme un signe distinctif du mouvement féministe.
L'énorme mobilisation de la grève des femmes 2019 devrait être reconduite cette année. Outre les collectifs de grève féministes, des syndicats comme Unia, le SEV (Syndicat du personnel des transports) ou Syndicom (Syndicat des médias et de la communication) ont appelé à la grève.
«Normalement, la plupart des gens se déplaceront à Zurich, Bâle, Genève et Berne», déclare Moana. Différentes actions sont également prévues dans une vingtaine de villes suisses.
Sur le site internet de la grève féministe, les instigatrices annoncent avoir structuré la journée de cette façon:
Le Parlement tiendra le 14 juin un débat spécial sur l'égalité, à l'occasion de la grève des femmes en Suisse. Les deux Chambres ont prévu des discussions sur diverses thématiques comme les salaires, la discrimination basée sur le genre ou le harcèlement sexuel. Des décisions peuvent tomber.
(cst)