Tout est calme. Les oiseaux gazouillent, les fontaines du village clapotent. Sinon, on n'entend pas grand-chose dans ce village que les habitants ont pu réintégrer lundi. De nombreux volets sont encore fermés. De temps en temps, un grondement se fait entendre en haut du versant de l'éboulement, et quelques pierres s'écrasent dans un nuage de poussière en direction de la vallée.
Devant une maison près de l'église, un homme décharge des meubles de la remorque de son tracteur. Il ne veut par parler, il ne fait qu'aider ses parents. Plus loin dans le village, Rico Liesch soulève une grande valise noire du siège arrière de sa voiture. C'est un sentiment de soulagement de pouvoir rentrer chez soi, dit-il. Comme tous les habitants de Brienz, Rico Liesch a dû vivre huit semaines loin de chez lui, «d'abord deux semaines chez notre fille à Tamins, puis à Saluof». Ils avaient certes un «appartement confortable» à disposition, mais «on n'était pas chez nous».
Brienz, dont l'existence est attestée depuis le milieu du 9e siècle, a l'expérience des coups du sort qui remettent en question la pérennité du village. En 1874, le village a brûlé; 24 des 37 maisons de l'époque ont été détruites et l'église paroissiale du 16e siècle a également subi des dommages. Les maisons spacieuses à l'allure urbaine de la rue principale témoignent de la reconstruction et de son époque.
L'une de ces maisons appartient à Werner Roth. Tous les habitants de Brienz ne rentreront pas immédiatement, explique Roth:
Ces dernières semaines, lui et sa femme ont habité à Churwalden. «En fait, c'était comme des vacances», estime-t-il. «Mais il me manquait des occupations.» Werner Roth fait par exemple référence aux travaux effectués autour de la coquette maison bourgeoise.
Il félicite l'état-major de la commune et les géologues pour leur travail. Mais l'affaire n'est pas encore terminée pour les habitants. Il fait référence aux quatre millions de mètres cubes de roche qui pourraient encore se détacher du plateau. «J'espère que nous ne devrons pas à nouveau quitter nos maisons en catastrophe.» Peu après qu'il ait dit cela, une quantité de roches s'effondre à nouveau sur la pente.
Entre-temps, l'endroit est devenu plus vivant. Deux ouvriers communaux se déplacent avec une fourche à foin. Maintenant, ils s'occupent des travaux qui ont été laissés en suspens ces dernières semaines. Ils nettoient tout et ramassent l'herbe. En fait, tout est comme avant, dit l'un d'eux, «mais on ne rencontre presque plus personne».
Daniel Rizzi est très reconnaissant qu'un appartement de vacances ait été mis à sa disposition et à celle de sa famille à Vazerol:
C'est ce qu'a dû se dire le chat de la famille, Akimba, qui caresse les jambes de son propriétaire. Akimba a déménagé avec lui à Vazerol et a soudainement disparu un jour. «Nous craignions qu'elle ait été victime d'un loup qui avait été aperçu ces jours-ci», raconte-t-il. Jeudi dernier, la famille est revenue de vacances et il a voulu inspecter son jardin dans le village.
Daniel Rizzi fait lui aussi partie de ceux pour qui les problèmes ne sont pas réglés. Il ne parle pas seulement du «plateau» au-dessus, mais aussi du sol sous le village. En effet, l'éboulement n'est qu'une partie du problème; une autre est que Brienz glisse vers la vallée. Cela se ressent aussi sur les constructions. Daniel Rizzi montre une grande fissure dans le mur en béton de sa rampe d'accès, construit en 2009 seulement:
Le village doit être stabilisé par une galerie de drainage à 40 millions de francs. Mais Daniel Rizzi s'inquiète aussi pour la population:
Mais tout d'abord, Daniel Rizzi est heureux d'être de retour chez lui à Brienz. Et il est heureux que l'éboulement se soit déroulé comme il l'a fait. «La montagne a fait du mieux qu'elle pouvait», dit-il.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)