En janvier, la ministre de la Défense, Viola Amherd, annonçait sa démission. Quelques semaines plus tard, un scandale de corruption éclaboussait le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Un ancien cadre dirigeant de la société d’armement RUAG aurait détourné du matériel militaire d’une valeur d’au moins 50 millions de francs suisses, selon une enquête du Contrôle fédéral des finances.
Ce mardi, on apprends également la démission du chef de l’armée, Thomas Süssli, ainsi que de Christian Dussey, directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Désormais, toutes les forces politiques réclament une direction forte pour redresser le DDPS.
Jusqu’ici, les deux candidats du Centre – potentiels successeurs à une Viola Amherd sur le départ et dans la tourmente – au Conseil fédéral, Markus Ritter et Martin Pfister, se sont montrés réservés quant à leurs stratégies. Mais par où commenceraient-ils s’ils prenaient les rênes du département aujourd'hui mal en point? Après tout l'un d'eux va en hériter...
Le conseiller d’Etat zougois et candidat au Conseil fédéral, Martin Pfister, a répondu à une sollicitation du média watson en indiquant qu’il prenait «acte des démissions de Süssli et Dussey», sans toutefois préciser son analyse de la situation. «Il ne me revient pas, en pleine campagne pour un siège au Conseil fédéral, de commenter ces récents développements et leurs éventuels motifs», a-t-il ajouté.
Toutefois, difficile pour Pfister d’ignorer les récents événements. Il reconnaît que «d’importantes et complexes tâches attendent le DDPS», notamment en matière de «réformes structurelles et de gestion des ressources humaines». Il reste, cependant, évasif sur la nature précise des problèmes qu’il entend résoudre, se contentant de souligner la nécessité de «redéfinir les priorités et de gérer les ressources avec rigueur».
«Je m’engagerai pleinement dans ces missions si je suis élu au Conseil fédéral et si l’ensemble du gouvernement me confie la direction du DDPS», écrit-il, sans entrer davantage dans les détails.
Le président de l’Union suisse des paysans et conseiller national centriste saint-gallois, Markus Ritter, ne révèle pas non plus de plan précis pour le DDPS. Interrogé par Tele Züri, il reconnaît que «beaucoup de choses doivent être faites en parallèle». Il estime que la priorité doit être accordée au travail stratégique: il faut, selon lui, une «orientation claire en matière de politique de défense, d’armement et de capacité militaire». Ce n’est qu’ensuite que viendront les décisions sur le personnel.
En revanche, Ritter précise au micro de Radio SRF les qualités que devra posséder le prochain chef de l’armée: il devra être «une personne dotée de fortes capacités d’intégration et de leadership, possédant d’excellentes compétences en communication et sachant adapter et mettre en œuvre des objectifs concrets dans le travail quotidien». Il précise toutefois qu’il n’a pas encore de candidat en tête: «Ce serait présomptueux», ajoute-t-il. Il préconise un processus de sélection basé sur des discussions approfondies.
Pfister et Ritter se montrent donc tous deux particulièrement prudents – peut-être même trop. Alors que le DDPS traverse une crise marquée par des démissions en série et un scandale de corruption, les deux candidats évitent de formuler des propositions concrètes.
Tous deux s’accordent sur la nécessité de réformes structurelles et de décisions en matière de personnel. Mais comment comptent-ils précisément sortir le département de cette impasse? La question reste entière.