Si le Covid-19 ne risque pas de manquer à grand monde une fois qu'il aura définitivement refermé son propre cercueil, les petites exceptions qui régit nos faits et gestes à chaque conférence de presse d'Alain Berset, c'est une autre histoire. Mais oui, vous savez, les explications un peu absconses des nouvelles mesures, les petites détails aussi sanitaires qu’aléatoires et parfaitement silencieux dans le brouhaha des grands assouplissements.
Le 23 juin, alors que le Conseil fédéral ouvrait (quasi) toutes les vannes, on est quand même parvenu à dénicher une petite perle dans les fichiers PDF de la Berne pandémique. La voici sans autre formalité:
Calmons-nous. Cette énigme sémantique ne concerne «que» les établissements qui décideront de ne pas exiger le certificat Covid, dans le contexte d'une manifestation debout. Sauf que, trop concentrés que nous étions à zoomer sur Alain Berset jouant l'ouvre-boîtes (de nuit), on n'avait pas tout lu. Du moins, pas suffisamment. Donc, soyons sérieux, c'est quoi un concert où l'on ne danse pas? Pourquoi a-t-on l'impression d'avoir à pondre une thèse de philo a chaque fois qu’on voudrait savoir ce qui est autorisé ou non?
A la lecture de ladite mesure, notre cerveau pragmatique s'est automatiquement adapté à la communication fédérale. On en a déduit qu'un pogo dans une foule pas certifiée négative sera moyennement appréciée par les autorités. Que l'être humain peut tout à fait organiser des concerts, mais plutôt Francis Cabrel que Booba. Pomme plutôt que Rammstein. Carla Bruni plutôt que Ska-P.
Mais qui ne s'est jamais surpris à shaker son booty sur «La cabane du pêcheur»? Ne résistant pas à l'idée de théoriser sur la notion de danse, nous avons demandé quelques précisions à l'OFSP. (Attention, ça va jusqu'au tapage de pieds dans cette réponse.)
L'OFSP précise que la mesure concerne principalement les fêtes où c’est joyeusement le bordel et cite dans sa réponse, non sans malice, les mariages pour que l'on comprenne bien l'idée de bastingue ingérable. Les mariages, où il est entendu que des invités avinés et shootés au bonheur d'autrui sont plus susceptibles de propager le virus du Covid que celui de la danse au moment de fendre la piste.
Chez watson, on a dégoupillé notre thèse de philo pour découvrir la musique qui ne ferait même pas se mouvoir un petit os de hanche une fois devant les enceintes:
La propriétaire de cette déclaration a quand même précisé que si elle se retrouvait devant la Flûte enchantée interprétée par des enfants de six ans, elle se défoulerait comme à Ibiza pour combler le vide rythmique de ces derniers mois.
En conclusion, même si la tendance depuis samedi c'est plutôt la quête frénétique de tests rapides au beau milieu de la nuit, et alors que l'OFSP nous assure qu'«un concert de jazz dans un café à jazz» se consomme prioritairement assis, les Suisses, eux, peuvent patienter encore un moment avant de savoir précisément sur quel pied ils pourront danser jusqu'à la fin de la pandémie de l’été.