Depuis bientôt six semaines, la Russie mène la guerre en Ukraine et la Chine ne bouge pas. Le pays se montre neutre et ne soutient pas les sanctions contre la Russie. Au contraire, la Chine les critique comme étant contre-productives.
Les pays occidentaux intensifient actuellement leurs contacts diplomatiques avec la Chine. Les diplomates chinois entendent toujours le même message: le pays ne doit plus rester passif et doit s'engager en faveur d'un cessez-le-feu en Ukraine.
La Suisse participe à l'effort diplomatique: mercredi dernier, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a eu un entretien téléphonique avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Département des affaires étrangères, Michael Steiner, explique: «La question centrale de l'entretien était de savoir comment parvenir à un cessez-le-feu en Ukraine».
L'ambassadeur suisse à Pékin, Bernardino Regazzoni, est également actif dans cette affaire. Il mène des entretiens avec des diplomates du ministère chinois des Affaires étrangères. «Le sujet est évidemment la guerre en Ukraine», explique Steiner.
La tâche est difficile. Début février, le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping se sont assurés d'une «amitié sans frontières». La Russie et la Chine ont conclu une coopération des autocraties contre l'Occident. Tant Poutine que Xi Jinping ne donnent pas beaucoup d'importance aux structures démocratiques et au respect des droits de l'homme.
La Russie et la Chine sont toutefois des partenaires inégaux. La Russie est économiquement faible et n'a pas grand-chose à offrir, si ce n'est l'exportation de matières premières. Comme les pays occidentaux veulent désormais se passer des importations d'énergie en provenance de Russie, Poutine entraîne son pays dans la dépendance de la Chine. A l'avenir, les Chinois importeront davantage de pétrole et de gaz naturel de Russie.
Il est donc clair que si Xi Jinping insistait pour un cessez-le-feu, Poutine pourrait difficilement se soustraire à son désir. Les diplomates occidentaux avancent donc des arguments économiques face à la Chine. En raison de la stratégie chinoise Zero Covid, Shanghai est en situation de lockdown. D'autres mégapoles devraient suivre. La croissance économique est donc freinée, et pas seulement en Chine.
Xi Jinping, qui souhaite être réélu à l'automne, est obsédé par les chiffres de croissance élevés. L'invasion de l'Ukraine par la Russie ne fait pas seulement des milliers de victimes, elle assombrit également la perspective d'une reprise rapide de la situation économique mondiale après la pandémie.
Les principaux débouchés de la Chine sont les Etats-Unis et les pays de l'UE. Malgré cela, certains diplomates occidentaux ne sont guère optimistes: la Chine continue de parler de paix et joue la montre en observant l'affaiblissement de la Russie et de l'Occident.