Selon la dernière étude de l'association Optiquesuisse datant de 2021, quatre cinquièmes de la population suisse de plus de 16 ans portait des lunettes ou des lentilles de contact. On peut gager que, comme l'indique la tendance sur le long terme, le nombre de personnes dépendantes d'une aide visuelle devrait actuellement être encore plus élevé.
Sur ce marché en pleine croissance, les opticiens suisses doivent se démarquer de la concurrence en proposant sans cesse des innovations, telles que des verres améliorés ou des montures imprimées en 3D. Visilab a choisi une autre voie. La filiale suisse du géant franco-italien Essilor Luxottica a récemment lancé un abonnement lunettes dans ses 77 magasins suisses.
Depuis quelques semaines, la nouvelle offre «Visilab Optimum» fait l'objet d'une campagne publicitaire agressive, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Rien que sur Instagram, une dizaine de publications vantant ses avantages ont été publiées depuis début mars.
L'abonnement, d'une durée minimale de deux ans, comprend la location de deux paires de lunettes de vue ou de soleil, un examen annuel de la vue et une assurance casse, perte et vol. La possibilité de changer les verres en cas de modification de la vue et de remplacer l'une des deux montures chaque année offre une flexibilité supplémentaire. Contactée, Visilab explique:
Le prix mensuel de 27 francs, avec lequel l'abonnement est proposé, comprend deux montures de base à 119 francs chacune et des verres de la gamme V-One Essential, la deuxième des cinq catégories de verres proposées par l'opticien. Toute modification de ces conditions entraîne un supplément. L'entreprise explique que «les coûts peuvent varier» si, par exemple, deux montures de marque à environ 300 francs chacune sont louées.
Visilab est convaincu du bien-fondé de son nouveau modèle. Pour la marque, ce système représente une «avancée significative» sur le marché de la lunetterie et répond à un besoin constaté auprès des clients. Les retours ont été positifs depuis le lancement de «Visilab Optimum». L'opticien ne communique pas le nombre d'abonnés, mais affirme qu'ils sont désormais «nombreux».
Cette affirmation est remise en question par son concurrent, Fielmann. Le groupe allemand exploite environ 50 succursales en Suisse.
C'est pourquoi l'entreprise ne propose actuellement aucun abonnement. De plus, selon elle, la clientèle n'a jusqu'à présent jamais exprimé le besoin de payer ses lunettes en plusieurs fois.
Alors pourquoi un tel abonnement? Visilab répond: « Les clients apprécient la simplicité du service, la qualité des produits et la relation à long terme avec leur opticien.» Ce dernier point devrait être déterminant. La location plutôt que l'achat permet de fidéliser la clientèle, à l'instar de ce qui se fait dans l'informatique ou le multimédia, explique la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS).
La popularité croissante pour les abonnements dans de nombreux secteurs fait l'objet de critiques de plus en plus vives. L'année dernière, par exemple, le fabricant d'appareils électroménagers V-Zug a fait les gros titres internationaux avec un nouveau modèle d'abonnement.
D'une manière générale, l'achat est «la meilleure option si le produit est utilisé pendant une période relativement longue», selon la SKS. Les clients doivent toujours se demander s'ils ont vraiment besoin des services offerts par une souscription. De plus, «les abonnements représentent des coûts initiaux faibles, mais qui pèsent chaque mois sur le budget des ménages». Dans le cas de «Visilab Optimum», le coût total minimal sur une durée de 24 mois s'élève au total à 648 francs.