Comme un parfum de déjà-vu. «2022 est l’année où nous pouvons en finir avec la pandémie de Covid-19», a solennellement déclaré Maria Van Kerkhove, responsable technique de la lutte contre le virus au sein de l'OMS. Ce qui est davantage un appel aux Etats et aux populations qu'un pronostic était déjà la petite musique qui nous était servie il y un an. Du coup, watson s'est demandé ce qui peut nous laissait croire que ça y est, l'an prochain, nous sortirons de cette période épuisante.
La NZZ de ce mardi 21 décembre voyait une «lueur d'espoir d'Omicron en Afrique du Sud». Comprenez bien: le quotidien alémanique se réjouissait des derniers chiffres concernant Omicron en Afrique Sud, où le variant a commencé à circuler. Si la propagation du virus est incontestablement plus rapide avec ce variant, moins de cas de graves et d'hospitalisations seraient à déplorer par rapport aux vagues précédentes.
Deux études britanniques publiées le mercredi 22 décembre, mais pas encore corroborées, dont celle de l'Imperial College de Londres, tendent à confirmer ce constat: les infections au variant Omicron sont moins susceptibles de provoquer des hospitalisations en comparaison du variant Delta.
Or, comme le rappelait elle-même la NZZ, il faut nuancer. Olivia Keiser, professeure d’épidémiologie à l'Université de Genève (Unige), explique au bout du fil: «En Afrique du Sud, l’immunité dans la population est probablement d'autant plus élevée que beaucoup étaient déjà infectés avant l’arrivée d’Omicron. En plus, la population est en général plus jeune qu'en Europe.»
Egalement contacté par nos soins, l'infectiologue Serge de Vallière ajoute que «même dans le cas où le variant Omicron n'est pas très virulent, il demeure très contagieux, donc l'un dans l'autre, cela s'annule, on reste dans le même ordre idées au niveau des hospitalisations».
L’Agence européenne des médicaments (EMA) autorise depuis ce lundi 20 décembre l’utilisation de NovaVax, un vaccin américain fonctionnant avec une technologie plus «classique» que l'ARN-messager. L'ARN étant un motif de crainte pour certaines personnes non-vaccinées, celles-ci pourraient logiquement passer le cap de la piqûre en profitant de NovaVax. Et avec plus de gens vaccinés, moins de circulation du virus et de formes graves, donc de risques de surcharge des hôpitaux, et donc plus de chance de sortir de la crise.
A une nuance près, et de taille: on ne sait guère la proportion de ces personnes-là au sein des vaccino-hésitants. «Si le refus de l'ARN-messager était un grand motif de refus du vaccin, on aurait probablement eu plus de personnes qui se seraient inscrites pour le vaccin Johnson & Johnson», avance le médecin Serge de Vallière, basé à Lausanne. Olivia Keiser le rejoint. En même temps, les deux spécialistes des maladies infectieuses s'accordent sur le fait que «plus on a d'outils, mieux c'est».
«Avec la 2G+, on se dirige vers la bonne direction», soutient Olivia Keiser. Les contraintes imposées aux personnes ni vaccinées ni guéries complètent la stratégie des tests et des mesures d'hygiène. Le but? Réduire les contaminations et convaincre les récalcitrants au vaccin. «C'était inévitable», complète Serge de Vallière, «dans la mesure où la Suisse est actuellement l'un des pays avec le plus de cas en Europe et même dans le monde». Mais il y a un mais:
Aussi, beaucoup de centres sont actuellement à la limite de leurs capacités pour les tests PCR, et les tests rapides sont moins fiables.
Moderna a indiqué récemment que son booster devrait être efficace contre le variant Omicron: «la vaccination de rappel à une dose de 50 microgrammes augmente plusieurs fois le niveau d'anticorps neutralisant Omicron», a relayé le Tagesanzeiger. Quant à Pfizer, cela étonnerait beaucoup Serge de Vallière qu'il n'agisse pas contre le variant. «D'ailleurs, nous avons de la chance en Suisse d'avoir des autorités qui ont choisi les bons vaccins, il faut relever. Et leur modification ne prend pas beaucoup de temps, ce qui est un petit miracle.»
«Le virus n’a certainement pas un nombre de possibilités illimitées d’échapper aux anticorps neutralisants», selon le virologue Didier Trono. Le spécialiste relève deux signes qui le montrent:
D'après l'expert, ces observations donnent l’espoir qu’au bout d’un moment, «on aura colmaté toutes les brèches et qu’il n’arrivera plus à passer du tout».
Ça n'aura échappé à personne, la crise dure depuis un petit moment, ce qui fait qu'en gros, nous sommes tous au courant de ce qu'il faut faire, même si nous en avons assez. Serge de Vallière confirme: «Quand je regarde les gens dans les magasins ou les transports, ils sont presque 100% à se désinfecter les mains et à porter le masque. Je crois que la population s'est bien habituée à ce petit rituel dès qu'on entre dans un espace clos où il y a d'autres personnes.»
Olivia Kaiser a un optimisme plus modéré: «Beaucoup d'incertitudes demeurent, et les réticents au vaccin et aux mesures ne semblent pas être nombreux à changer d'avis pour l'instant.» Qui sait d'ailleurs ce que 2022 nous réserve. Une chose est sûre: le 31 décembre, au moment de trinquer à la santé, «car c'est le plus important», chacun pourra réfléchir en son âme et conscience à la manière dont il peut contribuer à la fin de cette épreuve collective.