Le terme «antivax» regroupe des types d'individus différents. Par exemple, quelqu'un qui hésite à se faire vacciner (un «vaccino-hésitant») parce qu'il n'a pas encore été totalement convaincu n'est pas dans la même attitude qu'une personne fondamentalement hostile au vaccin. Un indécis à l'égard de quelque chose n'est pas forcément opposé à cette chose.
De plus, l'hésitation, le scepticisme, la méfiance et l'opposition se rapportent dans certains cas au vaccin en général, dans d'autres à celui contre le Covid en particulier. Dans le contexte des critiques à l'égard de ce dernier, il est notamment avancé qu'il a été élaboré très rapidement contrairement à la plupart des autres vaccins, ce que les scientifiques, eux, prennent au contraire pour un succès prodigieux, dont on doit se réjouir.
Nos congénères qui actuellement refusent de se faire vacciner contre le Covid-19 seraient tous des complotistes. Faux! Typiquement, nous connaissons tous dans notre entourage des personnes qui n'ont aucune tendance à voir des conspirations partout, mais qui se disent tout simplement qu'ils sont des «durs de chez durs» et qu'ils ne franchiront l'étape de la piqure que si l'Etat les y oblige plus ou moins directement.
Ne pas être 100% convaincu par les scientifiques sur le vaccin anti-Covid ne revient pas à être un néo-nazi dans l'âme. Tout simplement parce que cela n'a rien à voir. De la même manière, ceux qui, parmi les plus virulents des vaccino-hésitants, associent le passe sanitaire à l'étoile jaune atteignent eux aussi bien trop rapidement leur point Godwin. On a un peu affaire dans cette histoire à un «Hitler toi-même».
Cela étant dit, notons toutefois que l'UDC est le parti suisse à compter le plus de personnes qui refusent de se faire vacciner (57%), selon un sondage de l'Institut Sotomo commandé par la SSR. L'UDC est suivie par les Verts, avec un taux de 15%. Au sein du monde politique, ce sont donc les ailes les plus à gauche ou à droite qui sont les premiers concernés. Mais on connaît le caractère apartisan, voire anti-institutionnel, de nombreux vaccino-sceptiques.
Une idée voudrait que les personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner ou qui hésitent à le faire soit issues de classes peu élevées socialement... Il faudrait nuancer. C'est du moins l'avis d'Antoine Bristielle, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, qui est l'auteur d'une étude sur le sujet en France:
Avant le Covid, Facebook et Francis Lalanne, l'hésitation vaccinale existait déjà. Selon les experts, elle est aussi ancienne que le vaccin lui-même. La crainte d'une vaccination obligatoire n'a pas non plus attendu notre époque pour se manifester: elle a déjà fait l'objet de vifs débats en Suisse au 19e siècle. C'était alors la variole qui était concernée.
Les arguments se basent hier comme aujourd'hui sur des principes d'intégrité physique et de liberté de choix. Ou alors il s'agit de croyances de type religieuses ou naturalistes. Cependant, il y a inévitablement parmi les raisons invoquées quelque chose d'inédit dans les détails qui ont trait à la technologie spéciale utilisée pour tel ou tel nouveau vaccin.